Chronique

L’auberge ferme : 30 postes abolis

Une trentaine de personnes bossant sur L’auberge du chien noir ont reçu jeudi le courriel fatidique de la direction de Radio-Canada : leur emploi disparaîtra après l’enregistrement du dernier épisode de ce téléroman, qui se déroulera le 15 décembre.

La lettre, que j’ai reçue d’un bon espion, mentionne que sur les 30 postes sabrés, 8 concernent des départs à la retraite. Une vingtaine de radio-canadiens perdent donc leur gagne-pain et tenteront de se replacer ailleurs dans l’organigramme. On parle ici, entre autres, de quatre caméramans, de cinq assistantes à la réalisation et de trois réalisateurs.

Cette annonce, qui marque la fin de la fabrication de séries de fiction par du personnel de la tour, n’est pas surprenante. En mars dernier, la SRC avait déjà fixé la date du retrait des ondes de L’auberge du chien noir : mars 2017. Au total, ce feuilleton signé par Pierre Poirier et Sylvie Lussier aura duré 15 saisons, pour un total de 377 épisodes.

L’auberge du chien noir, qui a pris les ondes en janvier 2003, était la dernière série usinée par et pour Radio-Canada. 

Sans vouloir « bitcher » inutilement, le calibre de cette émission maison n’accotait plus le niveau de qualité que livrent les producteurs indépendants (District 31, Feux, Les Simone, Mémoires vives ou Unité 9).

D’ailleurs, les antennes généralistes et spécialisées ne manufacturent plus elles-mêmes leurs téléséries. Elles les achètent de boîtes indépendantes comme Attraction Images, Amalga, Sphère Média, KOTV ou Zone 3, qui ont accès à un éventail plus varié de programmes d’aide ou de subventions. À TVA, L’imposteur, Au secours de Béatrice ou Boomerang proviennent tous d’entreprises externes.

La décision de Radio-Canada de se retirer de la fiction est purement économique. En sous-traitant ses téléromans et téléséries au privé, la SRC épargnera beaucoup de sous. En même temps, c’est la fin d’une expertise et d’une longue tradition qui a vu éclore de beaux talents et des projets formidables. Cette division de la SRC a déjà été à l’avant-garde. Elle périclitait depuis quelques années.

Cet automne, L’auberge du chien noir a été suivie par une moyenne de 768 000 téléspectateurs, ce qui inclut les enregistrements. C’est beaucoup moins que son rival à TVA, L’échappée, qui séduit 1 382 000 personnes tous les lundis à 20 h.

ADISQ 0, TVA 2

J’ai obtenu la confirmation officielle hier. Le gag sur Denis Coderre, qui pèserait un peu moins que les 392 livres de trophées remises au gala de l’ADISQ, n’était pas planifié. D’où la réaction étonnée – et très sincère – de Louis-José Houde après avoir poussé la blague alors que la salle se tapait violemment sur les cuisses.

La blague avait été écrite, bien sûr, mais son jumelage avec le maire de Montréal ne figurait pas au scénario de départ. « De toute évidence, il s’agit d’une petite maladresse malheureuse à la réalisation. Un malheureux hasard dans l’urgence du moment », note le scénariste François Avard, qui a relu tous les textes de l’animateur.

La présence de Céline Dion au Gala de l’ADISQ de dimanche n’a pas aidé Radio-Canada à battre TVA dans la guerre des cotes d’écoute. La fête de la musique québécoise a intéressé 1 124 000 curieux, loin derrière La voix junior (2 186 000) et Le banquier (1 519 000). À 19 h 30, le tapis rouge patrouillé par Herby Moreau et Claudine Prévost n’a attiré que 556 000 fans. Vlog (1 099 000) flotte toujours au-dessus du million.

J’avoue m’être lassé de La voix junior. Quand aucun fauteuil rouge ne pivote, les juges ont tellement peur que le jeune candidat réagisse mal qu’ils le couvrent de compliments, se jettent à ses pieds et lui soutirent parfois un rappel de sa performance. Il y a des limites au renforcement positif, je trouve.

Et comme l’a souligné Louis-José Houde dimanche soir, l’ajout de Maripier Morin dans l’antichambre débouche rarement sur de la grande télévision. Vas-y, amuse-toi ! répète-t-elle constamment aux concurrents. Charles Lafortune s’acquitte déjà fort bien de l’encadrement des mini-stars. C’est suffisant.

Le banquier spécial Halloween a été fort divertissant, comme d’habitude. Ça ne révolutionne pas la télé, mais c’est toujours amusant d’essayer de deviner quelle vedette se cache derrière les perruques et postiches. Le participant du jeu des valises, François LeBlanc, un charpentier-menuisier de 38 ans, était attachant et éloquent. On aurait aimé qu’il gagne plus que 85 200 $. Reste que cette somme couvrira une partie des frais de rénovation de sa maison, devenue trop étroite pour sa famille.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.