alimentation

Une nouvelle laitue qui tolère la canicule

Napierville — En été, quand vous achetez un Big Mac, la laitue qui le garnit provient probablement du Québec. Alors que la province avait vendu pour 41,7 millions de dollars de laitues en 2012, les recettes ont dépassé 83 millions en 2015, selon le ministère de l’Agriculture.

« La laitue est le légume le plus cultivé au Québec, en valeur de production », indique Jean-Bernard Van Winden, copropriétaire des Fermes Hotte et Van Winden et président de la Fondation pour l’amélioration génétique de la laitue et des légumes feuilles, dite Fondation laitue.

Bon coup pour ce secteur : une nouvelle variété de laitue iceberg plus adaptée à nos chauds étés (oublions 2017, un instant…), la bien nommée AAC Canicula, vient d’être officiellement certifiée par l’Agence canadienne d’inspection des aliments. « Canicula supporte mieux la chaleur que les autres variétés », fait valoir M. Van Winden.

Conçue à Saint-Jean-sur-Richelieu

Canicula est issue d’un croisement réalisé à Saint-Jean-sur-Richelieu, en 1998. Elle est l’enfant de Mme Valleygreen et de M. Ithaca (deux autres variétés de laitue), dont la rencontre a été orchestrée par Sylvie Jenni, d’Agriculture et Agroalimentaire Canada. Ses feuilles sont vert moyen, « fermes et croustillantes », décrit Djamila Rekika, chargée de projet à la Fondation laitue.

Les avantages de Canicula sont nombreux. Elle développe moins de nervurations brunes par temps chaud, a des feuilles qui ne touchent pas trop le sol (meilleure résistance à la pourriture), en plus d’avoir un cœur court et d’être une bonne grosse laitue, pesant jusqu’à 1 kg.

Les redevances sur les ventes de semences de Canicula sont versées à la Fondation laitue, qui regroupe une quinzaine de producteurs, afin de poursuivre la recherche et le développement de variétés innovantes. Malheureusement, il est impossible de savoir si on achète une Canicula au supermarché, puisque les différentes variétés d’icebergs n’y sont pas indiquées.

Qualité californienne

« Notre défi, c’est d’accoter le standard de qualité des laitues californiennes, explique M. Van Winden. Si notre produit est de la même qualité, on entre sur le marché de la côte est américaine, parce qu’on a l’avantage d’offrir un temps de transport plus court. Ça prolonge la vie des laitues sur les tablettes. »

Fait étonnant, en Californie, la laitue est cultivée par temps relativement frais, au nord, l’été, au sud, l’hiver. Les variétés californiennes, dont le rendement est maximal entre 7 et 24 °C, souffrent au Québec lors des longues journées chaudes.

D’où l’importance de développer des variétés locales impeccables, pour intégrer l’impitoyable marché de la transformation – celui des laitues prélavées et précoupées, pour salades, sandwichs et hamburgers. « Le marché en croissance, c’est celui du prêt-à-l’emploi », confirme M. Van Winden.

Succès d’Estival

Précédemment, la laitue Estival a été développée au Québec pour bien croître lors de jours de plus de 13 heures d’ensoleillement. Certifiée en 2007, Estival est populaire au Québec et, depuis peu, aux États-Unis. « Cette année, on reçoit des redevances importantes de Californie pour Estival, indique M. Van Winden. Ils se sont rendu compte que cette variété est résistante au fusarium, un champignon qui les affecte. »

En améliorant la capacité génétique à se défendre de la plante, « les producteurs veulent pouvoir utiliser le moins de pesticides possible », dit M. Van Winden. Après avoir combattu la chaleur, « on veut maintenant faire la même chose contre les insectes et les bactéries », annonce-t-il.

9,6 kg/an

Consommation de laitues fraîches par personne au Canada, en 2015

Source : Profil sectoriel de l’industrie horticole au Québec, 2016

D’autres laitues à venir

Richelieu

« Richelieu va sortir l’an prochain », révèle Djamila Rekika, chargée de projet à la Fondation laitue. Issue d’un croisement réalisé en novembre 2004 au Québec, Richelieu est une laitue pommée de grand diamètre, qui est moins touchée par la « brûlure de la pointe » lorsqu’il fait très chaud.

Estival résistante au puceron

« Un gène résistant au puceron nasonovia a été incorporé à la laitue Estival », explique Mme Rekika. La présence de ces pucerons suceurs de sève rend les laitues invendables, surtout pour le marché de la transformation. La variété Estival résistante au puceron doit être sur le marché « dans deux ans maximum », estime le producteur Jean-Bernard Van Winden.

Romaines innovantes

« Il y aura bientôt de nouveaux types de laitue romaine », indique Mme Rekika. Créer une nouvelle variété de laitue pommée prend de huit à dix ans, un temps raccourci à environ sept ans pour la laitue romaine.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.