Soccer  Impact

Des hauts et des bas à l’étranger

Tout a commencé par un quiproquo à grande échelle. En ce dimanche du mois de février 2014, les réseaux sociaux et quelques médias annoncent que l’Impact est en pourparlers avec Pablo Piatti, milieu de terrain du Valence FC. Citant des raisons financières, le bleu-blanc-noir écarte rapidement toute possibilité de voir le joueur, aujourd’hui âgé de 27 ans, atterrir à Montréal. Et pour cause ! Dans les faits, Nick De Santis, alors directeur sportif, a bien les yeux sur un Piatti… mais il s’agit plutôt de Nacho, qui relance sa carrière sous les couleurs de San Lorenzo.

La relation, qui ne date pas d’hier, s’est lentement bâtie, dans l’ombre, depuis le retour du milieu offensif dans son pays natal, en 2012. Après avoir vu le joueur à l’œuvre à Buenos Aires, De Santis avait engagé rapidement des négociations pour l’attirer à Montréal. « En Argentine où il n’y a pas d’espace, il arrivait à avoir deux, trois grands moments par match en éliminant ses adversaires, se souvient De Santis. Je me disais qu’en Amérique du Nord, il y a tellement d’espace entre les lignes qu’il pourrait faire ce qu’il veut. Je le voyais devenir un joueur important. »

La première approche ne donne rien, mais le contact est établi entre les deux camps. Au printemps 2014, particulièrement pénible pour l’Impact, la donne change. Piatti n’est plus un joueur en perte de vitesse, mais le héros de tout un club. Sa bonne forme et son excellent parcours en Copa Libertadores l’ont transformé en une cible alléchante pour des clubs de différents continents.

Les enchères montent, les pistes européennes et latino-américaines se multiplient, mais l’Impact possède un avantage de taille auprès de Piatti, vanté pour sa loyauté. « Il a toujours reconnu qu’à son retour d’Italie, il ne suscitait pas beaucoup intérêt et que j’étais l’un des premiers à venir vers lui pour le recruter, souligne De Santis. La deuxième fois qu’on a commencé des négociations, il y avait plusieurs équipes sur lui, mais j’avais bâti une relation. Je l’avais vu une première fois, j’étais retourné pour le voir, lui, et sa famille. Il était à l’aise de parler avec moi au téléphone et même son agent m’avait permis de l’appeler directement. »

L’arrivée de Piatti est alors une quasi-certitude, mais ne sera pas confirmée avant le début du mois de juillet. S’ouvre alors la troisième expérience internationale de Piatti après des expériences mitigées en France et en Italie.

Saint-Étienne (janvier 2006-janvier 2007)

Le marché argentin a toujours constitué un vivier important pour les équipes européennes en quête de bonnes affaires. Lorsqu’un jeune homme du nom de Piatti est élu meilleur joueur de deuxième division avec Chacarita Juniors, en 2005, les recruteurs de clubs portugais et français travaillent déjà sur son cas. Après réflexion, il rejoint l’élite française, avec un contrat de quatre ans et demi en poche.

Lors de la première rencontre avec les médias, Piatti est présenté comme « un milieu de terrain polyvalent, un joueur de couloir qui peut également évoluer dans l’axe ». À l’âge de 21 ans, il est perçu comme un pari pour l’avenir, mais ayant aussi les capacités pour « apporter des solutions rapidement ». Cela ne sera pas le cas puisque Piatti, qui n’effectue qu’une apparition en championnat, doit se contenter de miettes lors des Coupes nationales.

« Je croyais qu’y aller était ce qu’il fallait faire, mais j’étais jeune et je ne pouvais pas compter sur un agent pour me guider. Ça m’a pris du temps à m’adapter sur le plan personnel et cela a aussi été difficile sur le terrain, dit Piatti. J’étais seul là-bas même s’il y avait un autre Argentin, Daniel Bilos, et un Colombien, Fredy Guarin. Ça reste quand même une belle expérience même si je ne jouais pas beaucoup. J’ai côtoyé de bons joueurs tels que Didier Zokora, qui faisait partie de la sélection ivoirienne avec Didier Drogba. Je me rappelle aussi Helder Postiga, membre de la sélection portugaise. Il y avait beaucoup de grands joueurs et c’est ce que j’ai gardé de cette expérience. » Un an après son arrivée à Saint-Étienne, Piatti rentre en Argentine, mais découvre, cette fois, la première division sous les couleurs de Gimnasia La Plata. Il prendra ensuite le chemin d’Independiente.

Lecce (juillet 2010-août 2012)

L’aventure de Piatti à Lecce se décline en deux temps. Une première saison prometteuse cependant marquée par quelques excès d’individualisme est suivie par une deuxième campagne largement plus anonyme. Il ne dispute que 12 matchs de championnat, dont les résultats débouchent sur une relégation de Lecce. « C’était une équipe qui était axée sur la défense et qui luttait pour ne pas descendre en deuxième division. L’entraîneur a choisi d’aligner d’autres joueurs parce que je possède un style plus offensif, reconnaît Piatti. La première année, j’ai accumulé pas mal de matchs, mais ça n’a pas été bien lors de ma seconde saison. »

Encore une fois, Piatti retourne en Argentine, où il ouvre le chapitre San Lorenzo. Il reste toutefois cette impression d’échecs sur le Vieux Continent. « C’est étrange, je ne m’explique pas le fait qu’il n’ait pas connu le succès en Europe. Je n’en ai pas parlé avec lui, mais en général, ils aiment bien les joueurs de cette trempe en Europe, souligne son ex-entraîneur Nestor Clausen. Nacho avait toutes les qualités pour réussir là-bas. Probablement qu’il n’était pas au bon endroit au bon moment. Cela arrive. Peut-être qu’il pourrait y aller maintenant et connaître du succès. »

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