Chronique

Le décevant moment Star Wars d’Unité 9

Ce moment Star Wars dans Unité 9, nous l’attendions depuis au moins sept ans. L’instant charnière où Marie Lamontagne (Guylaine Tremblay) chuchoterait enfin à sa sœur Lucie (Émilie Bibeau) cette phrase mythique : « Lucie, je suis ta mère ! »

L’aveu a été fait hier soir. Pour les retardataires, l’alerte au divulgâcheur s’active ici comme le mécanisme d’ouverture de la porte de l’atelier de couture de Lietteville.

Assise dans le solarium de l’hôpital, l’actrice Guylaine Tremblay a livré son poignant monologue avec une progression habilement dosée. « Je t’aime comme une mère, parce que c’est ce que je suis. Je suis ta mère. C’est moi qui t’ai portée. » Jusque-là, la scène nous essorait le cœur. Une première larme dans 3, 2, 1…

Puis, la réaction de Lucie, blanche comme un fantôme, a été extrêmement plate, un anticlimax total : « Je comprends tellement d’affaires là. » Fin de l’échange.

Lucie n’a pas été ébranlée et n’a posé aucune question de relance. Du genre : ben voyons, comment ça se peut ? Avons-nous le même père ? Suis-je le fruit de l’inceste ? Qui est au courant ? Ma mère était donc ma grand-mère ? De simples interrogations de base, il me semble.

Mais non. Lucie a fixé le vide et la lente construction menant à la confession de Marie, qui a duré sept saisons, rappelons-le, s’est effondrée d’un seul coup. Quelle déception.

En même temps, Lucie ne pouvait pas blêmir d’un autre ton, car elle serait carrément devenue transparente. Peut-être qu’elle se protégeait de ça.

Pauvre Lucie. Après sa cure de désintoxication, la voilà aux prises avec une leucémie agressive.

Étonnamment, les segments les plus touchants de cet épisode nous ont été donnés par les détenues Solange Chrétien (Claire Jacques), qui s’est montrée vulnérable pour une rare fois, et Henriette Boulier (Danielle Proulx), qui a eu un bel élan de tendresse envers son ami improbable Maurice (Gaston Lepage).

Même Normand Despins (François Papineau), en deuil de sa fille, a été plus émouvant que Lucie, aussi livide qu’un cadavre embaumé par Anémone (Marina Orsini) dans Une autre histoire.

Funérailles burlesque dans le 5e Rang

Du côté de 5e Rang, la saga de la tête coupée a pris une pause bien méritée le temps d’enterrer le reste du corps du défunt, Guy Bérubé (Bobby Beshro).

Par contre, les funérailles ont pris un virage burlesque avec la bataille entre Francine (Muriel Dutil) et Marie-Jeanne (Catherine Renaud), bataille allumée par les deux commères de Valmont, Sam et Joe (Roger La Rue et Michel Laperrière). On ne sait plus trop s’ils sont gentils ou méchants, ces deux-là.

De retour au salon, Simon (Simon Pigeon) a été pris de rage devant un plateau de charcuteries et l’aérienne Marie-Paule (Ève Duranceau) a entonné Si Dieu existe de Claude Dubois. Mettons que les auteurs Sylvie Lussier et Pierre Poirier ne craignent pas les ruptures de ton.

Il subsiste quand même des mystères dans 5e Rang qui m’empêchent de décrocher. Par exemple, le voisin Charles (François Papineau), qui a déjà fréquenté Marie-Luce (Maude Guérin), serait-il le père de la timide Julie (Marie-Ève Milot) ? Cette dernière a reçu de la belle visite d’Allemagne dans l’épisode d’hier soir. Ça sent les explications la semaine prochaine.

Chacune des sœurs Goulet trimballe son lot de bagage émotionnel. Comme la prof Marie-Christine, qui a couché avec un élève mineur et qui forme maintenant un couple avec lui. Comme Marie-Jeanne la rebelle et cultivatrice de marijuana, allô, qui porte l’enfant du défunt mari de sa sœur Marie-Luce.

Et j’aime beaucoup le personnage de belle-mère détestable et calculatrice campé par Muriel Dutil. Cette comédienne est toujours excellente.

La bataille de 19 h 30

Je pense que l’épisode de Lâcher prise de lundi soir à Radio-Canada a été mon préféré jusqu’à présent. Je l’ai regardé deux fois pour mieux savourer le texte d’Isabelle Langlois. Madeleine (Sylvie Legault) pétait le feu comme jamais. Le costume d’Halloween de Simonne Monet-Chartrand, la visite de Monsieur le juge (Marcel Sabourin) chez le médecin ou la psychorigidité d’Éric (Simon Lacroix), tout fonctionnait parfaitement.

À TVA, l’émission rivale En tout cas a également offert à ses fans un épisode rigolo. Le séjour de Danielle (Guylaine Tremblay) à l’hôpital a donné lieu à une ribambelle de scènes cocasses. La deuxième saison d’En tout cas, plus incarnée, s’annonce meilleure que la première.

Alors que la plupart des séries et téléromans nagent dans le gros drame larmoyant, ces deux émissions pétillantes enjolivent nos froides soirées de patates de sofa (en robe de chambre, bien sûr).

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