Stratégies

Mediagrif se lance dans l’intelligence artificielle

Mener une entreprise, c’est avant tout une affaire de stratégie. Chaque vendredi, des dirigeants révèlent quelques éléments de leur plan de match et de leur vision.

Mediagrif se prépare à ouvrir prochainement un laboratoire d’intelligence artificielle à son siège social de Longueuil. L’initiative vise à mieux exploiter la multitude d’informations que l’entreprise récolte grâce à ses différentes plateformes de commerce électronique.

« Le nerf de la guerre est d’avoir des données. On peut sortir énormément d’informations utiles pour nos clients actuels », a dit hier le PDG de l’entreprise, Claude Roy, en marge de l’assemblée annuelle des actionnaires organisée au club privé 357C, dans le Vieux-Montréal.

La base de données du site de rencontres Réseau Contact ne sera pas exploitée dans le cadre de la nouvelle initiative. Mais le site de petites annonces LesPAC et les solutions de Mediagrif qui s’adressent aux donneurs d’ordres et aux fournisseurs de services sont au cœur du projet.

Mediagrif souhaite notamment offrir des produits qui aideront les clients à préciser les appels d’offres qui les intéressent.

La direction entend investir au moins 1 million de dollars au cours des 12 prochains mois pour développer son expertise en intelligence artificielle.

Un expert en intelligence artificielle vient même d’être recruté pour appuyer le projet. Cette personne, dont l’identité sera officiellement connue cet automne, se verra offrir un siège au conseil d’administration de Mediagrif. Le spécialiste en question est notamment en contact avec des universitaires, ce qui pourrait amener des stagiaires à contribuer au projet et ainsi limiter les coûts de l’opération.

Une acquisition au fort potentiel

Si Claude Roy a toujours en tête l’objectif de 100 millions de chiffre d’affaires, relancer la croissance organique est prioritaire.

Pour y parvenir, la direction mise beaucoup sur la récente acquisition d’Orckestra, cette société qui offre des solutions de commerce pour les entreprises de ventes au détail et manufacturières pour des clients comme Sports Experts, IGA et Mondoux.

« On veut monétiser cette acquisition. Il y a une opportunité gigantesque et on ne veut pas passer à côté. C’est un marché qui explose et on veut être un joueur important », dit Claude Roy.

« L’achat de Whole Foods par Amazon marque un changement énorme dans les habitudes de consommation. Ceux qui ne suivront pas la vague auront beaucoup de difficulté à survivre. Les gens ne veulent plus aller dans les centres d’achat. Les commerces doivent changer. »

— Claude Roy, PDG de Mediagrif

Visiblement déçu par la récente performance financière et boursière de Mediagrif, l’investisseur montréalais Sebastian van Berkom a interpellé Claude Roy durant l’assemblée des actionnaires. « Les investisseurs attendent un changement dans les chiffres pour croire à votre optimisme », a lancé M. van Berkom.

« Je suis aussi anxieux que vous de renverser la tendance. Je pense sincèrement qu’Orckestra est l’élément qui aidera Mediagrif à changer les choses », a répondu Claude Roy.

Mediagrif n’est pas à vendre

Plusieurs observateurs continuent par ailleurs de croire que Mediagrif demeure une cible d’acquisition attrayante. D’autant plus que dans une autre vie, Claude Roy a déjà vendu une entreprise inscrite en Bourse (Logibec).

À cet effet, le principal intéressé raconte avoir eu des discussions récemment avec des acquéreurs potentiels.

« Il y a un an et demi environ, des investisseurs européens et canadiens ont téléphoné pour voir comment ils pourraient soutenir notre croissance », dit Claude Roy. En d’autres mots, explique le PDG, ils voulaient savoir si Mediagrif était à vendre.

Claude Roy, qui détient une participation en actions de 24 % dans Mediagrif, a accepté de rencontrer quelques acquéreurs potentiels en compagnie d’un analyste financier et de documenter le processus. « J’ai informé le conseil d’administration de la démarche et j’en suis venu à la conclusion que je ne suis pas intéressé à vendre.

« Je tenais à faire cette démarche. Ma famille m’en parlait. Mais c’est toujours la même chose. L’encre n’est pas sèche sur le contrat de vente qu’il y a déjà 50 employés de licenciés. Je ne peux pas m’imaginer passer à la caisse pendant que des employés de Mediagrif perdent leur emploi. Si tout le monde vend au Québec, mes petits-enfants vont travailler où ? », dit le dirigeant qui a eu 70 ans mercredi.

« Quelqu’un qui passe 25 ans à restaurer une maison ancestrale sur l’île d’Orléans pour en faire un petit royaume, pensez-vous qu’il va la vendre ? Non, il va tout faire pour que ses enfants puissent en profiter. Je me sens un peu comme ça. »

Claude Roy préfère continuer à bénéficier du dividende versé par Mediagrif plutôt que de vendre, et il calcule que c’est son devoir de maintenir des emplois au Québec. « Je ne ferais rien de plus que ce que je fais aujourd’hui si je vendais. Je n’ai pas besoin d’un jet privé ni d’un bateau de 300 pieds. »

Mediagrif en bref

Activités : plateformes de commerce électronique

Siège social : Longueuil

PDG : Claude Roy

Principaux actionnaires : Claude Roy (24 %) et Fiera Capital (13 %)

Nombre d’employés : 450

Chiffre d’affaires : 77 millions

Forces

Gestionnaires d’expérience

Revenus récurrents importants (62 %)

Diversité des plateformes

Faiblesses

Croissance organique inégale des plateformes

Marges bénéficiaires sous pression

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