Commerce électronique  Marketplace

BIENVENUE DANS LE « MARCHÉ FACEBOOK »

Que peuvent faire les 1,7 milliard d’abonnés Facebook après avoir échangé nouvelles, vidéos cocasses et photos de famille ? Vendre et acheter, a annoncé hier le réseau social. Il s’attaque ainsi à des sites de ventes entre particuliers comme Kijiji et Craigslist avec sa propre plateforme, Marketplace. Quelles sont ses chances de succès ? Y a-t-il un domaine à l’abri de la gourmandise de Facebook ? Cinq experts répondent.

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UNE MINE D’INFORMATIONS

Vendre sur Marketplace sera gratuit, et Facebook ne gérera pas les transactions, qui sont sous l’entière responsabilité des membres. Ceux-ci n’ont pas le droit de proposer des produits illégaux ou des armes et doivent respecter la politique générale de Facebook. « Plus tard », selon ce qu’a confié au site TechCrunch un responsable du réseau social, on explorera les possibilités de monétisation. 

Pour Morad Benyocef, professeur à l’école de gestion Telfer de l’Université d’Ottawa, elles sont déjà évidentes. « Le but ultime pour Facebook est de ramener plus d’usagers et de leur offrir plus de services pour qu’ils interagissent plus souvent. Ce qui signifie plus de données collectées et plus de publicité ciblée, ce qui est sa source de revenus. »

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Une bataille farouche avec Kijiji

Dès 2007, Facebook avait ouvert une première mouture de Marketplace qui a finalement disparu sept ans plus tard. « Pour l’instant, au Québec, Kijiji domine complètement le marché et a une longueur d’avance », note Fabien Durif, directeur de l’Observatoire de la consommation responsable de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM. Il y a de la place pour d’autres acteurs qui ont une offre « différente », estime-t-il, comme l’économie collaborative avec Troque-tes-trucs. 

Thoma Daneau, conseiller en stratégie numérique, « doute grandement » que Facebook parvienne à s’imposer. « Leur moteur de recherche est ordinaire, et ils sont très limités par leur obligation de respecter la vie privée de leurs abonnés. »

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Appel à la prudence

De nombreux écueils attendent Facebook, à commencer par la protection inexistante des acheteurs – qui doivent se contenter de quelques informations de profil de leur vendeur. Pour Ariane Ollier Malaterre, de l’ESG UQAM, le risque de révéler trop d’informations et en outre bien réel.

« Ma première réaction, c’est d’appeler les gens à la prudence. Au-delà des amis, il y a des collègues, des patrons, des étudiants connectés à votre profil. Si je vends un canapé, je montre probablement une photo de mon intérieur. Si je vends mon 4x4 alors que tout le monde me croit écologiste, si une vente tourne mal… Ça peut nuire à ma crédibilité. » Elle estime important de cloisonner certaines activités sur l’internet… à l’inverse de ce que propose Marketplace.

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L’avenir dans la production

Malgré des revenus publicitaires estimés à 18 milliards cette année et une hausse constante de ses abonnés, Facebook fait face à un phénomène inquiétant : « Les moins de 24 ans y passent moins de temps, le nombre d’heures plafonne », dit Gilles LeVasseur, professeur à l’école de gestion Telfer de l’Université d’Ottawa.

D’où la nécessité pour le réseau social de trouver un autre moyen de retenir ses membres à l’écran. La suite des choses ? « La production de nouvelles, puis télévisuelle à la Netflix, puis le monde de l’éducation, prédit le professeur. Ça va accentuer encore leur domination, alors qu’ils sont déjà beaucoup trop gros. »

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« Autre façon de connecter »

Marketplace, qui sera disponible cette semaine dans quatre pays mais pas au Canada, est une sous-section de Facebook qui affichera automatiquement une liste de produits mis en vente par des abonnés. On pourra y fouiller selon divers critères, mettre en vente ses propres objets ou simplement repérer ce qui est offert dans les environs.

Il s’agit du prolongement des « groupes d’achats et de ventes » que permet Facebook et qui seraient fréquentés par 450 millions de membres. « Une autre façon de connecter », précise le blogue de l’entreprise. Dans un premier temps, Marketplace sera offert en application mobile aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Australie et en Nouvelle-Zélande. D’autres pays et une version pour ordinateurs suivront dans les prochains mois.

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