alimentation

Un vaccin contre l’intolérance au gluten ?

Une équipe américaine avec qui collabore une chercheuse montréalaise vient d’élucider l’une des causes de l’intolérance au gluten. Un virus serait responsable du tiers des cas. Un vaccin est en préparation.

« Nous avons démontré formellement chez la souris le mécanisme par lequel le réovirus active l’intolérance au gluten dans le système immunitaire », explique Valérie Abadie, une microbiologiste de l’Université de Montréal, qui est coauteure de l’étude publiée début avril dans la revue Science. « Nous avons aussi observé chez l’humain une présence plus forte d’anticorps à ce réovirus chez les patients intolérants au gluten. »

Pourquoi le lien n’avait-il jamais été observé ? « C’est un virus inoffensif, alors il ne fait pas partie des tests sanguins habituellement », explique Mme Abadie, qui étudie la question depuis près de 10 ans.

Quel sera l’impact clinique de cette découverte ? « Les chercheurs de l’Université de Chicago avec qui je travaille préparent un vaccin contre le réovirus, qui pourrait être administré aux gens qui ont une vulnérabilité à la maladie », dit Mme Abadie. Cette vulnérabilité consiste en des mutations génétiques qui rendent la surface de certaines cellules du système immunitaire humain plus susceptibles de reconnaître et de cibler le gluten de manière inappropriée.

D’autres causes restent méconnues

Il existe d’autres mécanismes d’acquisition de l’intolérance au gluten, qui sont encore mal connus, ce qui explique que seulement 30 % des patients pourront bénéficier de cette approche, selon Mme Abadie.

Y a-t-il d’autres maladies auto-immunes qui sont activées par un virus ? « Ç’a été évoqué, mais nous sommes les premiers à le prouver expérimentalement, dit Mme Abadie. Il y a eu des travaux préliminaires sur d’autres maladies auto-immunes gastro-intestinales, comme la maladie de Crohn, mais ils ne faisaient que suggérer une origine virale. »

L’expérience a été faite avec des souris génétiquement modifiées de manière à ce qu’elles aient plus de risques d’attraper une version murine de l’intolérance au gluten. Elles ont ensuite été exposées au réovirus et on leur a fait manger du gluten.

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