Îlot Voyageur

La gare d’autocars a perdu 90 % de sa valeur 

La société exploitant la Gare d’autocars de Montréal de l’îlot Voyageur ne vaut plus que 2,6 millions de dollars, indiquent les plus récents états financiers de son propriétaire, l’Agence métropolitaine de transport (AMT). L’entreprise avait été rachetée du privé pour 25,5 millions en 2010.

Depuis que l’État québécois en est devenu propriétaire, l’équipement fait des pertes chaque année, sauf une fois. L’année 2015 ne fait pas exception, la perte nette s’élève à 4 millions sur des revenus de 7,03 millions, en baisse de 9 % par rapport aux revenus de 7,77 millions obtenus en 2014.

La faiblesse des revenus s’explique par la baisse des ventes à la billetterie. Les transporteurs vendent moins de billets en raison de la concurrence du covoiturage. De plus, les billets sont de plus en plus souvent vendus en ligne et non pas au guichet du terminus.

« Les recettes vont encore baisser de 700 000 $ en 2016 », prévient Fanie St-Pierre, porte-parole de l’AMT.

Difficile d’accès à partir de la station de métro Berri-UQAM, la Gare d’autocars de Montréal (GAM) est désertée par les exploitants d’autocars.

C’est au tour de l’autobus 747 de la Société de transport de Montréal (STM), qui fait la liaison entre le centre-ville et l’aéroport Dorval, de quitter les lieux en juin prochain. Le 747 s’arrête à la GAM depuis mars 2010. L’achalandage du circuit varie entre 4500 et 5200 déplacements par jour selon les saisons.

La GAM avait perdu à l’été 2012 le transporteur Mégabus, qui fait la liaison Montréal-Toronto. Il a préféré s’établir dans des locaux moins chers rue Saint-Antoine, au centre-ville de Montréal.

La STM trouve plus pratique pour sa clientèle de déplacer l’arrêt directement dans la rue, un pâté de maisons plus au sud. « À peu près la moitié des clients du 747 descendent à Berri, explique Isabelle Tremblay, porte-parole. Dans un souci d’améliorer l’expérience client, on a déplacé l’arrêt qui était dans la Gare d’autocars plus près du métro, au coin Sainte-Catherine et Berri, de biais avec le magasin Archambault. »

Pour l’AMT, le départ du 747 signifie une perte de 200 000 $ par an en loyer. « Le contrat prend fin le 30 juin. On est surpris que la STM ne nous ait pas permis de négocier avec eux le renouvellement du contrat », dit Mme St-Pierre.

À quoi ressemble le plan de redressement de la Gare d’autocars de Montréal ? « Il reviendra au comité de transition [qui doit préparer la création de l’Autorité régionale de transport métropolitain à la suite de l’adoption de la loi 76] à prendre une décision sur les activités de la GAM », dit Mme St-Pierre.

En attendant, l’AMT a conclu de nouvelles ententes, à la baisse, avec ses plus importants clients, soit Orléans Express, Maheux et Transdev. Les négociations avec les autres transporteurs se poursuivent. L’organisme a aussi mandaté un courtier pour louer les locaux commerciaux de la gare routière.

QUÉBEC PAIE ENCORE POUR LE FIASCO DE L’ÎLOT VOYAGEUR

Le gouvernement provincial devra verser environ 4 millions en compensation à l’AMT en 2016 relativement à la perte de valeur de la Gare d’autocars. L’AMT bénéficie en effet d’une garantie du gouvernement du Québec pour toute réduction de la valeur de l’actif pendant les trois premières années suivant l’achat de la GAM.

En vertu de cette entente, le gouvernement a remis 13,5 millions à l’AMT en deux ans.

L’AMT a racheté la gare de la Société immobilière du Québec (devenue depuis la Société québécoise des infrastructures) en 2013 pour 19 millions. La SQI avait elle-même payé 25,5 millions en 2010 pour acquérir la société qui était alors contrôlée par Roger Morin.

La GAM a coûté 53,3 millions à construire, d’après un rapport du Vérificateur général. Des travaux de finition de 8,8 millions ont par la suite été assumés par la SQI, faisant grimper la facture du terminus à plus de 62 millions.

L’AMT paie un loyer annuel de 1,7 million à Groupe Aquilini, propriétaire de la partie nord de l’îlot Voyageur, pour utiliser la GAM. Les paiements minimaux pour la durée restante du bail qui prend fin en 2031 s’élèvent à 30 millions.

CONSTRUCTION

Le secteur alourdi par les contrôles, déplore un gestionnaire gouvernemental

La multiplication des règles dans la foulée des scandales de corruption et de collusion des dernières années a indûment alourdi la gestion des travaux de construction, si bien que le temps est venu de rétablir l’équilibre, estime l’un des principaux gestionnaires gouvernementaux de projets d’infrastructures.

« C’est devenu vraiment complexe. Peut-être un peu trop », a déclaré hier à La Presse Daniel Primeau, vice-président à la gestion de projets à la Société québécoise des infrastructures (SQI). Cet organisme gouvernemental gère actuellement 61 projets publics d’une valeur totale de 2,8 milliards.

