Analyse

Encore Sagan… comme dans le Vieux-Québec

On se serait presque cru dans le final du Grand Prix de Québec. Philippe Gilbert qui lance le sprint en côte à 700 m de la ligne, suivi de Greg Van Avermaet, lui-même contré par Sonny Colbrelli et ensuite Peter Sagan, qui d’autre.

Ces quatre acteurs ont déjà laissé leur empreinte sur la Grande Allée, en particulier Gilbert et Sagan, qui s’y sont imposés. Dauphin du Slovaque en 2016 et 2017, Van Avermaet a pour sa part gagné sur le mont Royal en 2016, un mois après sa médaille d’or des Jeux olympiques de Rio.

Du bien beau monde, donc, chacun avec ses intérêts dans cette dernière montée d’un kilomètre à Quimper, hier, point d’arrivée de la cinquième étape du Tour de France.

Maillot jaune sur les épaules, le Belge Van Avermaet cherchait à protéger son acquis quand Gilbert a détalé. Celui-ci anticipait sans doute que son coéquipier de Quick-Step Julian Alaphilippe, lui aussi bien placé au classement général, puisse en profiter, mais le vainqueur de la Flèche wallonne a fini un peu à court (5e).

Pendant un moment, Colbrelli (2e) a pensé que ça y était, mais, comme à La Roche-sur-Yon dimanche, Sagan a montré qui était le plus fort. Deuxième du sprint massif la veille, le champion mondial a remis ses habits de puncheur pour faire la loi face à des spécialistes de la trempe d’Alejandro Valverde (4e), Dan Martin (6e) ou même Vincenzo Nibali (10e).

« J’étais bien placé. Finalement, je suis parti au bon moment, comme Colbrelli. Mais, à la toute fin, j’ai poussé plus fort que lui », a relaté Sagan, qui signait sa 10e victoire sur le Tour. Depuis le départ, il n’a jamais fait pire que deuxième dans une étape en ligne.

Comparé à une mini-classique des Ardennes, le parcours de cette étape de 205 km, sinueuse et accidentée, n’a pas provoqué les pétards attendus, au déplaisir de Bernard Hinault. « Dommage que les coureurs n’aient pas saisi le moment pour faire la course », s’est désolé le quintuple gagnant du Tour dans l’émission suivant l’étape.

Assis à ses côtés après avoir suivi l’épreuve moto, l’ancien maillot jaune Thomas Voeckler a acquiescé, avec une nuance : « Attention, ça ne veut pas dire que l’étape n’a pas été difficile. C’est une journée très difficile, mais contrôlée par les équipes. »

Les BMC de Van Avermaet ont tenu en respect une échappée peu menaçante, de laquelle Lilian Calmejane, Nicolas Edet et Tom Skujiņš se sont ultimement extirpés. Calmejane s’est un peu énervé, jugeant que Skujiņš, champion du Tour de Beauce en 2014, ne prenait pas assez de relais. Le Letton a eu le dernier mot, enlevant les deux derniers prix de la montagne pour revêtir le maillot à pois à la fin de l’étape.

Tandis que l’Agence mondiale antidopage fournissait de nouvelles explications sur son blanchiment dans le dossier du salbutamol, Chris Froome a démontré comment il prenait cette étape au sérieux, Sky roulant à fond dans les deux, trois derniers kilomètres. Manifestement, le Britannique est en mission.

Gilbert, Alaphilippe et Valverde n’auront pas à attendre longtemps pour tenter leur revanche, l’arrivée de la sixième étape aujourd’hui étant jugée au sommet du deuxième passage à Mûr-de-Bretagne. Sagan peut-il encore le faire sur « L’Alpe-d’Huez bretonne » ?

Une position risquée ?

Le Français Élie Gesbert s’est fait une petite frayeur en tentant de suivre ses compagnons d’échappée dans une descente. Le jeune coureur de l’équipe Fortuneo a perdu la maîtrise de sa monture après avoir adopté une position aérodynamique un peu risquée, assis sur le tube horizontal de son vélo. En direct sur la moto, Thomas Voeckler a suggéré d’interdire cette position qu’il juge dangereuse, approuvé aussitôt sur Twitter par le grimpeur de FDJ Thibaut Pinot, absent du Tour. Chris Froome est l’un de ceux qui ont popularisé cette manœuvre, l’utilisant entre autres durant sa fameuse échappée au Giro. Le Slovène Matej Mohorič a été le véritable précurseur lors de sa victoire aux Championnats du monde espoirs de Florence, en 2013, réussissant à pédaler dans cette position un peu bancale. Dix ans plus tôt, Lyne Bessette et Geneviève Jeanson, en échappée ensemble, avaient aussi usé de cette technique aux championnats canadiens disputés sur le futur parcours des Mondiaux de Hamilton.

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