Vente des quotidiens régionaux de gesca

« On a le temps de réfléchir »

La Presse s'est entretenue hier avec Martin Cauchon, qui s'est porté acquéreur des six quotidiens régionaux de Gesca dont Le Soleil à Québec.

On vous connaît comme ancien ministre et comme avocat. Qu’est-ce qui vous amène vers le secteur des médias ?

D’abord, je suis fondamentalement un entrepreneur dans l’âme et quand vous regardez pour trouver des entreprises intéressantes, avec lesquelles vous avez des atomes crochus, ce n’est pas nécessairement évident. C’est un secret de Polichinelle, quand on regardait l’ensemble des régionaux au sein de Gesca, alors que La Presse a développé un modèle absolument extraordinaire avec La Presse+, qu’il y avait un questionnement sur ce qu’il y a là-dedans pour les régionaux. Partant de là, ça a commencé à m’intéresser. […] Ça ne veut pas dire que ce sera nécessairement facile. Oui, c’est un défi. Mais j’achèterais n’importe quelle entreprise aujourd’hui et elle aurait ses défis.

Vous avez des pistes de solution, mais votre plan d’affaires n’est pas arrêté à ce stade-ci, si je comprends bien.

Non. La bonne nouvelle, c’est qu’il est clair, selon toutes les statistiques, que l’érosion du papier se fait de façon beaucoup plus lente dans l’ensemble des régions. Ça veut dire qu’on a le temps de réfléchir, de regarder un modèle d’avenir. […] Là-dessus, on va prendre le temps de s’asseoir avec l’équipe. Quand je parle d’équipe, pour moi, les syndicats sont des partenaires aussi. Les questions, ça va être : est-ce qu’on doit y aller tablette ? Si on va tablette, ce sera quand et comment ? Mais encore une fois, je pense qu’on va finir, à terme et c’est mon opinion aujourd’hui, avec un modèle qui sera hybride éventuellement.

Comment pensez-vous être capable de réussir alors que le contexte des médias est difficile, en particulier en région ?

Quand on regarde la situation, c’est beaucoup plus difficile dans les centres urbains que dans les régions. C’est vrai en chiffres. On a le temps de se tourner et de faire face à nos défis. Il y a des défis, oui, mais je pense qu’on sera capables de les relever.

Avez-vous prévu des réinvestissements dans les journaux ou, à l’opposé, des coupes supplémentaires ?

Il est trop tôt. Il faut que je prenne la mesure de tout ça. Je ne suis pas tout seul. Claude Gagnon, qui devient le président des six régionaux, est avec moi. Avec nos équipes de direction, on va regarder ça. Je pense qu’aujourd’hui, c’est une bonne nouvelle. C’est très porteur d’avenir. Maintenant, on a des réalités et on va faire face à nos réalités et nos responsabilités, mais en maintenant toujours l’idée de la pérennité des journaux, du maintien d’une qualité de l’information indépendante en région, qui se veut être le reflet des réalités des régions.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.