Tennis

Jusqu’où Raonic grimpera-t-il ?

Milos Raonic vient de conclure une saison mémorable en grimpant au troisième rang mondial, le meilleur classement jamais occupé par un joueur canadien. L’athlète de 25 ans a su faire fi des blessures pour connaître la meilleure saison de sa carrière, avec une fiche de 52 victoires et 17 défaites.

« J’ai eu de belles séquences tout au long de la saison, des choses dont je suis vraiment fier, comme ma performance à Wimbledon ou ici, a souligné Raonic en conférence de presse, samedi à Londres, dans le cadre des Finales de l’ATP. Mais j’ai aussi eu beaucoup de moments plus difficiles sur le plan physique. Parfois, j’ai quand même réussi à trouver une bonne forme et à bien jouer, d’autres fois, j’ai lutté avec les blessures... »

Très méticuleux dans sa préparation, le joueur de 6’5’’ est gêné depuis plusieurs années par des blessures ou des malaises aux épaules, aux bras, aux poignets, au dos, aux hanches, aux jambes, aux chevilles, aux pieds... Il n’y a guère que sa tête – certains diront aussi sa coiffure – qui n’a pas trop souffert, et le grand Milos s’en est bien servi.

Cette saison, son coup de génie a certainement été la venue de John McEnroe dans son équipe pour la saison sur gazon. La présence du coloré ancien champion aux côtés des entraîneurs Carlos Moya et Riccardo Piatti a permis à Raonic de compter sur trois excellents conseillers, tout en lui procurant une « visibilité » accrue.

Et on a encore vu McEnroe dans la loge du Canadien à Londres, la semaine dernière. « L’intérêt d’avoir trois entraîneurs pour un tournoi de cette importance, c’est qu’il y a plus de chances qu’au moins l’un d’eux ait une bonne idée », a blagué Raonic, avant d’ajouter qu’il était très heureux d’avoir pu miser sur une telle « équipe » cette saison.

« À ma place »

Le Canadien a amorcé l’année avec un titre à Brisbane, puis une demi-finale « héroïque » aux Internationaux d’Australie, où il ne s’était incliné qu’en cinq longues manches devant Andy Murray. Finaliste à Indian Wells en mars, puis à Queen’s en juin [encore contre Murray], il a signé sa plus belle performance en carrière quelques jours plus tard à Wimbledon.

Après avoir surmonté un déficit de deux manches à zéro au quatrième tour contre le Belge David Goffin, Raonic a disposé du Suisse Roger Federer en demi-finale, encore en cinq manches. Battu par l’inévitable Murray en finale, le Canadien a livré une superbe performance en poussant son adversaire à deux bris d’égalité.

La suite de la saison a été compromise par les blessures – avec notamment un forfait aux Jeux de Rio –, mais Raonic a facilement mérité sa qualification pour la finale du circuit, sa deuxième après celle obtenue en 2014.

« Cette année, j’ai vraiment gagné ma place pour être ici, a-t-il rappelé la semaine dernière. Il y a deux ans, ça s’était décidé à la toute fin de la saison, pour un match. Cette fois, j’ai le sentiment d’être à ma place. »

Occasions

Raonic l’a prouvé en poussant les numéros un et deux mondiaux, Murray et Novak Djokovic, à des matchs très disputés pendant le tournoi. Sa demi-finale perdue contre Murray-7-5, 6-7 (5), 6-7 (9) – a été le plus long match de l’histoire du tournoi, et il est venu bien près du priver le Britannique du premier rang au terme de la saison.

Je pense que dans les deux matchs, j’ai eu plus de possibilités de point de bris et plus de chances que jamais auparavant contre Andy ou Novak. Je suis fier de m’être donné des occasions, de grandes occasions, contre les deux pour la première fois cette année. »

« Je dois être fier d’avoir terminé l’année en donnant chaque once d’énergie que j’avais en moi. »

— Milos Raonic

« Cette saison 2016 m’a permis de m’approcher du sommet. Les blessures de Roger [Federer] ou Rafa [Nadal] ont créé des occasions pour les autres et j’ai su en profiter. Je sais maintenant que je peux rivaliser avec les meilleurs, dans tous les tournois, même les plus gros. »

Raonic pourra maintenant soigner ses blessures et préparer avec confiance une saison 2017 qui lui offrira de nouvelles occasions d’atteindre ses objectifs – une victoire en Grand Chelem, notamment.

« Après quelques semaines de repos, je serai prêt pour reprendre ma progression », a-t-il averti à Londres. Certain que Murray et Djokovic l’ont pris en note.

