À votre tour

Le calvaire de la citoyenneté

Notre histoire avec le Canada a commencé en juillet 2008. Nous sommes devenus résidents permanents du Canada. Mon conjoint et moi avons tout recommencé à zéro, avec trois enfants à notre charge, et n’avons pas ménagé nos efforts. À tour de rôle, nous avons repris nos études, pendant que l’autre cumulait des emplois dits « alimentaires » pour que notre famille survive. 

Nous nous sommes investis comme bénévoles, nous avons un réseau social développé et, petit à petit, nous avons trouvé des emplois qui nous passionnent et nous permettent d’aider la société.

Depuis juillet 2008, nous travaillons fort pour le pays, nous payons nos impôts, nous contribuons à faire marcher l’économie et nous élevons trois enfants qui font partie des bâtisseurs du Canada de demain.

Le 29 septembre 2011, le gouvernement canadien a reçu notre demande de citoyenneté. En mai 2013 (c’était les délais normaux à l’époque), nous avons passé et réussi l’examen de citoyenneté canadienne composé de 20 questions et d’une rencontre avec un agent de l’immigration. Puis, nous sommes rentrés chez nous plein d’espoir en attendant notre convocation pour prêter serment.

En septembre 2013, nous avons reçu le fameux « Questionnaire sur la résidence » (QR) dans lequel on nous demandait de convaincre le juge de notre bonne foi et de notre présence sur le territoire canadien. De nombreuses fraudes dans les dernières années peuvent expliquer ces contrôles de la part d’Immigration Canada. Encore une fois, nous avons joué le jeu et fourni l’incroyable quantité de documents demandés. Le 29 septembre 2013, nous avons renvoyé ce fameux questionnaire. On nous annonçait alors des délais de traitement entre 12 et 14 mois. 

Quel autre choix avions-nous outre nous résigner et attendre ?

UN CHEMIN SINUEUX

Le 29 septembre 2014, j’appelais un agent d’Immigration Canada, car notre dossier avait dépassé les 36 mois de délai de traitement, et j’étais donc en droit de demander des nouvelles. 

Un agent m’a alors répondu que mon dossier était finalisé, en attente de cérémonie et que celui de mon conjoint allait bientôt être traité. Cet agent m’assurait que des gens travaillaient sur le dossier de mon conjoint.

Le même jour, ce dernier a donc décidé d’appeler lui aussi un agent d’Immigration Canada pour accéder à son dossier. Cet agent lui a annoncé qu’il ne voyait rien qui « bloquait » et que le dossier semblait finalisé. L’agent a alors envoyé un message au bureau de Citoyenneté et Immigration Canada (CIC) à Montréal afin qu’ils nous convoquent à la cérémonie et a demandé à mon conjoint de rappeler deux à trois semaines plus tard si nous n’avions pas de nouvelles.

Trois semaines plus tard, mon conjoint a rappelé CIC. L’agent lui a dit que le bureau de Montréal avait trois mois pour répondre au message et qu’il fallait attendre le 29 décembre 2014 pour envoyer à nouveau un message. Il lui assurait aussi que le QR était traité.

Nous décidons alors de demander à notre député d’accéder au dossier. Or, un agent de CIC lui a alors annoncé que le Questionnaire sur la résidence (envoyé en septembre 2013) n’avait pas commencé à être traité et qu’il fallait attendre !

Aujourd’hui, nous nous posons plusieurs questions :

– Pourquoi avons-nous l’impression qu’on nous ment ou qu’on se débarrasse de nous chaque fois que nous appelons un agent de CIC ?

– Pourquoi est-ce si compliqué de comprendre ce qui se passe dans notre dossier ?

– Pourquoi les demandes de citoyenneté déposée en 2014 sont traitées en 9 à 10 mois et que nous attendons depuis plus de 39 mois ?

– Pourquoi, le 16 octobre 2014, CIC a-t-il annoncé dans un communiqué de presse que les nouveaux citoyens sont de plus en plus de nombreux et qu’un très grand nombre d’agents travaillent à faire avancer les fameux dossiers qui ont reçu le QR, et que nous ne sommes pas concernés ?

Nous avons l’impression d’avoir été oubliés, que notre dossier, trop gros et trop compliqué à traiter, traîne quelque part dans un bureau de CIC.

Allons-nous un jour avoir réponse à nos questions ? Allons-nous un jour acquérir cette citoyenneté canadienne ? Nous n’avons aucun moyen de trouver réponse à ces questions, aucun recours possible. Nous ne pouvons qu’attendre...

C’est pourquoi aujourd’hui, j’ai décidé de laisser mon cœur crier sa colère.

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