Événements

Une soupe (et son bol) pour une bonne cause

On achète une soupe, servie dans un bol offert par un céramiste québécois. On repart avec le bol. Et on encourage du même coup des organismes communautaires. Voilà ce que proposent les sept événements Bols du partage, qui se tiennent ce mois-ci à Montréal et en Montérégie. À Mont-Saint-Hilaire, la dixième édition a lieu aujourd’hui, de 11 h 30 à 16 h, à l’Atelier-boutique Ne faites pas l’autruche (581, chemin de la Montagne). Les bols remplis de soupe seront vendus 22 $. À Montréal, les six événements (dont quatre à venir) visent à récolter des fonds pour des organismes qui luttent contre la faim. — Catherine Handfeld, La Presse

Choix de carrière  L’ado en mode décision

Portraits-robots pour guider les finissants

Comment aider des jeunes âgés de 16 à 18 ans à faire des choix de carrière éclairés ? Louis Cournoyer et Lise Lachance ont sondé plus de 2000 élèves de cinquième secondaire pour mieux comprendre leur mode de pensée. L’aide que parents et orienteurs pourraient leur fournir serait ainsi fonction de leur profil.

L’ado en mode décision est un ouvrage qui détaille une étude réalisée auprès de 2155 élèves de 17 écoles secondaires du Québec. Les jeunes participants devaient se situer par rapport à différents critères.

Est-ce qu’ils recueillent beaucoup d’informations avant de prendre une décision ? Quelle importance accordent-ils à l’analyse de ces informations ? Réfléchissent-ils beaucoup à leur avenir ? Sont-ils organisés ? Est-ce qu’ils consultent leurs proches ou amis ? Est-ce que c’est important pour eux de faire plaisir à leurs parents ? Est-ce qu’ils savent ce qu’ils veulent faire ? Est-ce qu’ils remettent à plus tard leurs décisions ? Est-ce qu’ils sont pressés ? Influençables ? Fatalistes ? etc.

À partir de ces réponses, les auteurs-chercheurs ont établi sept profils – même s’il se peut que votre ado combine les caractéristiques de plusieurs profils. Selon eux, l’approche des parents et des orienteurs devrait tout de même tenir compte du profil dominant de chacun.

Les authentiques

Ils sont autonomes, organisés, ouverts aux conseils des autres, apprend-on dans L’ado en mode décision. « Ils recherchent la congruence entre ce qu’ils savent d’eux-mêmes et ce qui s’offre à eux. » « En apparence, tout va bien, nous dit Louis Cournoyer, conseiller en orientation, professeur à l’UQAM et coauteur de l’ouvrage. Mais ils sont traversés de doutes, ils ont souvent peur d’échouer et ils n’arrivent pas… à se décider. On peut les aider en les questionnant sur leurs peurs, leurs hésitations », indique-t-il. Qu’est-ce qui te fait peur ? Qu’est-ce qui demeure incertain ? Qu’est-ce que tu crains en prenant cette décision ? Est-ce qu’il y a des vérifications que tu pourrais faire pour te rassurer ? « On va les questionner sur leurs perceptions, les encourager dans leurs valeurs », nous dit le conseiller en orientation, qui constate que c’est le profil le plus répandu.

Les rationnels

Ils sont structurés, rigoureux, efficaces. « Ce sont des machines, résume Louis Cournoyer. Ils vont tout couvrir, ils iront au-delà de ce qu’on leur demande de faire comme recherches, ce sont vraiment des jeunes performants. » L’envers de la médaille ? Ils sont très indépendants et ne tiennent absolument pas à consulter les autres. Ils veulent faire les choses à leur façon. Pour les aider, Louis Cournoyer conseille aux parents de ces jeunes-là de reconnaître leur besoin d’assumer seuls leurs décisions. « On peut discuter avec eux, mais sans jugement, croit-il. Dans leur cas, le processus de décision sera inversé, nous dit-il. On va leur demander par exemple comment ils sont arrivés à cette décision. As-tu parlé à d’autres personnes ? Quels sont les avantages que tu vois ? » Une façon de leur renvoyer des questions auxquelles ils répondront eux-mêmes.

