ARTS VISUELS

Un automne plein d’audace

Petit calendrier des expositions les plus attendues de la rentrée dans les galeries

SEPTEMBRE

ART MÛR À LEIPZIG (ALLEMAGNE)

C’est un des grands moments de la rentrée et il ne se déroule pas au Québec ! La galerie montréalaise Art Mûr amorce une expérience en Europe. Pendant un an, elle va exposer des artistes canadiens au Spinnerei, un centre d’arts de Leipzig, en Allemagne. Une première québécoise que le milieu de l’art canadien va scruter avec intérêt. L’aventure européenne commence le 10 septembre avec des sculptures de Cal Lane. L’artiste convertit des matériaux industriels en délicates pièces d’art, telles que des culottes pour femmes où la dentelle est en acier. Tout un départ pour Art Mûr au pays de la sidérurgie !

Disobedient Virtues, de Cal Lane, à Art Mûr Leipzig (Allemagne), du 10 septembre au 9 octobre

NICOLAS BAIER

Grande rentrée pour la galerie Division avec le nouveau corpus de Nicolas Baier. L’artiste montréalais exposera une vingtaine d’œuvres sur la science et la conscience. La série a été élaborée sur ordinateur après des heures et des heures de recherche sur la connaissance – son émergence, son évolution – et sur le besoin de l’homme de définir sa place dans l’univers, une quête se heurtant à la force des mythes. La Presse a eu le privilège de voir naître ces œuvres complexes et fascinantes au fil des derniers mois : des sculptures, des tableaux, des impressions numériques et une immense anamorphose. Show sidéral en perspective.

Nicolas Baier à la galerie Division, du 15 septembre au 15 novembre

YANN POCREAU

La Galerie de l’UQAM présente depuis la fin août Patrimoines, une nouvelle exposition du très prolifique Yann Pocreau, qui était en résidence artistique à la galerie universitaire cet été. Patrimoines découle du démantèlement de l’hôpital Saint-Luc, qui fait place au nouveau Centre hospitalier de l’Université de Montréal. La démarche de Yann Pocreau aborde les liens entre art, architecture, santé, mémoire et lumière. Pocreau s’intéresse à notre attachement au patrimoine architectural, dans ce cas à un hôpital, lieu que nous croisons tous un jour ou l’autre durant notre vie. Son exposition comprend notamment la reconstitution d’une chambre de l’hôpital Saint-Luc…

Patrimoines, de Yann Pocreau, à la Galerie de l’UQAM, jusqu’au 8 octobre

OCTOBRE

JACYNTHE CARRIER

La galerie antoine ertaskiran propose cet automne sa deuxième expo solo de Jacynthe Carrier. L’artiste y poursuit sa réflexion sur l’occupation par l’homme de son territoire et sur sa manière de le façonner. Jacynthe Carrier ajoute un volet de contenu à cette réflexion, soit comment le paysage nous habite en retour. Son nouveau corpus d’images vidéo et de photographies aborde les relations poétiques du territoire. Il explore aussi « différentes tensions d’un vocabulaire d’oppositions et de dualité ; homme-femme, froid-chaud, noir/blanc-couleur, été-hiver, immobilité-mouvement, douceur-aridité, eau-glace ». Jacynthe Carrier nous embarque au cœur d’un site fluvial en deux temps, aride de chaleur et figé par le froid.

brise glace soleil blanc, de Jacynthe Carrier, à la galerie antoine ertaskiran, du 13 octobre au 19 novembre

ISABELLE HAYEUR

Isabelle Hayeur présente cet automne un premier solo à la galerie Hugues Charbonneau. Elle y exposera cinq photographies et une œuvre vidéo réalisées en 2015 et en 2016, à la suite d’une résidence en Californie. L’expo est, là aussi, une réflexion sur l’occupation humaine du territoire. Isabelle Hayeur a travaillé dans la région du lac Salton Sea, à l’est de San Diego. Lieu touristique dans les années 50, cette région a aujourd’hui une allure presque apocalyptique, avec des paysages abîmés où réside une population démunie. Un environnement enlaidi à cause d’un pompage déraisonnable des eaux du lac pour l’agriculture industrielle et d’un accroissement non contrôlé de la population.

Desert Shores, d’Isabelle Hayeur, à la galerie Hugues Charbonneau, du 3 septembre au 22 octobre

GENEVIÈVE CADIEUX

La galerie René Blouin exposera un nouveau corpus photographique de Geneviève Cadieux du 15 octobre au 26 novembre. Depuis sept ans, la biologie et le biotope des plans d’eau fascinent la photographe montréalaise. Le thème des plantes et des organismes marins avait déjà été abordé en 2009 avec son diptyque Anémones. L’artiste a poursuivi son exploration lyrique de la réflexion lumineuse sur des surfaces aquatiques, l’an dernier chez René Blouin. Durant l’automne, elle présentera d’autres images de plans d’eau, celles-là rehaussées à la feuille d’aluminium et à la feuille d’or, des retouches qui accentuent « l’effet du rebondissement de la lumière », souligne la galerie.

