Problèmes de gestion des entrepôts à la SAQ

Des restaurateurs craignent de manquer de vin ce week-end

Manquer de vin par un beau week-end qui marque le début de l’été, c’est probablement le pire cauchemar des restaurateurs. Et cela risque d’arriver à plusieurs d’entre eux en raison des problèmes de la Société des alcools avec le système de gestion de ses entrepôts qu’elle vient d’implanter.

Jeudi, voyant que sa commande de vins pour le week-end n’arrivait pas, Sindie Goineau a appelé à la Société des alcools du Québec (SAQ). C’est par un courriel reçu ce soir-là à 23 h 12 que la sommelière du restaurant Victoire, avenue du Mont-Royal, a appris que sa commande n’arriverait pas, en raison des problèmes de livraison.

« On nous a prévenus à la dernière minute, déplore-t-elle, et on n’a aucune idée de ce qui nous attend. »

Il y a des restaurants qui vont manquer de vin, dit Sindie Goineau, qui a la chance d’avoir des stocks et qui espère que cela ne lui arrivera pas.

La SAQ a mis en place des mesures d’urgence pour réduire les problèmes d’approvisionnement des restaurateurs. Ceux qui offrent des produits courants pourront aller les chercher directement dans cinq succursales désignées et des livraisons spéciales auront lieu aujourd’hui pour les importations privées, pour rattraper un peu de retard.

« C’est une situation qui n’est pas idéale, on en convient », a reconnu Anne-Sophie Hamel, porte-parole de la SAQ.

Les retards de livraison affectent surtout les restaurateurs de Montréal, à cause du volume élevé des commandes, mais ceux de tout le Québec peuvent aussi en souffrir, selon la SAQ, qui ne peut pas dire quand les choses reviendront à la normale.

Au pire moment

Cela arrive à un très mauvais moment, a commenté Pierre Birlichi, président du Regroupement des agences spécialisées dans la promotion des importations privées. « On est au début de l’été et des festivals et il n’y a jamais eu autant d’Américains en ville », a-t-il souligné.

Selon lui, plusieurs restaurateurs n’ont plus de réserves, après le gros week-end du Grand Prix, et attendent impatiemment leurs commandes.

Le changement de système informatique aurait pu être fait dans une période plus calme de l’année, suggère Pierre Birlichi, qui se demande si ces problèmes de logistique ne sont pas dus aux rationalisations auxquelles a procédé la SAQ pour augmenter son rendement.

La SAQ vient de publier des résultats en hausse pour l’exercice 2016-2017. Son bénéfice net a dépassé le milliard de dollars, en hausse de 1,8 % comparativement à l’exercice précédent. Ce bénéfice net, qui dépasse de 7,7 millions les attentes du gouvernement, a été entièrement versé en dividende. Les ventes totales ont augmenté de 1,6 %, à 3,12 milliards.

Il n’y a aucun lien entre l’amélioration des résultats et les problèmes de logistique dans les entrepôts, assure la porte-parole de la SAQ.

La société d’État, qui a encore une fois cette année fait l’objet d’un débat sur sa privatisation, a déployé beaucoup d’efforts pour améliorer sa performance et sa cote d’amour auprès de sa clientèle.

Le prix de nombreux vins a ainsi été réduit trois fois au cours de l’exercice, ce qui a contribué à augmenter le taux de satisfaction de la clientèle, mesurée par sondage, à 94 %.

La SAQ a aussi réussi à réduire ses dépenses de fonctionnement. Le ratio des charges nettes est passé de 18,6 % des ventes à 18,2 % au cours de l’exercice.

Le virage vers le commerce électronique met toutefois plus de temps que prévu à se concrétiser. Le taux de conversion en achat des visites sur le site SAQ.com (0,31 %) est inférieur à ce qui était prévu dans le plan stratégique de la société d’État (0,40 %).

Résultats de la SAQ pour l’exercice 2016-2017

Ventes totales : 3,123 milliards (+ 1,6 %)

Bénéfice net : 1,086 milliard (+ 1,8 %)

Ventes de vin ($) : + 0,8 %

Ventes de vin (en litres) : + 0,6 %

Ventes de spiritueux ($) : + 4,2 %

Ventes de spiritueux (en litres) : + 3 %

Ventes de bières, cidres, panachés ($) : + 0,8 %

Ventes de bières, cidres, panachés (en litres) : 2,9 %

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