Soccer

Alors que l’Impact s’apprête à affronter son ancien défenseur étoile Laurent Ciman et le Los Angeles FC, les rumeurs laissent croire que l’organisation montréalaise pourrait être en train de négocier l’arrivée d’un grand nom du foot espagnol.

Laurent Ciman

« J’ai toujours dit les choses en face »

Laurent Ciman l’avoue : il a passé trois belles années à Montréal sur le plan personnel. Au chapitre sportif, il admet aussi avoir connu des hauts et des bas. Dans cette histoire où l’un n’allait pas sans l’autre, il reste à définir la sortie, cet échange à Los Angeles au mois de décembre, qu’il a mis bien du temps à digérer.

À la veille des retrouvailles au stade Saputo, il a d’abord tenté de présenter cet Impact-LAFC (13 h) comme un match ordinaire. Puis, en mêlée de presse hier au Centre Nutrilait, certaines de ses réponses se sont mises à claquer avec la même vigueur que ses habituelles relances de 40 mètres. 

Pourquoi a-t-il été échangé ? « Je ne sais pas et je n’ai même pas envie de le savoir. […] J’ai toujours dit les choses en face aux joueurs, aux partisans, à la direction ou aux journalistes. Je n’ai rien à me reprocher. J’ai la tête tranquille, je sais ce que j’ai fait de bien et de moins bien. »

Espère-t-il passer un message à la direction montréalaise en sortant un grand match ? « Il y a assez de trucs autour de tout ça, il y a eu des insultes autour de ma personne, de ma vie privée. Je préfère ne plus en parler et mettre tout ça de côté. C’est un match qui va être émotif, c’est certain. Je serai content de voir les supporters et certaines personnes », a expliqué Ciman, barbe fournie et bonnet du LAFC vissé sur la tête.

« On va laisser les émotions au vestiaire, être compétitif sur le terrain. Je ne ferai aucun cadeau, que ce soit aux joueurs avec qui je m’entendais bien ou aux autres. »

— Laurent Ciman

Il n’y a peut-être pas de nostalgie, mais un restant de rancœur quant à la gestion humaine de son cas par certains protagonistes de l’Impact. Malgré tout, Ciman ne s’est pas coupé du club québécois. Il en connaît même un rayon sur son actualité des derniers mois, que ce soit la blessure de Zakaria Diallo, les prouesses de Jeisson Vargas sur coup franc ou les arrivées d’Alejandro Silva et de Rod Fanni (« un joueur de classe internationale »). Il a également louangé Nacho Piatti, en plus d’exprimer une pensée particulière pour les « soldats » Samuel Piette, Daniel Lovitz et Chris Duvall.

Et puis il y a les partisans avec qui il avait noué une relation particulière. Tandis que les offres européennes abondaient – et elles ont continué à abonder alors qu’il jouait pour l’Impact –, Ciman avait fait le pari québécois afin que sa jeune fille Nina, atteinte d’autisme, reçoive de meilleurs soins. Son histoire avait touché les gens de Montréal tandis que ses performances de la saison 2015 lui avaient rapidement valu le surnom de « Général ».

« Général Ciman » ? C’est d’ailleurs le message d’une bannière accrochée en face de l’entrée du Centre Nutrilait, hier après-midi. Après avoir salué Patrice Bernier, le défenseur belge s’en est d’ailleurs approché. Matthew et Bart, membres du club de supporters 1642 MTL, l’attendaient avec impatience.

« On s’est rencontrés lors d’une séance d’autographes au stade il y a deux ans, a précisé Matthew. Il a vu mes affaires sur Twitter, puis il m’a donné son numéro. J’ai même été chez lui, avec Diana [l’épouse de Ciman] et ses enfants. On se parle presque tous les jours. Il sait ce qu’on a fait. On avait pris des photos que je lui avais envoyées. Il était vraiment content de la voir. »

« Matthew a toujours été là pour moi, il m’a toujours aidé. Il fait les designs pour mes comptes Twitter et Instagram. Ça m’a fait chaud au cœur de le croiser, mais il n’y a pas que lui, a ajouté Ciman. J’avais une bonne relation avec la plupart d’entre eux et je veux les remercier parce que je n’ai pas eu l’occasion de le faire. Il y en a qui seront contents de me voir, d’autres pas, mais ça fait partie du métier. »

Éloge de la sobriété

Passé le choc de la transaction, Ciman s’est parfaitement installé à Los Angeles où il se sent bien , où il est « bien traité » et où sa « vie de famille va très bien ».

Il a rejoint un club d’expansion, dans la lignée qu’Atlanta United, avec de grandes ambitions dès sa première saison d’existence. Sur les terrains adverses, l’équipe californienne a d’ailleurs remporté trois victoires en cinq rencontres, mais a parallèlement connu des passages difficiles contre le Galaxy et Atlanta.

Et si Ciman, qui se méfie de l’Impact, devait marquer d’une frappe lointaine ou sur un coup de pied arrêté ? « Je célébrerais, mais sobrement. Juste par respect pour les supporters. »

L’histoire d’une bannière

Il a fallu un an et demi de travail à Bart, membre des 1642 MTL, pour confectionner la bannière qui attendait Ciman, hier, devant le Centre Nutrilait. « C’est parce que je le faisais pour la première fois de ma vie. J’ai réappris à coudre », a rigolé celui qui a été inspiré par l’histoire de la célèbre bannière orangée « Drogba Legend ». « On a profité de quelque chose fait par un groupe de supporters d’un autre club, soit Chelsea. Maintenant, c’est à mon tour de prêter cette bannière. » Le groupe est en effet en contact avec son pendant Black Army 1850, du LAFC, pour qu’elle soit affichée au Banc of California Stadium les jours de match.

