Projet Montréal

La stratégie masculine de Valérie Plante

Une publicité préélectorale de la chef de Projet Montréal n’est pas passée inaperçue, hier. Une bonne ou une mauvaise idée de se qualifier « d’homme de la situation » ? Trois experts en communications et marketing se prononcent.

Jean-Jacques Stréliski

professeur associé au département de marketing à HEC Montréal et ancien publicitaire

« La première qualité de la pub est l’interpellation. Déjà, le fait qu’on en parle montre que Valérie Plante a atteint son objectif. Ce slogan n’est pas une mauvaise façon d’attirer l’attention. Elle est loin dans les sondages, donc elle a intérêt à se signaler. C’est macho pour provoquer Denis Coderre sur un terrain dans lequel il excelle. Comme lui, elle se positionne comme une tough. Elle reprend son langage. On entend que les femmes fortes valent les hommes forts. On sent qu’elle a envie de se battre. Mais elle devra éventuellement dire ce qu’elle va faire, dévoiler son programme. Elle ne pourra continuer dans cette voie. »

Mylène Forget

présidente de Massy Forget Langlois relations publiques

« Si l’objectif de Valérie Plante est de faire parler d’elle et de se faire connaître, c’est atteint. C’est un coup de pub habile. C’est réussi pour augmenter sa notoriété. Par contre, à qui parle-t-elle ? Ce slogan me déplaît en tant que femme. Plus encore, je pense que ça ne plaît à personne. Par ailleurs, le message me semble confus, car sur son site internet, Valérie Plante se décrit comme une féministe et une maman. Si son adversaire s’appelait Denise Coderre, aurait-elle usé des mêmes mots ? Faut-il jouer sur le sexe pour asseoir ses compétences ? C’est un pari qu’elle prend. Je ne suis pas certaine que ses électeurs vont apprécier. »

Florence Girod

chef de la stratégie de Cossette

« Cette pub est bien faite et maîtrisée. Il y a un équilibre dans tout, la typo, la photo… C’est habile, car c’est provocant. Ça fait référence à l’adversaire de Valérie Plante, un homme qui est un peu dans un boys club. Très vite, il y a son nom. Et en écrivant “mairesse”, elle dit qu’elle est une femme qui assume aussi les codes féminins. Je comprends qu’on soit surpris. On est dans un univers tellement codifié que dès que c’est plus provocant, on le souligne. Mais les femmes ont peut-être aussi envie de faire de la politique autrement ! Valérie Plante savait qu’elle allait jouer avec des notions qui sont sensibles. Et c’est assumé. »

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.