Train de vie extrême

Trouver un sens à sa vie, ailleurs que dans la consommation

Les consommateurs aux prises avec de graves problèmes d’endettement finissent généralement dans les bureaux de l’ACEF, d’un syndic de faillite ou d’autres spécialistes qui promettent de les aider à redresser leurs finances. Est-ce le bon moyen de s’en sortir ?

« On s’attaque aux symptômes, mais rarement aux causes profondes du problème, souligne le psychologue Pierre Faubert, qui s’intéresse aux dépendances de toutes sortes. Quand on se retrouve dans le bureau du syndic, on règle les questions financières, mais pas le problème de fond. On a la mauvaise habitude de chercher des solutions rapides. »

Si on s’endette à outrance, c’est peut-être parce que la consommation est devenue une drogue, note M. Faubert. Pour les accros du magasinage, chaque achat déclenche la production d’endorphines et de dopamine, des substances sécrétées par le cerveau, qui augmentent la sensation de plaisir. « Elles agissent comme des antidépresseurs : si on est triste, on se tourne vers le shopping pour se remonter le moral », explique le psychologue.

Le problème est amplifié par le crédit, qui fait en sorte que le consommateur compulsif perd contact avec la réalité. « L’espace entre la réalité et le payeur, c’est la carte de crédit, poursuit-il. Elle me donne la permission de faire ce que je veux, c’est-à-dire acheter un produit qui va temporairement satisfaire mon besoin d’être quelqu’un, d’avoir des émotions positives, pour éliminer les émotions négatives que je subis, comme l’angoisse, la tristesse, la colère, le vide, le manque de sens à ma vie, etc. »

Quand on développe une telle dépendance, c’est parce qu’on est en détresse. 

« On cherche à rehausser notre image par les objets qu’on achète, et on s’identifie à ces objets. »

— Pierre Faubert, psychologue

Et ce qui fait mal, c’est d’atterrir, sans parachute, quand le compte Visa arrive…

Si la détresse vient d’un vide intérieur, « ce n’est pas en regardant notre garde-robe qu’on va trouver un sens à sa vie », souligne Pierre Faubert.

Pour se défaire de cette dépendance, une seule solution : apprendre à se connaître, s’interroger sur ses besoins réels, sur ce qui motive son existence, et miser sur les relations interpersonnelles.

Comment y parvenir ? « Il faut s’arrêter, une fois par jour, répond le psychologue. En s’accordant un moment de silence, de méditation, de réflexion, peu importe comment on appelle ça, pour faire une petite incursion à l’intérieur de soi, cinq ou dix minutes. »

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