En raison de la transaction ayant envoyé Ciman à Los Angeles, en retour de Jukka Raitala et de Raheem Edwards, la bannière de Bart n’a jamais pu être aperçue à l’intérieur du stade Saputo. « Je ne pensais pas que le club allait l’échanger avant la conclusion du contrat puisque Laurent avait choisi de venir à Montréal pour sa famille, a-t-il rappelé. J’étais certain qu’il me restait une autre année. Elle était prête pour la fin de l’année 2017, mais je ne voulais pas porter ombrage au dernier match de Patrice Bernier. »

En retrait, Matthew regarde l’œuvre de son camarade. Il porte une casquette du LAFC avec le nom de Ciman inscrit sur le côté gauche. « Je ne peux pas dire que je suis devenu fan de Los Angeles. Je suis montréalais et je suis partisan de l’Impact. Mais j’aime le joueur qu’est Laurent et je suis un fan. Mais l’équipe est plus grande que le joueur et je veux que l’Impact réussisse plus que L.A. » Quant au scénario parfait pour cet après-midi, il est clair. « Que l’Impact prenne les trois points, mais avec un but de Laurent. Un 2 à 1, par exemple », conclut Matthew.

— Pascal Milano, La Presse

Analyse

L’Impact doit-il se tourner vers Torres ?

De Nicola Zanone (37 ans) en 1993 à Didier Drogba (37 ans) ou Marco Di Vaio (35 ans) lors des années MLS, l’Impact n’a jamais hésité à se tourner vers des attaquants étrangers à la trentaine déjà bien entamée. Cette tradition se poursuivra-t-elle avec l’arrivée de Fernando Torres, âgé de 34 ans et dont le CV comporte des arrêts avec l’Atletico Madrid, Liverpool, Chelsea et l’AC Milan ? En début de semaine, l’Espagnol – libre de tout contrat à la fin du mois de juin – aurait écarté l’idée de jouer en Chine afin de rejoindre la MLS. D’après Arcadio Marcuzzi, du 98,5 FM, l’Impact aurait justement entamé des discussions avec le clan Torres.

Même si les rayonnements des deux joueurs ne sont évidemment pas identiques, la situation actuelle rappelle celle de Drogba en 2015. Cette fois-ci encore, le Fire de Chicago détient les droits de négociation, puisque Torres est placé sur sa liste de découvertes. En plus de convaincre le joueur et de s’entendre avec lui, l’Impact devrait donc négocier avec le Fire pour conclure une transaction. Il lui faudrait, par ailleurs, envisager l’obtention d’une place de joueur international, qui est devenue une denrée particulièrement coûteuse dans la MLS.

Le parallèle avec 2015 ne s’arrête pas là. En plus d’un problème de profondeur en milieu de terrain, l’Impact apparaît particulièrement démuni au poste d’attaquant.

Depuis ses excellentes séries de 2016, Matteo Mancosu n’a inscrit que sept buts en 28 rencontres, soit un but toutes les 275 minutes de jeu. Anthony Jackson-Hamel n’a pas connu le meilleur camp de sa carrière et ne s’est pas débarrassé de son étiquette de joker.

Alors, Torres, 110 sélections avec la Roja, est-il l’homme de la situation ? Avant tout, il ne faut pas analyser le joueur à travers ses performances avec Liverpool où il a connu ses meilleures années. La pointe de vitesse n’est plus la même, les échecs se sont succédé à Chelsea, puis avec l’AC Milan, et le temps de jeu a fortement décliné chez lui, avec l’Atletico. Désormais, Torres est très majoritairement remplaçant, avec seulement 3 titularisations en 22 apparitions de Liga en 2017-2018. En ajoutant les différentes compétitions, il a participé à 41 matchs, dont 15 comme titulaire. Sa récolte actuelle de neuf buts est la conséquence autant de ce rôle plus effacé que d’un déclin amorcé il y a quelques saisons.

Comme on l’a vu cet hiver, les équipes de la MLS se sont davantage tournées vers de jeunes joueurs, souvent sud-américains, pour composer leur secteur offensif. À cet égard, l’arrivée de Torres serait un anachronisme, même si le grand Zlatan Ibrahimovic, 36 ans, a vite confondu les sceptiques.

Torres, qui n’a ni la même aura ni la même forme physique que le Suédois, peut-il encore être décisif et inscrire une quinzaine de buts par saison ? Rien n’est moins sûr, même si la MLS n’a pas le niveau de la Liga. Cela reste tout de même la question à quelques millions de dollars.

Selon un texte paru dans Sports Illustrated il y a 10 jours, les directeurs généraux des équipes de la MLS étaient justement peu emballés par l’option Torres qui, à ce moment-là, exigeait un salaire autour de 4 millions de dollars. Par contre, son nom et son palmarès – champion du monde, vainqueur de l’Euro, de la Ligue des champions et de la Ligue Europa – titillaient bien des partisans, hier, sur les réseaux sociaux.

Si entente il y a, il ne faut pas s’attendre à voir l’Espagnol avant l’ouverture de fenêtre estivale, le 10 juillet. Blerim Dzemaili avait rejoint l’Impact prématurément, car le FC Bologne n’avait plus rien à jouer en fin de saison. De son côté, l’Atletico a les yeux rivés sur la Ligue Europa avec une demi-finale contre Arsenal (les 26 et 5 mai) et peut-être une finale le 16 mai.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.