Une foule d’options… et une forte pression

Marc Bergevin tient Trevor Timmins en haute estime, mais le repêchage qui s’en vient constituera néanmoins un test important pour le chef du recrutement chez le Canadien.

D’une certaine manière, il est plus aisé de repêcher parmi les trois premiers – les athlètes exceptionnels étant toujours plus faciles à identifier – ou encore en fin de premier tour, où les joueurs d’impact sont l’exception plutôt que la règle. Tandis qu’au 9e rang, le Canadien se retrouve cette année au beau milieu de la circulation.

L’encan 2016 offre beaucoup de joueurs de qualité parmi les 15 premiers choix et Timmins, comme ses homologues, ne voudra pas être celui qui ratera son coup au milieu des autres dont les choix auront été plus judicieux. C’est dans un tel environnement que le pif d’un recruteur importe le plus.

Au rang de sélection au premier tour s’ajoute le fait que le Tricolore détient cette année deux choix de deuxième tour (39 et 45). C’est souvent dans ce tour que le bon grain est séparé de l’ivraie et que les repêchages deviennent des succès. Ce sera un autre bon test pour Timmins, qui ne revendique que deux joueurs établis dans la LNH à ses cinq derniers repêchages (Alex Galchenyuk et Nathan Beaulieu).

La cuvée de cette année propose une foule d’options intéressantes pour une équipe repêchant au 9e rang. 

Un centre de 6’6 qui fabrique des jeux un peu comme Joe Thornton ? Ça pourrait se trouver. Un petit centre hyper créatif qui a battu des records de Patrick Kane dans le programme de développement américain ? Il risque d’être disponible. Un futur défenseur du top 4 ? Le Tricolore aura l’embarras du choix.

Il doit seulement ne pas se tromper. Surtout que lors des 10 repêchages précédents, il n’a bénéficié que deux fois d’un rang aussi élevé (Carey Price, 5e en 2005, et Galchenyuk, 3e en 2012).

À L’ORÉE DUBOIS

La présence de Pierre-Luc Dubois au sommet du tableau fait rêver de nombreux amateurs du Canadien. Or, les chances que l’attaquant québécois soit disponible au 9e rang sont très minces. Elles ne sont pas nulles mais, comme le dit la voix d’or, on ne gagerait pas sa maison là-dessus. 

De façon réaliste, il faudrait que le CH fasse une transaction afin d’améliorer son rang – idéalement jusqu’au quatrième échelon – pour s’assurer de le repêcher. On devine le prix à payer très élevé. L’écart entre Dubois et le joueur que le CH pourrait réclamer au 9e rang vaudra-t-il l’excédent à débourser ? Ça demeure la question à 100 $, à quelques jours du repêchage.

« Il n’y a pas une fois où je suis allé voir jouer Dubois et qu’il n’y avait pas au moins deux recruteurs de Montréal, nous a confié un dépisteur ayant requis l’anonymat. Ils l’ont tellement suivi de près… Je pense que Montréal va tout faire pour essayer de monter et d’aller chercher Dubois. »

S’il veut améliorer son rang de sélection, le CH a des partenaires pour valser. Les Blue Jackets de Columbus, qu’on soupçonne d’être intéressés à Logan Brown, pourraient se laisser convaincre de reculer et de céder le 3e choix au total. Ils ont déjà reçu deux offres substantielles, mais insuffisantes pour qu’ils cèdent leur rang.

Mais le Canadien grimperait-il vraiment au 3e rang pour y choisir Dubois et non Jesse Puljujarvi ? Ce serait pour le moins étonnant.

Les Oilers d’Edmonton, qui cherchent à s’améliorer en défense, ont pour leur part fait savoir qu’ils étaient prêts à céder le 4e choix et descendre de quelques échelons si la bonne offre se présentait. C’est plus vite dit que fait.

SALAIRES ET ÉCHANGES

Si le Canadien peut avancer, il peut également reculer de quelques rangs ou carrément échanger son choix.

A priori, l’idée de reculer ne semble pas particulièrement emballante, surtout si cela implique de sortir du top 15 et de renoncer à des défenseurs comme Jake Bean et Charlie McAvoy, qui sont susceptibles d’être réclamés entre les 10e et 15e rangs. Cela dit, avec un plafond salarial qui ne risque pas d’augmenter beaucoup, une cuvée de joueurs autonomes étonnamment intéressante et l’expansion qui touchera les 30 équipes, les formations espèrent plus que jamais se départir de leurs contrats encombrants. Ainsi, une équipe pourrait inverser son rang de repêchage et choisir plus tard que prévu si cela lui permet de refiler un contrat qui lui pose problème. C’est en tout cas un scénario qu’un DG de la ligue nous a dit entrevoir pour le repêchage de cette année.

L’option semble peu probable pour le Canadien, mais mérite qu’on la garde à l’esprit.

La possibilité d’échanger le 9e choix contre de l’aide immédiate est plus facilement envisageable. 

L’an dernier seulement, Milan Lucic, Dougie Hamilton, Griffin Reinhart et Robin Lehner ont tous été échangés le jour du repêchage dans des transactions impliquant un choix de premier tour.

Renoncer à un choix élevé au repêchage ne fait pas exactement partie du credo de Marc Bergevin, qui répète ad nauseam qu’une équipe se bâtit par le repêchage. En revanche, le noyau dur de sa formation est arrivé à maturité et le Canadien devra faire des progrès à court terme s’il veut se donner toutes les chances de faire signer un nouveau contrat à Carey Price à la fin de la prochaine saison.

Après avoir raté les séries ce printemps, le DG va-t-il conjuguer sa stratégie au futur proche ?