Dans les dessins de…

Marianne Dubuc

Chaque semaine, Pause vous fait découvrir le travail d’un illustrateur ou d’une illustratrice.

Quand elle était petite, Marianne Dubuc était très proche de sa grand-mère. « Elle habitait à Saint-Hilaire, sur le chemin de la montagne, dit l’auteure et illustratrice aux yeux très bleus et à l’air mutin. C’est elle qui m’a mise en contact avec les livres et la nature. »

Pour la célébrer, Marianne Dubuc a créé Le chemin de la montagne. Un album magnifique mettant en scène une dame Blaireau, qui croise le petit chat Lulu lors de sa promenade dominicale vers le sommet du Pain de Sucre. « J’ai fait cet album pour moi, raconte l’artiste. J’essayais d’ignorer la réalité plutôt commerciale du livre. L’intention que j’avais a été super bien perçue… »

Bien perçue ? C’est peu dire. Le chemin de la montagne, édité chez Comme des géants, a remporté le Prix du Gouverneur général 2018 dans la catégorie des livres illustrés pour la jeunesse, en plus du Prix TD de littérature canadienne pour l’enfance et la jeunesse, accompagné d’une bourse de 50 000 $. Magda Tadros, porte-parole du Centre du livre jeunesse canadien, a décrit dans un communiqué l’album comme « une douce allégorie de la transmission entre générations et une ode au bonheur que procurent les choses simples ».

Dessiner pendant le sommeil des enfants

Marianne Dubuc a un pied dans un monde imaginaire peuplé d’animaux et de souvenirs, l’autre bien ancré dans le réel. Elle reçoit La Presse dans l’atelier qu’elle partage avec son conjoint et partenaire d’affaires Mathieu Lavoie. C’est, en fait, une simple pièce colorée, située à l’avant de leur appartement de La Petite-Patrie, à Montréal. « Je travaille la nuit, de 8 h à minuit, pendant le sommeil de nos deux enfants, dit-elle. Ils sont restés avec moi jusqu’à la maternelle, j’ai été pendant sept ans avec des enfants dans les pattes. J’ai pris l’habitude de travailler le soir. » Même si les enfants en question ont aujourd’hui 8 et 10 ans…

C’est après des études en design graphique que l’artiste s’est lancée en littérature jeunesse. Il y avait déjà bien longtemps qu’elle inventait des personnages.

« J’étais le genre d’enfant qui dessinait tout le temps. J’écrivais de petites histoires. »

— Marianne Dubuc

Elle se rappelle avoir été captivée par Les aventures de Colargol, où des figurines d’animaux étaient filmées en stop-motion, et par Le petit écho de la forêt, autre émission de télévision produite avec des marionnettes de hibou, loup, cigogne, tortue, etc. « C’était le visuel qui me fascinait », précise-t-elle.

Traduite en 30 langues

Le succès international est venu dès son deuxième album, Devant ma maison.

À ce jour, Marianne Dubuc a signé plus d’une quinzaine de livres pour enfants, désormais traduits dans une trentaine de langues. « Elle fait de bons livres qui sont reconnus partout », résume Mathieu Lavoie. Ensemble, ils ont fondé cette année la maison d’édition Album, pour produire leurs propres œuvres.

« Je vis de mon travail. J’en suis super heureuse et je sais que je suis chanceuse. J’en vis parce que je suis traduite à l’étranger ; le marché est trop petit ici. »

— Marianne Dubuc

« Je fais aussi des animations dans les écoles, j’aime bien ça », dit Marianne Dubuc. À la fois auteure et illustratrice, elle touche 10 % du prix de vente de ses livres et 50 % des droits payés par les éditeurs étrangers (les autres 50 % étant versés à son éditeur).

Crayons, encre, aquarelle

Dans des cahiers, la jeune femme note des idées, qui servent parfois des années plus tard. « Ça faisait longtemps que j’avais envie d’un personnage de guépard et de travailler avec une ombre », donne-t-elle en exemple. C’est en jumelant ces deux envies qu’est né L’ombre de Petit Guépard, son plus récent album, paru cet automne.

Après des esquisses préliminaires, Marianne Dubuc fait une maquette de l’album entier, avec texte et dessins. Une fois le projet accepté, elle imprime les croquis numérisés en format réel, avant de les recopier sur du carton. Vient ensuite l’étape de la coloration, où l’illustratrice s’éclate avec de l’aquarelle, de l’encre, des crayons de couleur, etc. « Pour chaque livre, j’expérimente », dit-elle, visiblement ravie d’avoir cette liberté.

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