Élections provinciales

Quatre royaumes aux réalités bien différentes

Si les sondeurs n’ont pas encore eu le temps de retourner vers la population afin de disséquer l’électorat de chacun des partis politiques, les données du dernier recensement permettent de dessiner les contours des « royaumes » conquis par ceux-ci.

Au royaume de la CAQ

Proportion de propriétaires la plus élevée de tous les partis et de locataires, la plus faible.

88 %

Proportion de personnes qui conduisent pour aller au travail (moyenne provinciale : 78 %).

Proportion faible d’immigrants et de minorités visibles (5 % dans chaque cas).

91 %

Proportion d’individus qui ont le français comme langue maternelle (moyenne provinciale : 79 %).

Au royaume du PLQ

52 %

Proportion d’individus qui ont le français comme langue maternelle (moyenne provinciale : 79 %).

On compte près d’un tiers d’immigrants, le ratio le plus élevé de tous les partis (moyenne provinciale : 14 %).

81 000 $

Revenu moyen par ménage, le plus élevé (moyenne provinciale : 77 000 $).

On compte près d’un tiers de minorités visibles, le ratio le plus élevé de tous les partis (moyenne provinciale : 13 %).

Au royaume de QS

40 %

Proportion des résidants âgés de plus de 25 ans qui ont au moins un baccalauréat (moyenne provinciale : 25 %).

62 000 $

Revenu moyen par ménage, le plus bas de tous les partis (moyenne provinciale : 77 000 $).

Plus de la moitié utilisent un moyen de transport actif (transports  en commun, marche, vélo) (moyenne provinciale : 21 %).

39 ans

Âge médian (médiane provinciale : 43 ans).

Au royaume du PQ

47 ans

Âge médian (médiane provinciale : 43 ans).

92 %

Proportion d’individus qui ont le français comme langue maternelle, un sommet (moyenne provinciale : 79 %).

Moins de 1 habitant sur 30 est immigrant ou membre d’une minorité visible (moyenne provinciale : 14 et 13 %, respectivement).

16 %

Proportion des résidants de plus de 25 ans qui ont au moins un baccalauréat (moyenne provinciale : 25 %).

Les données correspondent aux moyennes établies en fonction des statistiques sociodémographiques associées à chacune des circonscriptions gagnées. Elles ont été tirées du recensement de 2016 par le Directeur général des élections. Elles concernent la population générale de chacune des circonscriptions, pas uniquement les électeurs de chacun des partis.

Élections provinciales

Les caquistes à l’assaut des urnes

La machine électorale libérale est traditionnellement reconnue pour sa capacité à faire « sortir le vote ». Mais elle a failli cette fois-ci : les secteurs où les électeurs ont été les plus nombreux à se rendre aux urnes lundi ont appuyé massivement la Coalition avenir Québec (CAQ). Autrement dit, les taux de participation les plus élevés ont été enregistrés en grande majorité dans des circonscriptions qui ont élu des députés caquistes.

Les champions du devoir de citoyen

Louis-Hébert (Québec) : 80,5 %

Élue : Geneviève Guilbault, CAQ

Montarville (Montérégie) : 80,4 %

Élue : Nathalie Roy, CAQ

Verchères (Montérégie) : 77,5 %

Élue : Suzanne Dansereau, CAQ

Chutes-de-la-Chaudière : 76,6 %

Élu : Marc Picard, CAQ

Que s’est-il passé avec la légendaire « machine libérale », censée être rodée au quart de tour pour s’assurer que les partisans votent en grand nombre ? À l’opposé, les électeurs qui ont boudé le vote se trouvent surtout dans des circonscriptions montréalaises traditionnellement libérales, où le PLQ a conservé ses acquis. Peut-être estimaient-ils que l’issue du vote était prévisible, puisqu’il s’agit de sièges que les libéraux remportent généralement facilement. L’exception à la règle : Ungava, où seulement 30,9 % des électeurs ont voté, a choisi le caquiste Denis Lamothe, avec une mince majorité de 45 votes sur son adversaire du Parti québécois (PQ).

Taux de participation les plus faibles

D’Arcy-McGee : 46,5 %

Élu : David Birnbaum, PLQ

Westmount–Saint-Louis : 48,5 %

Élue : Jennifer Maccarone, PLQ

Saint-Laurent : 51,9 %

Élue : Marwah Rizqy, PLQ

Des Châteaux forts libéraux tombés aux mains de la CAQ

Le parti de François Legault a réussi à former un gouvernement majoritaire en mettant la main sur plusieurs bastions libéraux, qu’aucun autre parti n’avait pu conquérir avant. La vague caquiste a renversé des majorités écrasantes obtenues par les libéraux lors des dernières élections. En voici quelques exemples : 

Gatineau

Circonscription libérale depuis 1962

2014 – Stéphanie Vallée, PLQ : 61,6 %

2018 – Robert Bussière, CAQ : 41,8 %

Chapleau

Circonscription libérale depuis 1981

2014 – Marc Carrière, PLQ : 57,8 %

2018 – Mathieu Lévesque, CAQ : 40,44 %

Papineau

Circonscription libérale depuis 1981

2014 – Alexandre Iracà, PLQ : 50,4 %

2018 – Mathieu Lacombe, CAQ : 46,9 %

Châteauguay

Circonscription libérale depuis 1985

2014 – Pierre Moreau, PLQ : 49,6 %

2018 – MarieChantal Chassé, CAQ : 37,1 %

Brome-Missisquoi

Circonscription libérale depuis 1980

2014 – Pierre Paradis, PLQ : 44,5 %

2018 – Isabelle Charest, CAQ : 44,4 %

Un « Parti québécois solidaire » aurait formé l’opposition officielle

Dans son discours de lundi soir, le chef défait du PQ, Jean-François Lisée, a attribué sa déroute en partie à la montée de Québec solidaire et au refus du parti de gauche d’unir les forces souverainistes pour faire échec à la CAQ et au PLQ. En additionnant les votes exprimés en faveur de QS et du PQ dans toutes les circonscriptions, on obtient en effet un portrait passablement différent.

Redistribution des sièges en additionnant les appuis à QS et au PQ 

CAQ : 64 sièges (au lieu des 74 obtenus)

PLQ : 27 sièges (au lien des 32 obtenus)

« Parti québécois solidaire » : 34 sièges (au lieu des 10 de QS et des 9 du PQ obtenus)

Un « Parti québécois solidaire » aurait devancé le PLQ pour devenir l’opposition officielle. La CAQ n’aurait eu qu’un seul siège de plus que la majorité à l’Assemblée nationale. Un tel « Parti québécois solidaire » aurait pu faire plus de gains dans la grande région de Montréal (Pointe-aux-Trembles, Bourget, Verdun, Maurice-Richard, Laval-des-Rapides, Taillon, Verchères, Saint-Jean), mais aussi à Québec (Jean-Talon) et ailleurs dans la province, comme dans Saint-François (Estrie), Abitibi-Ouest, Labelle, Lac-Saint-Jean, Gaspé et Ungava. Cette extrapolation ne tient pas compte du fait que des partisans déçus de l’un ou l’autre des deux partis n’auraient peut-être pas appuyé un parti fusionné, ou à l’inverse, que des citoyens n’ayant voté ni pour QS ni pour le PQ auraient peut-être appuyé un parti né d’une fusion.

Source des données : Directeur général des élections du Québec

— Avec Thomas de Lorimier, La Presse

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