Milos Raonic

25 ans, 3e mondial

52 victoires, 17 défaites

Un titre (Brisbane)

Trois finales (Wimbledon, Indian Wells et Queen’s)

Note : A

Une saison exceptionnelle pour le meilleur joueur canadien de l’histoire, avec surtout des performances remarquables sur le gazon et une conclusion pleine de promesses, il y a quelques jours, aux Finales de l’ATP. Désormais troisième mondial, il pourrait inquiéter Andy Murray et Novak Djokovic la saison prochaine.

Vasek Pospisil

26 ans, 132e mondial

10 victoires, 23 défaites

Note : C

Avec des performances très décevantes en simple et la fin de son partenariat avec Jack Sock en double, Pospisil voudra sans doute oublier l’année 2016. Le joueur de la Colombie-Britannique sera dorénavant entraîné par l’Australien Mark Woodforde, un joueur qui, comme lui, a surtout brillé en double, même s’il a atteint le 19e rang mondial en simple.

Daniel Nestor

44 ans, 15e mondial (en double)

36 victoires, 25 défaites

Trois titres : Anvers et Washington (avec Édouard Roger-Vasselin), Nottingham (avec Dominic Inglot)

Note : B+

Encore trois titres (91 en carrière !) cette saison pour le vétéran qui est aussi venu bien près d’une autre médaille olympique à Rio avec Vasek Pospisil. Nestor a annoncé qu’il jouerait encore la saison prochaine, avec un nouveau partenaire, mais ce pourrait bien être sa dernière.

Denis Shapovalov

17 ans, 240e mondial

32 victoires, 14 défaites chez les professionnels

16 victoires, 1 défaite chez les juniors

Champion junior à Wimbledon, trois titres professionnels

Note : A+

La grande révélation de la saison, avec un titre junior à Wimbledon, d’excellents résultats chez les professionnels – une victoire à Toronto contre Nick Kyrgios en particulier – et même des débuts victorieux en Coupe Davis. La suite sera sans doute plus complexe, mais Shapovalov semble avoir la hargne qui l’aidera à bien faire chez les pros.

Félix Auger-Aliassime

16 ans, 602e mondial

19 victoires, 12 défaites chez les professionnels

19 victoires, 6 défaites chez les juniors

Champion junior aux Internationaux des États-Unis, un titre professionnel

Note : A

Le jeune Québécois a continué sa fulgurante ascension en 2016 avec un premier titre junior en simple en Grand Chelem, à New York, une autre finale, à Roland-Garros, et de bonnes performances chez les professionnels. Son principal défi sera sans doute maintenant d’être patient...

Eugenie Bouchard

22 ans, 46e mondiale

31 victoires, 24 défaites

Deux finales (Hobart et Kuala Lumpur)

Note : C

Après un bon début de saison, Bouchard a montré beaucoup de fragilité en perdant plusieurs matchs à sa portée. Une fin de saison désastreuse, avec notamment une sortie controversée à Québec, soulève plusieurs points d’interrogation pour la suite de sa carrière...

Françoise Abanda

19 ans, 165e mondiale

36 victoires, 21 défaites

Deux titres ITF (Redding, É.-U., et Irapueta, Mexique)

Note : B

Malgré ses deux titres dans des tournois secondaires (25k), Abanda tarde à obtenir les succès qu’on attend d’elle depuis plusieurs années. Elle a toutefois gagné plus de 200 places au classement en un an et vient d’atteindre son sommet personnel. La saison qui vient sera capitale pour elle.

Aleksandra Wozniak

29 ans, 303e mondial

21 victoires, 18 défaites

Note : B

Après deux années gâchées par une blessure, puis une intervention chirurgicale à l’épaule droite, Wozniak a poursuivi cette saison un retour très courageux. À 29 ans, elle sait que les saisons sont comptées pour elle, mais elle n’entend visiblement pas tirer sa révérence avant d’avoir tout tenté pour retrouver sa place avec l’élite.

Bianca Vanessa Andreescu

16 ans, 297e mondiale

14 victoires, 5 défaites chez les professionnelles

15 victoires, 3 défaites chez les juniors

Un titre pro (Gatineau, 25k)

Note : A

Malgré une blessure qui l’a tenue à l’écart du jeu pendant plusieurs mois, la jeune Ontarienne a poursuivi sa progression avec notamment un titre à Gatineau (25k) et une finale à Saguenay (50k). Comme Auger-Aliassime et Shapovalov, elle devra maintenant gagner de l’expérience face à des joueuses plus âgées qu’elle.

Charlotte Robillard-Millette

17 ans, 659e mondiale

5 victoires, 9 défaites chez les professionnelles

8 victoires, 7 défaites chez les juniors

Un titre professionnel en double (Gatineau, avec Andreescu)

NOTE : B

Une saison sans éclat pour la jeune Montréalaise, avec surtout des succès en double. Rien n’est toutefois perdu à 17 ans, d’autant plus que l’adaptation est souvent plus longue pour les gauchères chez les professionnelles.

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