Les spontanés

Dans la fable de La Fontaine, ils correspondent à la cigale, nous dit d’entrée de jeu Louis Cournoyer. « Ils vont prendre des décisions sur-le-champ, mais sans trop d’évaluation. Ils ont deux vitesses, écrivent les auteurs : arrêté et empressé. » Par contre, n’allez pas croire qu’ils prennent ces décisions à la légère. Ils sont en fait très anxieux et très préoccupés par ces prises de décision, nous explique Louis Cournoyer. « Ce sont des jeunes qui se présentent dans nos bureaux le 15 février pour leurs choix du 1er mars… », nous dit-il. Comment les aider ? « Il faut les amener à être plus mobilisés dans l’action. Les échanges doivent être faits dans un contexte plus détendu, par exemple en faisant une activité. On peut leur poser des questions comme “De quoi tu rêves ?”, “Qu’est-ce que tu ferais si tu gagnais un million ?” Il faut les aider à faire des liens entre ce qu’ils aiment et ce qu’ils pourraient faire. »

Les engagés

Ils ressemblent aux « rationnels », nous dit Louis Cournoyer, en ce sens qu’ils veulent bien s’informer, ils sont capables de réflexion, mais ils sont moins structurés et ils risquent de se perdre. « Ils valorisent le labeur personnel, écrivent les auteurs. Pour eux, la chance ou le destin n’existe pas. D’où leur stress de faire le choix parfait. » « En fait, ils sont assez rigides, croit le spécialiste en orientation. Ils ont une idée de ce qu’ils veulent faire, mais ils prendront beaucoup de temps pour faire avancer leur projet.  Je dirais qu’il faut respecter leur souffrance. Il faut les écouter beaucoup, sans leur donner des solutions. On peut les aider à visualiser les choix qu’ils pourraient faire. Par exemple, on peut écrire les choix sur des chaises et leur demander comment ils se sentent une fois assis », illustre-t-il.

Les inspirés

« Les inspirés attendent d’être frappés par une lumière orientante », explique Louis Cournoyer. « Leur inspiration n’est pas le produit de longues réflexions, de démarches rigoureuses ou d’analyses, mais d’une illumination d’une idée émergente. Une chose est sûre, selon eux, la solution viendra de l’extérieur. Ils peuvent changer d’avis, selon les influences. Ils ne s’arrêtent pas sur des certitudes. On ne sait jamais ce qui pourrait arriver, croient-ils. » L’avantage est qu’ils sont très ouverts à la discussion. Aussi bien en profiter pour provoquer des échanges. « Il faut les ramener à leurs intérêts, à leurs qualités. Il faut les conforter dans leur pouvoir d’agir. On peut identifier des programmes ou des disciplines et leur demander pourquoi ils répondent oui à ceci et non à cela. »

Les transportés

Ils sont représentés par une plume, parce qu’ils se laissent un peu guider par le vent, dit Louis Cournoyer. Comme les « inspirés », ils font leurs choix au hasard de la vie. « Ils ont tendance à se demander à quoi ça sert. Est-ce que je serai encore dans cet état d’esprit dans 10 ans ? Pourquoi planifier tout ça si je ne sais même pas si je vais aimer ça… ? Ce sont des Forrest Gump, qui courent, mais sans trop savoir où ils vont. Ils se laissent voguer. Côté parent, il faut accepter leur philosophie, même s’ils semblent avoir des idées arrêtées. La plupart du temps, oui, ce sont des garçons. Ils sont souvent très brillants, mais ils ne rentrent pas toujours dans le moule de l’école. Ils peuvent te citer Nietzsche dans une rencontre d’orientation. »

Les opportuns

À ne pas confondre avec « opportunistes ». Ils vont prendre leur décision au moment qu’ils jugent opportun, après avoir pesé le pour et le contre. C’est dans ce sens qu’il faut l’entendre. « Ce sont des gens qui sous-traiteraient volontiers leurs choix de carrière. Il y a chez eux un enjeu d’estime et de confiance, nous dit Louis Cournoyer. Pour cette raison, ils repoussent la décision à plus tard, ils sont peu motivés, peu engagés. Ce sont des jeunes qui vont écouter et qui feront ce qu’on leur dit de faire. Il faut les aider à se reconnaître dans leurs forces, provoquer des discussions, des réflexions. » Vous pouvez évaluer certains programmes ensemble, suggère l’orienteur. Il faut toutefois prendre garde de ne pas décider pour eux, préviennent les auteurs, même si ça, dans ce contexte, ça peut être tentant de le faire.

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