Pour clôturer leur congrès, les militants de Québec solidaire (QS) ont voté à l’unanimité, dimanche, pour la création d’une instance autochtone afin de faire entendre les voix des Premières Nations et des Inuits. Il s’agit d’une première pour un parti politique au Québec.
« On a une belle opportunité de travailler ensemble, s’est réjoui Gérard Brian, membre de la nation innue et militant pour Québec solidaire depuis de nombreuses années. C’est un travail de longue haleine. Il y a une reconnaissance vraiment inouïe. »
« Aujourd’hui, je suis fière de mon parti, a affirmé la co-porte-parole Manon Massé. On vient de prendre une décision collective qui est historique : à Québec solidaire, les autochtones ont désormais une voix encore plus forte. »
Le but de cette nouvelle instance est de « fournir une voix pour les personnes autochtones au sein de QS, et du leadership pour le travail de développer des relations de nation à nation entre QS et les communautés et peuples autochtones », selon le document proposé pour adoption.
Les détails concernant cette nouvelle instance n’ont pas encore été déterminés. QS laisse à ses membres autochtones le soin d’élaborer un plan pour la suite.
Si le Québec devenait souverain, QS serait ouvert à négocier avec les Premières Nations et les Inuits en se conformant à la Déclaration des Nations unies sur le droit des peuples autochtones.
Gabriel Nadeau-Dubois a toutefois indiqué que de telles négociations ne mèneraient pas au morcellement du territoire québécois. « L’exercice du droit fondamental à l’autodétermination des peuples autochtones n’implique pas la partition du territoire », a déclaré le co-porte-parole.
Confiance en leurs co-porte-parole
Rassemblés à Longueuil pour leur congrès, les 600 militants de Québec solidaire ont donné à nouveau leur confiance à Gabriel Nadeau-Dubois et à Manon Massé aux postes de co-porte-parole lors d’un vote, dimanche.
Leur mandat sera donc prolongé jusqu’en 2021.
Manon Massé était la seule à se présenter pour le poste de porte-parole féminine. Quant à Gabriel Nadeau-Dubois, il se présentait contre le Beauceron Étienne Gélinas.
Ce sera l’avant-dernier mandat de deux ans pour ces postes. À partir de 2023, les co-porte-parole seront nommés pour une période de quatre ans.
« J’ai hâte qu’on mette fin à la pauvreté au Québec, a dit Manon Massé devant ses partisans à Longueuil, qu’on récupère les milliards qui s’envolent dans les paradis fiscaux, qu’on finance notre culture comme du monde. »
Gabriel Nadeau-Dubois a profité de son discours pour critiquer le gouvernement de François Legault. Il accuse la Coalition avenir Québec de rejeter « la science ».
« On n’arrive pas à trouver un seul expert qui appuie le troisième lien ? Pas grave, on va sortir la peinture verte et appeler ça un projet de lutte aux changements climatiques », a affirmé avec ironie M. Nadeau-Dubois.
Indépendance et changements climatiques
Manon Massé a souligné dimanche l’importance pour le Québec de faire l’indépendance afin de devenir un leader environnemental et se séparer d’un Canada « pétrolier ».
La souveraineté et l’environnement ont été au cœur des discussions tout au long du congrès de Québec solidaire. Le parti souhaite obtenir la souveraineté lors d’un premier mandat au pouvoir.
« La Constitution canadienne nous tient dans un État pétrolier, a dit Manon Massé en point de presse dimanche. Dans cette perspective-là, créer un Québec-État est une façon de couper avec cette réalité-là. » Aucun nouveau projet pétrolier ne verrait le jour dans la province si QS réalisait l’indépendance.
Mme Massé croit que le gouvernement doit faire plus d’efforts pour réduire les émissions de CO2 de la province. « Je croirai [que] M. Legault [est] vraiment sincère pour lutter contre les changements climatiques lorsqu’il dira non à tous les projets d’exploitation et d’exploration gazière et pétrolière sur le territoire, a dit Mme Massé. Je n’entends pas ça depuis un an. »
Pour la dernière journée du congrès qui avait pour thème « Prendre le pouvoir, transformer le Québec », les membres de QS ont voté afin d’élire des représentants à l’interne.
Ils se sont aussi prononcés sur la façon d’arrimer leurs idées avec celles d’Option nationale. Ce parti a fusionné avec Québec solidaire à l’issue d’un vote en décembre 2017.
La députée Catherine Dorion brillait par son absence lors du congrès, qui s’est ouvert vendredi soir et a duré trois jours. Le parti a indiqué qu’elle restait à Québec pour appuyer le candidat Olivier Bolduc dans la circonscription voisine de la sienne, Jean-Talon, où des élections partielles auront lieu le 2 décembre. M. Bolduc, quant à lui, était présent au congrès.
— Avec Janie Gosselin, La Presse