box-office nord-américain

The House with a Clock in Its Walls domine

Le conte fantastique The House with a Clock in Its Walls a pris largement la tête du box-office nord-américain à son premier week-end en salle, selon des chiffres préliminaires publiés hier par Exhibitor Relations. Réalisé par Eli Roth (Hostel), ce long métrage orienté vers le jeune public a enregistré 26,8 millions US de recettes aux États-Unis et au Canada de vendredi à hier. Le film a laissé loin derrière A Simple Favor, arrivé deuxième sur le week-end avec 10,4 millions de dollars de billets vendus et 32,5 millions depuis sa sortie, il y a 10 jours.

— Agence France-Presse

Neuf (titre provisoire)

Sang nouveau

Pour lancer son 50e anniversaire, le Théâtre d’Aujourd’hui mêle les nouveaux et moins nouveaux sangs avec Neuf (titre provisoire). Mani Soleymanlou y dirige Henri Chassé, Pierre Lebeau, Marc Messier, Mireille Métellus et Monique Spaziani.

Mani Soleymanlou sait compter. Après Un, Deux, Trois, Ils étaient quatre, Cinq à sept et Huit, il repart en Neuf (titre provisoire), pièce différente des autres, tant par son contenu que par ses interprètes. La méthode de travail demeure. Ce n’est donc pas la fin, mais sûrement le début de quelque chose pour le dramaturge-metteur en scène.

« Je change la forme un peu, dit-il. Avec Huit, on se posait la question à la fin : comment on fait ? J’avais envie de faire autre chose. Avec les acteurs, je voulais renouer avec l’écriture davantage tout en gardant la création collective. Il y a un narrateur et leur texte à chacun d’eux. »

Ses premières pièces avaient souvent la tête à la fête et, surtout, à ses lendemains moins glorieux. Ici, c’est un enterrement qui réunit les cinq personnages. Le décor : un cercueil et une croix.

« Le fil narratif est plus important. Ils sont conviés à nous jouer les dernières volontés de leur ami disparu qui a écrit, sur son lit de mort, son œuvre ultime. La mort peut représenter quelque chose de différent pour chaque personne. »

— Mani Soleymanlou

Le projet se base aussi sur l’idée de mettre ensemble cinq acteurs d’expérience qui ont tous, sauf un (voir encadré), joué au Théâtre d’Aujourd’hui, sur Papineau ou Saint-Denis.

« Ça parle forcément des 50 dernières au Québec et de chacun des acteurs. Je me suis demandé quel était l’endroit où l’on fait un bilan. Il m’est apparu assez vite que c’était un salon funéraire où l’on est placé face à l’éventualité de la mort. Je vais laisser les spectateurs projeter leur propre fin là-dedans, mais il y a l’idée d’une finalité. »

Générations

Pour la première fois, les interprètes n’ont pas l’âge du metteur en scène. Mani Soleymanlou souhaitait comprendre ce que ces artistes au long cours ont vécu dans leur carrière.

« Ils sont d’une ouverture, d’une impudeur et d’un laisser-aller qui m’ont beaucoup touché, observe-t-il. Personne dans cette production n’a besoin d’être dedans. Leur plaisir et leur implication m’ont jeté sur le cul. » 

« Dans le processus, il y a des impudeurs, mais je me suis arrangé pour qu’ils soient à l’aise avec ce qui est dit sur scène. J’étais à l’écoute. Ils ont tout un bagage, et j’avais envie de leur rendre ce qu’ils m’ont donné. »

— Mani Soleymanlou, à propos des comédiens de Neuf (titre provisoire)

Nous sommes dans l’ère de l’opinion à tout prix qui vient avec une certaine frénésie. Mais pour ces interprètes, le temps et la réflexion font partie de la démarche.

« Leur façon de vivre le monde d’aujourd’hui n’est pas la même. Leur façon de formuler des idées est moins succincte. Il y a quelque chose de plus déposé. On est dans un truc plus contemplatif. Je me devais d’être à l’écoute de la façon dont ils ont envie de parler du monde. »

Malgré le constat du chemin plus court devant que derrière chez ces vétérans du métier d’acteur, on reste dans un univers où le rire est omniprésent chez Mani Soleymanlou.