Geneviève Cadieux, à la galerie René Blouin, du 15 octobre au 26 novembre

NOVEMBRE

PIERRE AYOT

Une véritable rétrospective Pierre Ayot (1943-1995) est organisée à Montréal cet automne avec cinq expositions. Pierre Ayot – Regard critique sera présentée à la Grande Bibliothèque du 4 octobre au 5 mars. Du 20 septembre au 20 novembre, deux expositions se tiendront simultanément à la Fondation Molinari : Ayot/Moli (en passant par Maclean) et Familiarités, qui réunit six œuvres d’Ayot mises en relation avec six artistes de la jeune génération. L’expo Push and Pull présentant des œuvres d’Ayot et d’autres aura lieu du 15 octobre au 19 novembre chez Joyce Yahouda. Enfin, du 5 octobre au 26 novembre, Pierre Ayot – Face à face se tiendra dans le nouvel espace de la galerie Graff. Bon festival Ayot !

Rétrospective Pierre Ayot à Montréal, dans plusieurs lieux, du 20 septembre au 5 mars

4e FOIRE EN ART ACTUEL DE QUÉBEC

L’art contemporain sera en fête à Québec en novembre lors de la 4e Foire en art actuel (FAAQ). L’événement accueillera 25 artistes ayant leur atelier dans la province et qui ne sont pas représentés par une galerie. Les noms de quelques artistes sont déjà connus : Marie-Claude Bouthillier, Caroline Hayeur, Carl Trahan, François Lalumière, Yan Giguère, Nathalie Bujold et Helena Martin Franco. Les expositions de sculptures, de peintures, de photos et de dessins auront lieu à L’Œil de Poisson et au centre d’artistes Vu Photo. Emmanuel Galland est le commissaire désigné de cet événement qui vise à démocratiser l’achat d’œuvres d’art et à stimuler la rencontre entre collectionneurs et artistes.

4e Foire en art actuel de Québec, du 24 au 27 novembre à Québec

WASTED RITA

Née en 1988 au Portugal, Wasted Rita a fait partie, l’an dernier, du projet Dismaland organisé par Banksy en Angleterre. La designer graphique exposera chez Artgang du 27 octobre au 27 novembre. Son projet « apathique sinon haineux » traite de sa relation au monde réel. « Son nihilisme, son manque d’appartenance et son sentiment d’être incomprise par notre monde reposent sur des assises subjectives construites dans un univers personnel où elle se sent bien, où elle fait confiance à ceux à qui elle permet l’accès, et où des échanges véritables permettent l’épanouissement de valeurs comme la croissance, le féminisme et le respect de l’autre », dit le galeriste d’Artgang Louis-Nicholas Coupal.

Wasted Rita, à la galerie Artgang, du 27 octobre au 27 novembre

DÉCEMBRE

WIM DELVOYE

DHC/ART frappe un grand coup en invitant l’artiste belge Wim Delvoye, du 30 novembre au 19 mars. Les Montréalais avaient déjà fait sa connaissance en 2009 lorsqu’il a présenté Cloaca N° 5 – une machine-sculpture qui reproduisait le système digestif humain – à la Galerie de l’UQAM. À DHC/ART, Delvoye exposera des sculptures, des vidéos et des dessins explorant les thèmes de l’économie, de la technologie et de la mondialisation. On pourra aussi voir une sélection de ses tatouages sur peau de cochon, une pratique qui a soulevé un tollé chez les défenseurs des animaux et qu’il interprète comme une réflexion sur les notions de classe, de valeur et d’artisanat.

Wim Delvoye, à DHC/ART, du 30 novembre au 19 mars 

ADAD HANNAH

La nouvelle galerie de Pierre-François Ouellet accueillera cet automne Le radeau de la Méduse (Saint-Louis), d’Adad Hannah. L’artiste a passé cinq semaines au Sénégal, cette année, pour travailler sur le naufrage de la frégate française La Méduse il y a 200 ans, le 2 juillet 1816. S’inspirant du tableau de Théodore Géricault, Le radeau de la Méduse, il a construit un radeau qui s’inspire du plan fait par un des survivants du drame, l’ingénieur Alexandre Corréard. Il a ensuite organisé un tableau vivant. Son œuvre évoque autant l’histoire véritable de 1816 que l’odyssée dramatique que vivent bien des migrants africains et moyen-orientaux deux siècles plus tard.

Le radeau de la Méduse (Saint-Louis), d’Adad Hannah, à la galerie Pierre-François Ouellette Art Contemporain, du 12 novembre au 24 décembre.

MILUTIN GUBASH

La galerie Trois Points finira sa programmation de 2016 avec une synthèse de la pratique récente de Milutin Gubash. L’artiste exposera de nouvelles œuvres vidéo, photographiques, graphiques et sculpturales, inspirées pour certaines de sa propre histoire. « Avec un grand sens de l’autodérision, il fait le choix de se poser lui-même dans un état de vulnérabilité face à notre regard, nous permettant de ce fait de réfléchir à nos propres travers, questionnements et contradictions, explique Émilie Grandmont-Bérubé, directrice de la galerie Trois Points. L’œuvre de Milutin Gubash observe les différents mécanismes par lesquels l’identité prend forme et les codes à travers elle se manifestent. »

Milutin Gubash à la galerie Trois Points, du 5 novembre au 17 décembre

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