Chronique

Frima fait le saut

de la capitale à la métropole

Loin de fléchir, la croissance et la vitalité soutenues de l’industrie québécoise des jeux vidéo ne cessent d’étonner. Après qu’un grand studio montréalais comme Ubisoft a décidé de s’implanter à Québec pour élargir sa base de recrutement, voilà que Frima, une entreprise de la capitale nationale, décide de faire l’inverse pour les mêmes raisons en ouvrant un nouveau studio à Montréal.

En publiant les faits saillants d’une toute nouvelle étude, mon collègue Karim Benessaieh a démontré de façon éloquente, hier matin, combien l’industrie des jeux vidéo a enregistré une croissance fulgurante au Québec au cours des deux dernières années. Le rapport de l’Association canadienne du logiciel de divertissement – qui a été présenté officiellement hier après-midi dans le cadre du MIGS (Montreal International Game Summit), le Sommet international du jeu de Montréal –, a recensé l’arrivée de 42 nouveaux studios de création de jeux vidéo au Québec au cours de cette période.

En deux ans, le nombre de studios québécois de création de jeux est ainsi passé de 97 à 139, alors que le nombre d’emplois directs générés par l’ensemble de l’industrie a fait un bond de 2100 pour atteindre 10 850 employés à temps plein.

Loin de s’estomper, la croissance de l’industrie québécoise du jeu vidéo est solidement arrimée dans l’avenir immédiat, alors que 87 % des studios prévoient enregistrer au cours des deux prochaines années une hausse de leurs activités et que 66 % des firmes anticipent même que leur croissance sera supérieure à 25 %.

C’est la réalité avec laquelle doit composer le Groupe Frima, de Québec, dont j’ai rencontré les dirigeants il y a tout juste deux semaines et qui m’avaient expliqué leur grand projet transformationnel de devenir, sur le modèle de Disney, une entreprise intégrée du divertissement.

Bien implanté dans la capitale nationale, avec ses 360 employés qui s’activent à créer des jeux vidéo, réaliser des projets d’animation et développer des jouets connectés, Frima se présente comme le plus important studio de divertissement numérique et de jeux vidéo à propriété canadienne. J’ai recroisé hier, dans les coulisses du Sommet international du jeu de Montréal, les grands patrons de Frima qui m’ont dévoilé de nouveaux détails de leur audacieux plan d’expansion.

DE LA CAPITALE À LA MÉTROPOLE

Frima va inaugurer, en janvier prochain, un nouveau studio de création de jeux vidéo boulevard Saint-Laurent, à Montréal.

L’entreprise espère embaucher bientôt au moins 20 employés pour lancer ses opérations en début d’année, mais évalue que ses besoins en main-d’œuvre pourraient rapidement porter à une centaine de personnes les effectifs de son nouveau studio montréalais.

« On a présentement 70 postes à combler pour répondre à notre seul carnet de commandes. Une partie de ces embauches va être réalisée à Québec mais notre bassin de population a des limites et c’est pourquoi on a décidé d’ouvrer un nouveau studio à Montréal », explique François Sansregret, chef des opérations de Frima Studio.

Guillaume Aniorté, vice-président, développement stratégique et acquisitions, de Groupe Frima, confirme en précisant que cette expansion vise aussi à mettre sur pied un deuxième pôle de créativité pour le groupe de Québec.

« Au départ, le studio de Montréal va réaliser des mandats communs à celui de Québec mais on veut monter une équipe qui va développer ses propres mandats de création.

« C’est aussi un positionnement stratégique que de s’implanter à Montréal. Mes bureaux vont être au studio du boulevard Saint-Laurent. On veut puiser dans le bassin de Montréal, il y a ici des gens créatifs qui s’intéressaient à Frima mais qui n’étaient pas prêts à déménager à Québec », résume le vice-président.

Steve Couture, cofondateur et PDG de Groupe Frima, ajoute que cette nouvelle étape s’inscrit dans le développement stratégique de l’entreprise qui vient de réaliser une ronde de financement en vue de faire des acquisitions au Canada dans le secteur de l’animation.

« On suit notre plan qui prévoit aussi une expansion au Canada anglais, mais l’ouverture d’un studio à Montréal va nous permettre de réaliser notre carnet de commandes et de développer nos propres productions. Cette année, on a dû refuser des contrats parce qu’on n’avait pas les effectifs pour les réaliser », souligne-t-il.

Avec un taux de chômage de 10,5 %, Montréal traîne lamentablement la patte par rapport au taux de 4,9 % qu’affiche la ville de Québec. Heureusement, la métropole peut compter sur la contribution de l’industrie du jeu vidéo et son taux de chômage proche de zéro.

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