Génération Y  Billet

Un fonds pour et par les Y

Les enfants du millénaire pourront bientôt investir dans un fonds négocié en Bourse (FNB) conçu spécialement pour eux. Le symbole de l’action n’est pas encore trouvé, mais comme le souligne ironiquement un collègue de l’agence Bloomberg, les sigles LOL et WTF sont encore disponibles.

Même si la retraite n’est pas à leur horizon avant 30 ans, les jeunes nés entre 1980 et 2000 ont un grand intérêt pour l’épargne et l’investissement. Leur grande accessibilité à l’information financière n’est pas étrangère à cette préoccupation.

Rembourser leurs dettes et épargner pour la retraite sont les priorités financières des enfants du millénaire aux États-Unis, selon un sondage mené par Merrill Lynch. De plus, 88 % aspirent à voir leur actif fructifier. Leurs semblables au Canada ne devraient pas bouder le profit non plus.

Les milléniaux ont néanmoins des préoccupations différentes de celles de leurs parents, et cela se reflète aussi dans leurs préférences en matière d’investissement.

Les jeunes Américains sont notamment encore plus méfiants que leurs aînés envers les banques et le secteur financier en général. La crise de l’automne 2008 provoquée par le crédit débridé des banques les a particulièrement impressionnés.

De plus, ils ont un penchant connu pour les nouvelles technologies. Il en va de même, suivant les sondages, pour les médias sociaux et numériques, le commerce électronique ainsi que les voyages, loisirs et modes de vie axés sur la santé.

X VEUT SÉDUIRE LES Y

La firme Global X projette d’assembler les actions des sociétés-vedettes de ces secteurs dans son FNB Millennial Generation. Il n’y a pas d’équivalent au Canada, à notre connaissance.

La composition exacte du fonds n’est pas encore déterminée, mais on ne s’étonnera pas d’y trouver des actions du fournisseur de services de vidéo sur demande Netflix, du fabricant d’appareils de suivi d’activité physique et de santé FitBit, du site de gazouillage Twitter, du club de prêts entre particuliers Lending Club, ou même des commerces axés sur leur petite famille comme le commerçant Target et le fabricant de jouets Hasbro.

Le concept lui-même de FNB n’est pas pour effrayer les milléniaux américains. Quatre sur dix ont déjà investi dans ces nouveaux véhicules de placement diversifié à faible coût arrivés sur le marché au début des années 2000. C’est trois fois plus que pour les baby-boomers et deux fois plus que pour la génération X. On estime ces avoirs à près de 30 milliards US.

Le prospectus déposé en décembre à la commission des valeurs mobilières des États-Unis comprend d’autres fonds originaux de Global X. Il y est aussi question de FNB consacrés spécialement à la cybersécurité, à la nanotechnologie, aux médias numériques et à la robotique. Il y a même un fonds Aging comprenant des actions dans les sociétés produisant des biens et services pour le quartile le plus âgé de la population. Les actions de Domtar, avec ses produits d’incontinence pour adultes, pourraient par exemple l’intéresser.

Global X, une jeune firme fondée en 2008 à New York, a déjà assemblé avec succès d’autres fonds très ciblés. Le fonds coté SOCL, axé sur les médias sociaux, et le GURU, qui traque les investissements des grands spéculateurs, pèsent chacun plus de 100 millions US. Elle a par contre eu de moins heureuses intuitions avec ses fonds BARN, axé sur l’agriculture, et FISN, pour les pêcheries, aujourd’hui liquidés.

Un sondage en ligne mené par MarketWatch a trouvé beaucoup de sceptiques quant au nouveau fonds axé sur la jeune génération. Pas moins de 38 % des 549 répondants ont dit détester l’idée et prédit un autre échec pour les manufacturiers de FNB et 25 % ont confié ne pas être convaincus et vouloir laisser le marché décider si c’est une bonne idée ou pas. Seulement 36 % aiment ça et trouvent que c’est une bonne façon de cibler un groupe démographique clé. Fait à noter : les jeunes boomers de 45 à 54 ans sont les plus catégoriquement opposés à l’idée.

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