infections transmissibles sexuellement et par le sang

Syphilis, gonorrhée et chlamydia ont la vie dure

Épidémie de syphilis touchant la femme, une gonorrhée plus résistante aux antibiotiques et la chlamydia toujours aussi fréquente. L’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) publie son portrait des infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) pour l’année 2016 et fait ses projections pour 2017. Petit survol.

Une hausse « particulièrement inquiétante »

Les infections gonococciques ou la gonorrhée ont plus que doublé depuis 2012. Ce bond rapide n’est pas étranger, comme pour la chlamydia, à la détection plus facile des infections extragénitales. Mais cette augmentation est « particulièrement inquiétante », selon la conseillère scientifique de l’INSPQ et coauteure de la publication Karine Blouin, parce qu’elle se produit alors que la gonorrhée devient de plus en plus résistante aux antibiotiques.

En 2016, une souche a notamment été « non sensible » à la céfixime et à la ceftriaxone. Une première au Canada. Par ailleurs, la résistance de la gonorrhée s’est aussi accrue (20 %) contre l’azithromycine, un autre traitement. « C’est vraiment une championne pour développer des résistances. Ce n’est pas pour rien que l’Organisation mondiale de la santé a lancé un plan d’action pour faire face à cette menace-là », soutient Mme Blouin.

Une surveillance des échecs au traitement a entre autres été mise en place. En 2016, 4774 cas de gonorrhée ont été déclarés au Québec, dont 80 % impliquaient des hommes.

Épidémie de syphilis aussi chez la femme

La syphilis infectieuse qu’on croyait en voie d’élimination en 1998 connaît en 2016 une recrudescence du nombre de cas déclarés, plus élevé que « jamais rapporté au cours des 30 dernières années », peut-on lire dans le rapport de l’INSPQ.

Au total, 970 cas de syphilis en phase infectieuse (96 % des hommes) ont été déclarés l’an dernier et les projections pour 2017 s’annoncent « préoccupantes », alors que des femmes en majorité en « âge de procréer » seront aussi touchées.

Entre autres, une éclosion de syphilis a cours en 2017 au Nunavik. En date du 26 octobre, cette région comptait déjà 29 cas, dont 17 femmes. Mais même en excluant le Nunavik, une hausse de 37 % du nombre de cas féminins est anticipée cette année, essentiellement à Montréal. Ce qui préoccupe aussi les autorités de la santé, c’est que trois cas de syphilis congénitale ont été recensés en 2016 et un quatrième au début de l’année au Québec. À titre de comparaison, cinq cas de syphilis congénitale avaient été décelés en 15 ans (entre 2000 et 2015).

Plus de chlamydia, plus de dépistage

La Chlamydia trachomatis demeure de loin l’infection transmissible sexuellement la plus fréquente au Québec, avec un total de 25 432 cas déclarés en 2016. Si la hausse reste constante depuis 1997, le nombre de dépistages et les moyens pour le faire s’améliorent. « On sait que le fait qu’il se fasse de plus en plus de dépistage, ça vient influencer la hausse de cas », explique Karine Blouin.

En 2016-2017, le nombre de tests de détection a augmenté de 11 %. Le dépistage s’est aussi perfectionné grâce à des tests plus performants et accessibles et la possibilité de détecter « aisément » les infections extragénitales, notamment dans le rectum. La chlamydia touche en majorité les femmes et est plus fréquente chez les 20 à 24 ans.

Recrudescence maintenue pour la LGV

La recrudescence du nombre de cas de lymphogranulomatose vénérienne (LGV) se poursuit au Québec, avec un total de 123 cas déclarés en 2016. Cette infection, qui est en quelque sorte une « chlamydia plus invasive », selon Mme Blouin, touche presque exclusivement les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HARSAH).

Cette hausse ressentie depuis 2013 est jugée préoccupante par l’INSPQ et justifie la poursuite d’une vigie intensifiée au Québec .

« Des interventions visant à informer la communauté des HARSAH » doivent aussi se poursuivre, selon l’Institut.

La LGV était une infection très rare au Québec avant l’éclosion de 2005-2006. Après une période stable, le volume de cas s’est mis à augmenter en 2013. Selon les projections, le nombre de cas en 2017 sera possiblement inférieur à celui de 2016.

Stabilité et diminution pour les hépatites

Le nombre de cas déclarés d’hépatite B est plutôt stable depuis 2011, avec 889 cas en 2016. « L’hépatite B est toujours présente au Québec, ce qui justifie de poursuivre les efforts pour augmenter la couverture du programme universel de vaccination auprès des groupes à risque », prévient l’INSPQ. Pour ce qui est de l’hépatite C, environ 1000 cas ont été déclarés au Québec en 2016. Les statistiques ont diminué de 19 % entre 2012 et 2016.

Enfin, le nombre annuel de nouveaux diagnostics d’infection par le VIH tend à diminuer légèrement depuis quelques années et semble « stagner en 2014-2016 ». L’an dernier, 622 infections par le VIH ont été enregistrées, dont 294 nouveaux diagnostics.

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