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La renaissance de la scène moto

L’été qui s’achève au Québec aura non seulement été superbe, il aura été celui où les jeunes d’ici ont résolument décidé de se réapproprier le monde de la moto.

Tout au fil de la belle saison, des centaines de jeunes motards se sont réunis pour des randonnées, des rencontres et des manifestations organisées à Montréal, Québec et ailleurs en province. Résolument inclusive, cette nouvelle génération carbure aux classiques, aux scramblers et aux café racers, mais elle ouvre les bras à quiconque veut affirmer sans gêne son amour pour la bécane.

« En 2016, il n’y a pas une fin de semaine où il n’y a pas eu de meets, de runs ou de barbecues », affirme Charles-Édouard Carrier, fondateur du collectif OneLand, un webzine qui fait l’apologie de la moto et du voyage. « Je crois que l’on a atteint cette année un point de bascule. Il y a maintenant une masse critique de gens qui s’organisent, si bien que ça fait boule de neige. »

Motocycliste depuis près de 10 ans, M. Carrier remarque que cette nouvelle génération de motards s’affiche avec un souci de l’image très aiguisé. « Il y a plein de gens parmi nous qui font de la vidéo, de la photo ou du graphisme, des créatifs qui donnent à la moto une visibilité inédite », soutient celui qui partage son temps entre ses activités chez OneLand et son travail de journaliste pigiste, notamment à La Presse. Il espère d’ailleurs que cette nouvelle tendance saura donner un éclairage plus favorable à la moto au Québec. « On sait qu’on marche sur des œufs. La moto est souvent la cible de publicité négative, on se bat contre cette perception et on se le dit entre nous autres, admet-il. On n’a pas un contrôle absolu sur les événements qu’on organise, mais on demande aux gens de le faire dans le respect, et honnêtement, on n’a pas eu de problème. »

LA MOTO, OUTIL FÉDÉRATEUR

Même ambiance à Québec, où Alexandre Laperrière, Philippe Goulet et Guillaume Drolet organisent depuis le printemps les Mercredis moto à la baie de Beauport. En quelques semaines seulement, plus de 100 motocyclistes ont répondu à l’appel. Hier après-midi, on attendait plus de 200 passionnés pour célébrer la fin de la saison, avec des jeux d’adresse à deux roues, un camion de bouffe de rue et un DJ, entre autres activités.

En août, le même trio a organisé La Run en collaboration avec les gars des Loups, de Rivière-du-Loup. Une randonnée Québec-Shawinigan qui s’est terminée dans les locaux de l’atelier Hardcore Cycles, à Portneuf, mais pas avant qu’un contingent d’une trentaine de motards montréalais réuni par OneLand rejoigne le groupe qui, à terme, était plus de 115.

L’esprit de la nouvelle communauté québécoise de motocyclistes est incroyablement fédérateur. À la baie de Beauport, tous les types de motos sont bienvenus. « On accueille tout ce qui a deux roues et un moteur, affirme Alexandre Laperrière. Scooters, mobylettes, racers, Harley, bobbers, peu importe. L’élément clé, on le crie haut et fort, c’est que c’est pour tout le monde. »

À Montréal, les événements mensuels #motosocial attirent généralement les amateurs de motos classiques ou personnalisées, mais on cherche à créer des ponts entre tous les motocyclistes. Selon Charles-Édouard Carrier, la relève partage d’ailleurs de nombreux points avec les générations précédentes. « On n’est pas en train de dire qu’on réinvente la scène, on essaie plutôt de lui redonner un second souffle, affirme M. Carrier. On partage le même esprit de camaraderie et de fraternité et on s’identifie souvent aux mêmes icônes de la contre-culture. Ces gars-là ont développé une scène moto typique et on adhère à ça. Au fond, on n’est pas les premiers à avoir travaillé sur des vieux moteurs de CB ! »

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Les filles s’affirment

La nouvelle génération a mis au goût du jour la culture moto. Ça commence par la présence des femmes, plus que jamais affirmée. Cet affranchissement s’est notamment réalisé grâce aux Litas, dont la nouvelle division montréalaise compte déjà 130 femmes de 25 à 40 ans. « Cette année, il y a eu un boom, affirme Catherine David, cofondatrice de OneLand. Avant, les filles ridaient avec leur chum, maintenant elles s’en détachent. Rouler, c’est du rêve, il y a de plus en plus de filles qui veulent nous accompagner. »

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OneLand : courroie de transmission

« Quand on a fait le lancement de notre webzine OneLand, on s’est aperçus qu’il n’y avait rien pour structurer la communauté moto, a indiqué son fondateur Charles-Édouard Carrier. On est donc rapidement devenus un pôle événementiel, mais ce n’était pas prévu. » OneLand a ainsi pris en charge les activités montréalaises de #motosocial, en plus de collaborer à de nombreux événements ponctuels. Par ailleurs, le lancement d’un premier magazine papier est prévu à l’occasion du prochain salon de la moto de Montréal, en février.

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Clockwork : au-delà de l’atelier

Étant donné la déconfiture de Purebreed, les ateliers Clockwork et Hardcore Cycles sont certainement les plus en vue dans le domaine de la personnalisation de motos au Québec. Dans les deux cas, le volet social est aussi mis de l’avant. « C’est vraiment important de rallier la communauté, soutient Samuel Guertin, de Clockwork. Je pense que ça donne un second souffle à la moto au Québec, qui ne vivait pas ses meilleures années. Et ça donne à la nouvelle génération une raison de plus d’embarquer dans le monde de la moto. »

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Distinguished Gentleman’s Ride

OneLand est également derrière l’organisation de la manche montréalaise de la randonnée Distinguished Gentleman, qui s’est déroulée le 25 septembre dans plus de 500 villes de 90 pays. À Montréal, plus de 150 motards vêtus à la mode chic des années 30 à 50 ont terminé leur randonnée rue Wellington, à Verdun. Les motards chics de Montréal ont jusqu’à maintenant récolté au-delà de 36 000 $, une somme qui servira à contribuer à la lutte contre le cancer de la prostate et contre les maladies mentales. L’objectif global est de 5 millions.

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