Éditorial  Tarifs des garderies

Les faits

« Saccage de la politique familiale », « retour de 20 ans en arrière », « attaque contre les familles »… Depuis l’annonce de la nouvelle tarification des services de garde, les formules-chocs abondent. Tâchons de tenir un débat fondé sur les faits.

1. La contribution des parents doit être rehaussée pour tenir compte de la forte croissance des coûts du programme, de 1,4 milliard en 2004-2005 à 2,3 milliards aujourd’hui. « Il faut stabiliser le financement de nos services de garde », expliquait le ministre des Finances du gouvernement Marois, Nicolas Marceau, en annonçant il y a neuf mois une augmentation du tarif de 7 $ à 9 $.

Comme le rappelait l’an dernier un groupe de travail mis sur pied par ce même gouvernement, la contribution parentale est passée de 20 % des coûts en 1997 à 13,5 % aujourd’hui. Le tarif modulé annoncé jeudi ramènera la part des parents à 20 %.

2. Si l’on admet que la contribution parentale doit être accrue, deux voies s’offrent au gouvernement : une augmentation uniforme ou une hausse modulée en fonction des revenus des familles. Plusieurs trouvent injuste cette dernière approche. Pourtant, pour 57 % des familles concernées, les moins nanties, les services de garde coûteront moins cher que si le tarif avait été rehaussé à 9 $ pour tous.

3. « Les familles plus aisées paient déjà plus d’impôts », soulignent ceux qui dénoncent la modulation. Cependant, des pays aussi réputés pour leur politique familiale que le Danemark, la Suède, la Norvège et la France ajustent le tarif de garde en fonction des revenus des parents.

4. On entend dire aussi que l’augmentation des tarifs poussera certaines femmes à quitter le marché du travail. Quels que soient les bienfaits des services de garde subventionnés, force est de reconnaître que des facteurs plus lourds amènent les femmes à travailler. À preuve, ce n’est pas au Québec que la proportion de femmes sur le marché du travail est la plus élevée, mais en Alberta (67 % contre 61 %). Pourtant, y faire garder un enfant coûte entre 48 $ et 60 $ par jour.

De plus, dans des provinces où les tarifs sont bien plus élevés qu’au Québec, la proportion de femmes sur le marché du travail a augmenté autant qu’ici.

5. La nouvelle politique tarifaire est-elle une « attaque » contre les familles ? N’importe où ailleurs en Amérique du Nord, les parents seraient fous de joie en apprenant que l’État paiera 80 % de ce que leur coûte la garde de leurs enfants.

Enfin, si « attaque » il y a, elle vise une minorité de familles. Il y a au Québec 900 000 familles comptant au moins un enfant mineur. De ce nombre, 190 000 (20 %) ont présentement recours aux services de garde à contribution réduite. Et parmi ces dernières, plus de la moitié subiront une hausse de tarif d’au plus 50 cents par jour.

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