PLATEFORME D’ÉCHANGE

Combattre la haine sur l’internet

Facebook, Twitter, Reddit et les autres médias sociaux constituent des outils au potentiel formidable, mais s’avèrent aussi les théâtres de la méchanceté ordinaire et même les porte-voix de discours haineux. Vivek Venkatesh, professeur au département d’éducation de l’Université Concordia, a dirigé la conception d’une plateforme d’échange et de partage qui vise précisément à faire face à ces discours haineux et à favoriser la pensée critique.

L’initiative SOMEONE (SOcial Media EducatiON Everyday, pour Éducation aux médias sociaux au quotidien) propose des vidéos, des œuvres d’art, de courtes entrevues et même du matériel pédagogique pour favoriser la réflexion et l’action au sujet des diverses formes que peut prendre la discrimination : raciale, sexuelle, religieuse, etc. « On espère amorcer la conversation », dit le professeur au sujet de cette plateforme participative accessible au grand public.

« Ceux qu’on veut d’abord attirer, ce sont les jeunes », explique Vivek Venkatesh, en précisant qu’une attention particulière a été portée à l’aspect visuel du site SOMEONE, afin de le rendre attrayant. « On vise aussi ceux qui peuvent avoir une influence sur les jeunes : les enseignants, les parents et, de manière plus large, le grand public. »

L’une des motivations derrière ce projet est de rendre accessibles, de vulgariser même, les recherches destinées à mettre au jour la mécanique des discours haineux. Ce n’est pas un hasard si l’une des pages du site s’affaire à déconstruire des vidéos de propagande de l’État islamique : c’est par ces outils, diffusés entre autres sur les médias sociaux, que l’organisation tente de recruter de jeunes combattants.

Vivek Venkatesh et ses collègues ne s’attendent pas à attirer des islamistes ou des partisans des idéologies néonazies et à les convertir à des idées plus humanistes. « On espère plutôt que, si notre matériel est utilisé dans des espaces en ligne où ce genre de discours se tient, il permettra d’engager la conversation », dit-il.

« On espère que les gens qui seront attirés par notre site et qui le liront apprendront à se montrer plus critiques et plus réfléchis dans leur manière de répliquer à ces argumentaires islamophobes ou néonazis, poursuit-il. Et si notre matériel peut être utile, on veut qu’il soit partagé. »

UNE RESSOURCE POUR LES PROFS

SOMEONE se veut aussi une ressource pour les enseignants du secondaire et du cégep. Des outils d’encadrement pédagogiques sont d’ailleurs proposés aux professeurs qui souhaiteraient présenter l’une ou l’autre des vidéos qu’on trouve sur le site. La plateforme se veut d’abord un « point de départ » et surtout pas un lieu de pensée unique. L’interaction avec les visiteurs sera favorisée.

L’idée, en somme, est de favoriser non seulement la pensée critique face aux discours haineux, mais aussi l’émergence d’influenceurs positifs à l’école comme dans la population en général. SOMEONE est accessible dès maintenant, mais en version anglaise seulement. Son équipe de direction « cherche activement » des fonds pour traduire le site en français dans les meilleurs délais.

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