Alimentation 

Que faire ?

Il est possible de réduire sa consommation de pesticides. Trois conseils.

Laver ses fruits et légumes 

La nature même des pesticides est de résister aux intempéries dans le champ. Il serait donc naïf de croire qu’un simple lavage suffit à s’en débarrasser complètement. Malgré cela, les autorités publiques conseillent de toujours bien laver les fruits et légumes à l’eau fraîche, ce qui enlèvera les pesticides de surface. 

Les pesticides se trouvent toutefois aussi à l’intérieur de certains fruits et légumes. D’ailleurs lorsque les laboratoires testent les bananes ou les oranges afin de calculer les traces de pesticides qui s’y trouvent, ils enlèvent la pelure. Leur but est de tester la partie consommée des aliments. « Quand on tombe dans les néonicotinoïdes, ces pesticides systémiques qui rentrent dans les tissus de la plante, on peut laver tant qu’on veut, ça ne partira pas, explique le chimiste Sébastien Sauvé. Idéalement, il faudrait les laver dans de l’alcool ou un produit chimique fort, ce qui n’aurait aucun bon sens. »

Varier son alimentation 

Les bénéfices de manger des fruits et légumes outrepassent largement les risques de consommer des pesticides. Bonne chose à faire : varier son alimentation, être audacieux dans le coin des fruits et légumes, choisir des produits de saison, ce qui, inévitablement, amène une certaine variété dans l’assiette. 

On sait toutefois que, statistiquement, certains fruits et légumes se retrouvent dans la liste des plus grands porteurs de pesticides, année après année. Les légumes-feuilles sont plus sensibles. « La laitue a une teneur en pesticides beaucoup plus grande », explique Sébastien Sauvé. C’est une question de surface d’application. « Les autorités pourraient mettre des seuils plus bas pour certains légumes », estime le chimiste.

Lors de la plus récente évaluation du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), 68 % des pommes contenaient des traces de pesticides, et les analystes ont trouvé des résidus de 17 pesticides dans les pommes québécoises. Sept pommes de terre québécoises sur dix testées par le laboratoire du MAPAQ contenaient des résidus de pesticides.

Manger bio 

On trouve aussi des traces de pesticides sur les fruits et légumes biologiques. En 2014, l’Agence canadienne d’inspection des aliments a décelé des traces de pesticides sur près de la moitié des aliments biologiques testés par ses laboratoires. « La norme biologique est une norme de production, pas une norme de salubrité », explique Jérôme-Antoine Brunelle, coordonnateur au développement de l’agriculture biologique à l’Union des producteurs agricoles. Les cultivateurs qui travaillent en bio peuvent utiliser des biopesticides, mais les pesticides de synthèse sont évidemment interdits, précise-t-il. Ce qui ne veut pas dire qu’on n’en trouve pas des traces sur certains fruits et légumes, les pesticides étant présents dans l’environnement. 

Le magazine Consumer Reports a fait l’exercice en plaçant les fruits et légumes dans cinq catégories de risque. Il conclut que tous les produits bios analysés se situaient dans les catégories à plus faibles risques. 

« On sait que de changer son régime alimentaire du conventionnel au bio réduit les taux de pesticides de manière immédiate et radicale, explique Cynthia Curl, professeure au département de santé de l’environnement et de la communauté de l’Université Boise, en Idaho. En deux jours, les taux de pesticides dans l’urine descendent sous des niveaux détectables. À l’inverse, ils remontent immédiatement si vous recommencez à manger des fruits et légumes conventionnels. » « On ne peut pas dire que de manger biologique est meilleur pour la santé humaine, poursuit Cynthia Curl, mais on peut dire que c’est bon pour la santé de la planète. Parce qu’il y a des gens qui étendent ces pesticides. On expose les travailleurs agricoles à des pesticides. »

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