CHRONIQUE

Un daïquiri avec Jean-Philippe

Jean-Philippe Wauthier s’est enfin extirpé de son bloc de glace pour nous offrir Bonsoir bonsoir !, le nouveau talk-show estival de Radio-Canada. D’emblée, je dois dire que je n’avais aucune attente et que j’ai été plutôt comblé par ce rendez-vous qui sent l’été, la désinvolture et le daïquiri à plein nez.

Réglons tout de suite la question des invités convenus faisant partie des premières émissions. Il est vrai qu’on a droit à des visages mille fois vus dont les propos ont du mal à étonner. Mais ceux qui étaient impatients de donner leur opinion sur l’émission avant même qu’elle ne soit en ondes n’avaient pas vu que d’autres invités que l’on voit moins souvent (Marcel Sabourin, Eddy de Pretto, Mehdi Bousaidan) font également partie du menu cette semaine.

J’ai regardé les deux premières émissions en tentant d’avoir un regard neuf. Moi qui ne suis pas un grand fan de ces variétés, je n’ai pas du tout boudé mon plaisir. Est-ce parce que le ton de l’émission me rappelait que l’été s’en vient (et que j’ai mauditement hâte de sortir les sandales), toujours est-il que j’ai passé un moment très agréable.

Jean-Philippe Wauthier, l’homme qui anime plus vite que son ombre, semble très à l’aise dans cette formule.

Son ton se situe quelque part entre celui qu’il adopte à La soirée est (encore) jeune et celui qu’il avait à Deux hommes en or avec, en boni, un petit côté shag-a-lag que ne renierait pas Pierre Lalonde.

L’ouverture de l’émission de lundi a été hilarante. L’idée de ces vedettes prodiguant des conseils bidon à Wauthier était très bonne. Michèle Richard et Serge Laprade, les deux anciens animateurs de Garden Party, lui ont fait un « spray tan » et lui ont suggéré de porter un complet blanc. Quant à Pénélope McQuade, elle lui a fait une coiffure en forme de bol semblable à la sienne. Tout cela lançait bien le bal.

Je me suis d’ailleurs demandé pourquoi on n’avait pas utilisé le montage des « bonsoirs » de divers animateurs en guise d’ouverture mardi soir plutôt que de le diffuser au retour d’une pause. Ces montages coûtent cher à fabriquer, autant bien les exploiter.

Comme c’est souvent le cas lors d’une première émission, celle de lundi a été cahoteuse. Wauthier était nerveux (c’est normal) et la présence de Phil Roy, l’un de ses trois invités, n’aidait en rien la situation. Était-ce un manque de sensibilité ou d’écoute de la part de Phil Roy ? Ou le résultat d’un ego fraîchement gonflé ? Toujours est-il que le jeune humoriste a pris beaucoup de place, retirant le tapis sous les pieds de l’animateur.

Heureusement, Maripier Morin, ultra-sensible à ce qui se déroulait, a voulu tempérer les choses. À un certain moment, elle a carrément mis sa main sur la bouche de Phil Roy pour le faire taire. Ajoutez à cela une joyeuse cacophonie qui a souvent régné entre l’animateur et ses invités… Disons que l’écoute était ardue pour les téléspectateurs.

Pendant quelques secondes, j’ai cru que Jean-Philippe Wauthier allait empoigner une bouteille de Southern Comfort qui se trouvait dans son décor et la vider à même le goulot ! Heureusement, l’émission du lendemain a été nettement plus ordonnée, plus facile à écouter. « En effet, j’étais à boutte », a dit Wauthier mardi soir en parlant de son baptême.

Parlant de Southern Comfort, tout le monde a louangé le décor de l’émission. Ce décor (magnifiquement éclairé) est en fait un gigantesque bar. Ce qui m’amène à m’interroger sur l’omniprésence de l’alcool dans nos émissions de divertissement. On a l’impression qu’on ne peut plus faire une émission sans la présence d’un punch au rhum. Tant qu’à s’entourer d’artifices et à être de son temps, vivement une émission où les invités se partageront un gros pétard ! Après tout, le pot est aussi légal que l’alcool. J’attends ce moment avec impatience.

Mardi soir, Jean-Philippe Wauthier avait réuni autour de son bar Mehdi Bousaidan, Jean-Michel Anctil et Christian Bégin. Ce dernier a raconté une curieuse anecdote concernant Roy Dupuis. Il y a plusieurs années, le héros des Filles de Caleb est arrivé très tard à une fête organisée par Bégin et il aurait dit à l’interphone « Je suis Roy Dupuis » afin qu’on le laisse rentrer. Je crois qu’après cette confidence, ces deux gars ne seront plus à inviter au même garden-party.

Les caméras qui n’étaient pas toujours au bon endroit au bon moment lundi soir ont vite été réalignées dès la deuxième émission. Il faut dire que la disposition de l’animateur (penché d’un côté du bar) et celle de ses trois invités (installés de l’autre côté) n’est pas un scénario habituel. Le moment où Wauthier s’isole avec un invité sur des fauteuils est bon et permet à un autre ton de s’installer. Il est toutefois bizarre d’entendre un autre invité, installé au bar, s’interposer tout à coup dans la conversation.

L’émission de mardi s’est terminée par une « amie » de l’émission. L’humoriste Christine Morency est venue faire un numéro en s’adressant à Christian Bégin. Si le but était de créer un malaise, c’était réussi. On verra comment se tireront d’affaire Denise Bombardier, Serge Denoncourt, Maude Landry, Arnaud Soly et Jean-Sébastien Girard.

Jean-Philippe Wauthier a dit en entrevue qu’il voulait intégrer le public dans l’émission, nous faire sentir sa présence. J’espère que cela viendra dans les prochains jours. Pour le reste, cette émission a tout ce qu’il faut pour agrémenter notre été car, comme l’ont si bien dit Michèle et Serge, « on ne va pas passer l’été au lit, on préfère chanter, bronzer, merci ».

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.