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OPINION SANTÉ

La naturopathie a sa place au Québec

Nombreux sont ceux qui ne savent pas vraiment ce que fait un naturopathe

En réaction à l’entrevue de Britt Marie Hermes par le journaliste Nicolas Bérubé

L’article publié le 2 juillet dernier présentait le point de vue de Mme Hermes sur sa pratique aux États-Unis. En désaccord avec plusieurs sujets abordés, nous voulons donner une autre vision en évitant des généralités non fondées.

Les références intégrées au texte illustrent que les principes à la base de la naturopathie s’appuient sur des observations et études scientifiques et non sur des concepts vagues, comme le prétend Mme Hermes.

Au Québec, il existe plusieurs écoles de naturopathie. La préoccupation des professeurs n’est pas d’enseigner comment faire de l’argent comme le dit Mme Hermes, mais plutôt comment développer une attitude responsable en rendant les gens plus conscients de leur choix pour maintenir ou améliorer leur bien-être physique et mental.

Nombreux sont ceux qui ne savent pas vraiment ce que fait un naturopathe au Québec. Comme la pratique n’y est pas réglementée, il peut y avoir des dérives, ce qui est pénible pour ceux qui l’exercent selon une éthique bienveillante. Mais des ratés, il y en a malheureusement dans l’univers des professions, même celles réglementées.

Un naturopathe ne traite pas les maladies, ne pose pas de diagnostic et, comme le médecin, ne prétend pas « promettre » la guérison. 

Le naturopathe cherche la cause profonde. Il s’intéresse au mode de vie par le biais des facteurs naturels de santé : l’activité physique, le sommeil, l’hygiène, la gestion du stress, l’équilibre psychologique, etc. 

S’ajoute l’alimentation, un facteur important, contrairement à ce que semble conclure Mme Hermes. D’aussi loin que l’homme existe, il s’est toujours soigné avec les plantes, l’eau, les aliments, le jeûne. Depuis, les observations et les études sur les bienfaits de l’alimentation se multiplient. C’est reconnu : changer un régime alimentaire a des répercussions directes sur la santé.

Les avantages d’adopter quelques principes de vie fort simples remontent à plus de 2000 ans.

Hippocrate (460-377 av. J.-C.), le père de la médecine, disait en parlant de la maladie qu’elle est la « conséquence de facteurs environnementaux, de l’alimentation et des habitudes de vie ». De nos jours, de nombreux chercheurs scientifiques se sont intéressés au mode de vie et son influence sur la santé. Ils ont démontré qu’il existe un lien direct entre les habitudes de vie et la progression du cancer, que la plupart des morts pourraient être évitées par de simples modifications du mode de vie, et que la société de consommation n’encourage pas assez les approches préventives. Comme dans toute chose, la régularité génère les bénéfices.

Concernant la désintox, elle n’est pas seulement associée aux problèmes de drogue ou d’alcool, comme le prétend Mme Hermes. La pollution, le stress, l’alimentation non équilibrée, le manque d’exercices, etc., ont un impact sur les fonctions de l’organisme, sa capacité à se renouveler et à se débarrasser facilement de ses déchets, une réalité largement documentée.

Dans le cas de carences nutritionnelles, des suppléments alimentaires approuvés par Santé Canada ou la Food and Drug Administration aux États-Unis peuvent être suggérés. Dans son livre Guérir, le Dr David Servan-Schreiber présente de nouvelles méthodes permettant de guérir stress, anxiété et dépression, sans médicaments ni psychothérapie, entre autres par l’ajout de suppléments vitaminiques associés aux acides gras oméga-3. Il écrit : « la prise régulière de vitamines vient d’être sanctionnée officiellement par un article retentissant du Journal of the American Medical Association. Les auteurs reconnaissent que la prise de vitamines réduit les risques de plusieurs maladies chroniques et de maladies graves ». Restaurer le corps prend plus de temps que le soulager.

Oui, produits naturels, vitamines et minéraux ne sont pas tous égaux. Oui, il faut se méfier des suppléments inefficaces ou dangereux aux propriétés miraculeuses.

Oui, il faut être vigilant au terme « 100 % naturel » qui peut être un outil de vente. Oui, les ingrédients, leur concentration, leur mode de culture et de fabrication, l’expertise du fabricant, en disent bien davantage sur la qualité d’un produit que ce qui est écrit sur l’emballage. Un bon naturopathe distingue les vitamines de synthèse des vitamines naturelles, les minéraux organiques des minéraux inorganiques. Il évite ceux qui vont à l’encontre de certains médicaments. L’administration de vitamines et de minéraux par voie intraveineuse n’est pas une pratique enseignée dans les écoles de naturopathie au Québec.

Ajoutons qu’en 1983, l’Organisation mondiale de la santé recommandait aux autorités médicales de tous les pays d’intégrer la naturopathie aux services de santé publics. Puis, la déclaration d’Helsinki adoptée en 1964 et révisée en 2013, document officiel de l’Association médicale mondiale représentant des médecins dans le monde, dit ceci : « Lorsqu’au cours d’un traitement, les méthodes établies de prévention, de diagnostic ou thérapeutiques s’avèrent inexistantes ou insuffisamment efficaces, le médecin, avec le consentement éclairé du patient, doit pouvoir recourir à des méthodes non éprouvées ou de nouvelles s’il juge que celles-ci offrent un espoir de sauver la vie, de rétablir la santé ou de soulager les souffrances du malade. Ces mesures doivent, dans toute la mesure du possible, faire l’objet d’une recherche destinée à évaluer leur sécurité et leur efficacité ».

Comme quoi la naturopathie a vraiment sa place au Québec pour collaborer à préserver ce qu’il a de plus précieux, le capital santé !

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