Il y a 100 ans, on faisait la paix, et depuis 100 ans, on la défait.

Beaucoup de Canadiens sont préoccupés par le « déclassement » de leur niveau de vie, de leur pays, de leurs valeurs, de l’Occident. Il y a un besoin de protection, mais surtout un besoin d’orientation crédible dans un monde qui se redéfinit.

Bernier est bien placé pour dépasser le clivage superficiel entre les tendances conservatrices, libre-échangistes et populistes de la droite traditionnelle.

Son parcours participe de ces trois tendances. Il n’est pas un leader autoritaire et il veut engager un dialogue sur les réseaux sociaux. Son défi reste de présenter une nouvelle synthèse du conservatisme, son « populisme intelligent ». De l’autre côté de l’océan, ce travail idéologique avance et va faire apparaître de nouvelles forces aux prochaines élections européennes.

Maxime Bernier pourrait être celui qui fera bouger chez nous la façon de faire de la politique. Il fait le pari de résister aux pressions des groupes d’intérêt qui incitent les politiciens à acheter des votes avec l’argent des contribuables. Il plaide pour un État qui se limite aux fonctions essentielles et laisse le secteur privé répondre plus efficacement aux besoins diversifiés de nos concitoyens.

Avec la création du Parti populaire du Canada (PPC), le Parti conservateur a compris qu’il y avait un danger sur sa droite, mais, plutôt que de se remettre en question, ses chefs ont décidé de faire taire Maxime Bernier.

On le qualifie de libertarien. Cette étiquette mal comprise pourrait quand même trouver des résonances chez les contribuables si elle est associée, avec raison, à une baisse importante des impôts, à la défense des consommateurs, à une abolition graduelle de la gestion de l’offre et à la fin du « BS » aux entreprises.

Une diminution modérée des taux d’immigration et une opposition au multiculturalisme radical de l’ère Trudeau et de l’élite mondialisée trouveront aussi des échos chez les travailleurs des entreprises malmenées par un climat économique incertain. Parlons-en à nos voisins du Sud.

Le chef du PPC a un coup d’avance : il a vu avant tout le monde que la gestion de l’offre allait plomber les négociations pour le renouvellement de l’ALENA et empêcher le Canada de faire tomber les surtaxes sur l’acier et l’aluminium, entre autres.

Finalement, je crois que le Parti conservateur arrivera difficilement à tasser Maxime Bernier et à le battre dans sa circonscription, car cet homme a des racines, il a le cuir épais, il a des idées et il y tient. Contrairement à bien d’autres politiciens, comme François Legault parfois, il ne se comporte pas comme une girouette et il a eu le temps de bâtir une vision cohérente qui, à terme, lui permettra d’être reconnu.

Les Canadiens pourraient trouver que le Parti populaire de Bernier est rafraîchissant et porteur de moins de déceptions que les promesses clientélistes auxquelles nous sommes bien habitués.

Ses idées pourront-elles faire leur chemin d’ici les élections fédérales de 2019 ? On peut toujours douter que le PPC arrive au pouvoir aux prochaines élections, mais on peut aussi croire qu’un outsider percera le mur médiatique, comme aux États-Unis ou en France. Il est fort possible que beaucoup d’électeurs canadiens donnent une chance à ce parti afin de mieux le connaître.