Dans une allocution prononcée lors d’un forum organisé par le Conseil du patronat du Québec (CPQ), M. Primeau a noté que le gouvernement avait tendance à adopter des règlements lorsque des problèmes surgissent, sans toujours prendre la peine de « faire le ménage » dans les mesures déjà en place.

« La réaction première, c’est d’ajouter du contrôle. C’est problématique pour [l’industrie de la construction], mais aussi pour nous, les gestionnaires de projet. »

— Daniel Primeau, vice-président à la gestion de projets à la Société québécoise des infrastructures

À l’instar des municipalités, la SQI prône un assouplissement de l’obligation de choisir le plus bas soumissionnaire conforme. « Quand un entrepreneur demande 31 millions pour un projet alors que les autres ont demandé 45 ou 50 millions, on sait que la gestion ne sera pas facile », a fait remarquer Daniel Primeau, révélant au passage un phénomène relativement nouveau dans la construction : l’omniprésence des avocats, et ce, dès le début du processus.

La productivité a reculé dans l’industrie de la construction au cours des dernières années, et la lourdeur administrative imposée par les organismes publics n’y est pas étrangère, a reconnu M. Primeau.

Selon des données de Statistique Canada citées dans une étude conjointe du CPQ et du cabinet comptable Deloitte dévoilée hier, la valeur ajoutée pour chaque heure travaillée dans le secteur de la construction a reculé de 47,50 $ en 2009 à 41,00 $ en 2014. Pendant la même période, la productivité de l’ensemble des industries québécoises a crû de 42,90 $ à 44,60 $ l’heure.

Mince consolation : la productivité du secteur de la construction demeure plus élevée au Québec qu’en Ontario, même si elle est loin derrière celle de l’Alberta et de la Colombie-Britannique.

Les auteurs de l’étude attribuent ces piètres résultats au « fardeau administratif », à une certaine inadéquation entre les besoins et les compétences des travailleurs ainsi qu’à un manque d’innovation des entreprises.

Le CPQ recommande donc à Québec de mettre en place un cadre réglementaire « favorisant une culture collaborative », d’encourager les entreprises à investir dans l’amélioration de leurs pratiques et de « briser les silos » entre les différents corps professionnels.

Budget fédéral

Ottawa en déficit pour l’exercice 2015-2016

Le gouvernement fédéral a affiché un déficit conforme aux prévisions contenues dans son budget du printemps, les revenus des particuliers et des sociétés ayant diminué en mars.

D’après ses estimations préliminaires, le ministère des Finances a indiqué hier que l’exercice financier clos à la fin mars s’était soldé par un déficit de 2 milliards de dollars. Cependant, ce calcul ne tenait pas compte des rajustements de fin d’exercice et de l’initiative gouvernementale de 3,7 milliards pour bonifier les prestations des anciens combattants.

Le budget du gouvernement libéral avait misé ce printemps sur un déficit de 5,4 milliards pour l’exercice 2015-2016.

Les résultats finaux ne seront pas connus avant l’automne, mais le ministère des Finances a indiqué que les chiffres dévoilés étaient « conformes dans l’ensemble » aux projections du budget.

Ce nouveau rapport va vraisemblablement alimenter le débat sur l’état des comptes laissés par le précédent gouvernement. Les conservateurs soutiennent qu’Ottawa était en voie d’enregistrer un léger excédent en 2015-2016, ce qu’ont nié les libéraux après avoir pris le pouvoir à l’automne.

Dans leur budget présenté en mars, les libéraux ont prévu que le gouvernement fédéral afficherait six déficits budgétaires annuels consécutifs, incluant un déficit de 29,4 milliards pour l’exercice 2016-2017, en raison des milliards de dollars à être dépensés pour soutenir la croissance économique du pays.

Pour le mois de mars, le gouvernement a affiché un déficit de 9,4 milliards par rapport à celui de 3 milliards du même mois l’an dernier.

Immobilier

Le promoteur Sylvan Adams vit maintenant en Israël

L’un des plus importants promoteurs immobiliers du Québec vit dorénavant en Israël où il fait son alya (ascension), son immigration en Terre sainte.

Sylvan Adams est le fils de Marcel Adams, un juif de Roumanie qui a survécu à l’horreur nazie. Arrivé au Québec en 1951, M. Adams, aujourd’hui âgé de 95 ans, s’est bâti un empire immobilier qui lui a permis de figurer sur la liste des milliardaires de la revue Forbes jusqu’en 2014. Il a bâti les Galeries de la Capitale à Québec, en 1981 et le Carrefour de l’Estrie, en 1973. Tous deux ont été vendus en 2005.

Un reportage de Radio-Canada de février 2015 nous avait appris que la famille Adams avait en 2007 un compte en Suisse d’une valeur de 800 millions US.

Sylvan a pris la relève de son père dans les années 2000. Un de ses bons coups a été de racheter de Trizec les terres en friche sur lesquelles s’élève aujourd’hui le Quartier DIX30. Des terrains achetés 4 millions revendus 50 millions.

Sylvan a délaissé la présidence de Développements Iberville en décembre 2015. Depuis son arrivée en Israël, il commandite un prix soulignant la contribution d’immigrants juifs anglophones à leur société d’accueil. Six lauréats ont été honorés cette semaine à la Knesset, rapporte le Jerusalem Post.

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