Hôpital général de Montréal

Des employés des urgences craignent pour leur sécurité

Des employés des urgences de l’Hôpital général de Montréal (CUSM) se disent « terrorisés » par des membres de groupes criminels et s’inquiètent pour leur sécurité, affirment-ils dans une pétition remise à la direction de l’hôpital le 13 février dernier.

Des membres de différents corps professionnels affectés aux services d’urgence se sont regroupés parce qu’ils vivaient des situations de violences, explique Sandra Seto, présidente par intérim du syndicat local de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (SPSICR-CUSM), qui représente notamment le personnel infirmier. Les employés du bloc opératoire, au huitième étage, seraient particulièrement exposés, et ce, en raison de la présence de certains visiteurs, d’après la pétition dont Montreal Gazette a fait état hier. 

« On ne peut pas être comparés aux autres hôpitaux de la province ! On vit une triple situation : on est un centre de traumatologie, on est un centre psychiatrique et on est au centre-ville, donc il y a des gangs de rue et de l’itinérance ! », dit en entrevue avec La Presse Mme Seto.

La direction de l’hôpital a répondu aux demandes des signataires en affirmant qu’un « plan d’action » était en voie d’être instauré. 

L’embauche d’agents de sécurité supplémentaires, l’ajout d’un grand nombre de caméras ainsi qu’un contrôle accru de l’accès à plusieurs zones de l’établissement font partie des améliorations que Pierre-Marc Legris, directeur des Services techniques, de la planification et de la gestion immobilière au CUSM, s’est engagé à mettre en œuvre dans un communiqué interne daté du 19 février dernier que La Presse a obtenu.

Toutefois, sur le terrain, les promesses ne semblent pas s’être matérialisées pour le moment. « Aucune modification n’a été apportée. Des délégués ont visité les lieux et il était encore très facile de circuler sans carte », affirme un responsable des communications à la CSN, la centrale syndicale à laquelle sont affiliés les préposés aux bénéficiaires, le personnel d’entretien et le personnel administratif de l’Hôpital général de Montréal.

« Les membres sont satisfaits du plan d’action, mais l’information concernant sa mise en place ne nous a pas été communiquée. » 

— Sandra Seto, du SPSICR-CUSM

Deux jours après le dépôt de la pétition, le directeur de la sécurité de l’établissement a été congédié. L’événement ne serait toutefois pas lié aux revendications des employés, soutient le service des communications de l’établissement, joint par La Presse.

Ce n’est pas la première fois que des événements de cette nature ont lieu à cet hôpital du centre-ville. En septembre 2017, un patient en psychiatrie a tenté d’étrangler une infirmière et a agressé une préposée aux bénéficiaires. Aucun agent de sécurité n’était alors affecté à la salle d’attente. L’Hôpital général de Montréal a par la suite corrigé le tir.

Deux mois plus tard, en novembre, l’établissement de santé a à nouveau fait les manchettes. Hospitalisé à la suite d’une tentative de meurtre, un membre d’un gang de rue a reçu la visite de ses pairs. Après que l’un d’eux eut été vu avec une arme, les visiteurs ont été évacués et toutes les visites ont été suspendues pour la journée.

Violences quotidiennes

D’autres hôpitaux montréalais doivent composer avec des problèmes similaires.

« Je ne pense pas du tout que nous sommes suffisamment protégés par les services de sécurité », dit Stacy Sigler, aide-infirmière en chef, aux urgences de l’hôpital Royal Victoria, autre établissement du Centre universitaire de santé de McGill. Elle affirme avoir été elle-même victime de violence et avoir souvent été en contact avec des groupes criminels pendant sa carrière. « Ce n’est pas pour les cœurs sensibles ! », lance-t-elle.

Les professionnels de la santé sont les employés les plus visés par des actes de violence en milieu de travail, selon les chiffres comptabilisés par la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail.

La gestion des sans-abri est également un enjeu de taille. « Je pense que l’hôpital devrait les tolérer tant et aussi longtemps qu’ils ne sont pas une menace pour personne. C’est un établissement public et il est certain que ce n’est pas la vocation du milieu, mais on ne peut ignorer leurs besoins primaires », souligne Florence Laurendeau-Martin, infirmière à l’hôpital Royal Victoria.

Mme Laurendeau-Martin s’inquiète de la violence en milieu hospitalier tant envers les professionnels que lorsqu’il est question de renvoyer des sans-abri ne trouvant pas de places dans les refuges.

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