« L’humour me permet de dire mille choses qui ouvrent l’écoute. Une fois que le canal est ouvert, on peut y mettre ce qu’on veut. J’ai besoin de légèreté pour aller dans des zones plus épineuses. » 

Travailler avec Mani

Pierre Lebeau

Parmi les cinq, il est celui qui a joué le plus au Théâtre d’Aujourd’hui lorsque la salle était située avenue Papineau de 1975 à 1980 durant, dit-il, « l’effervescence nationaliste ». 

« Avec Mani, on a eu trois semaines de rencontres à bâtons rompus sur différents sujets. C’est une méthode intéressante qui nous demandait beaucoup d’impudeur. On parlait de choses personnelles. C’est différent de ce à quoi on est habitués. On met toujours du nôtre dans un rôle, mais pas à ce point. C’est parfois difficile de trouver la justesse dans ça. C’est particulier. Le spectacle est assez éclaté, il y a des adresses au public, des dialogues. »

Marc Messier

Le vétéran n’a jamais joué au Théâtre d’Aujourd’hui, même avec Broue. Il y a répété une pièce en 1972… annulée après deux semaines de travail.

« On parle directement au public, mais il y a beaucoup de dialogues. Je n’ai pas vu toutes ses pièces, mais je pense que la dramaturgie est différente cette fois. Il y a une histoire. On est nos propres personnages et on a parlé de sujets comme le fait de vieillir, d’être face à la mort. Moi, j’y parle de la mort de mes parents. Je n’avais jamais parlé de ça à personne, à part ceux qui l’ont vécu. On a des choses intéressantes à jouer. J’aime ça travailler avec Mani. Je crois qu’on forme un bon groupe. »

Henri Chassé

Dans la nouvelle grande salle du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, il était de la création de Dimanche Napalm de Sébastien David il y a deux ans. Il avait joué aussi avenue Papineau et dans la salle Jean-Claude-Germain.

« Dans la pièce, on parle de l’histoire du Québec. Il y a plusieurs scènes où on a l’air d’avoir des conversations normales, comme si on n’était pas sur une scène. J’espère qu’on n’aura pas que des vieux ou des jeunes comme spectateurs. Les publics mélangés sont toujours les meilleurs. Je pense que les références à l’histoire seront comprises par tous. C’est souvent très drôle, très loin d’un cours d’histoire. Le mort, qui nous réunit dans le texte, nous a aussi dicté ses volontés. »

Monique Spaziani

Au Théâtre d’Aujourd’hui, elle a, notamment, joué Contre le temps de Geneviève Billette dans une mise en scène de René-Richard Cyr en 2011.

« Une création, comme ils font toujours au Théâtre d’Aujourd’hui, ça veut dire beaucoup de doutes. Je n’ai pas beaucoup parlé de moi dans les premières semaines. De toute façon, Mani amène tout ce qu’on a dit à un niveau presque d’autodérision. C’est son style. Ce n’est pas nouveau, Jean-Pierre Ronfard travaillait un peu de la même façon. Il n’y a pas de stress. On est dans le travail, pas dans l’angoisse. Et la pièce laisse au spectateur la liberté d’interpréter à sa façon. Le concept du spectacle nous donne une certaine aisance sur scène. »

Mireille Métellus

L’actrice n’en est pas à ses premières armes avec Mani Soleymanlou, que ce soit lors de Dramaturgies en dialogue ou de sa pièce Trois, où il étaient 42 sur scène, au même endroit en 2014.

« C’est certain que la pièce parle de préoccupations propres à notre groupe d’âge. Mais le processus de création ne m’a pas surprise. Je connais Mani maintenant, donc je suis habituée à sa façon de travailler. Dans cette pièce, je crois qu’il a appris beaucoup de choses sur le Québec à travers nous. Ce sont des choses du passé qui font partie de la grande histoire du Québec. On parle aussi d’amour, de sensualité. »

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