Stratégie

Percée américaine pour Neopharm

Neopharm loge dans un immeuble anonyme du parc industriel de Blainville, entre un immense magasin Canadian Tire et les bureaux du brasseur Boréale. De l’extérieur, il est bien difficile de s’imaginer que plus de 100 chimistes, microbiologistes et autres techniciens testent ici chaque jour des échantillons de tous les plus grands groupes de l’industrie pharmaceutique, avec des équipements à la fine pointe de la technologie.

Le groupe est pourtant devenu l’un des principaux fournisseurs d’analyse de laboratoire au Québec depuis sa fondation il y a un quart de siècle. Avec quelque 135 employés et un chiffre d’affaires tournant autour de 20 millions de dollars, Neopharm Labs Inc. a développé une spécialité dans l’analyse de qualité pour les entreprises pharmaceutiques, selon les normes de Santé Canada et de la Food and Drug Administration (FDA) américaine.

« Notre force, c’est qu’on a tous les instruments disponibles ici, nous sommes un vrai “one-stop shop” », explique Nicolas Fortin, PDG de Neopharm, pendant une visite des laboratoires.

Objectif : États-Unis

Nicolas Fortin a repris la barre de Neopharm il y a 15 mois, avec la mission bien précise d’accélérer la croissance de l’entreprise. Fraîchement détenteur d’un e-MBA HEC-McGill, l’ingénieur industriel de formation n’a pas tardé à mettre en place plusieurs stratégies en vue de donner un coup d’accélérateur aux affaires du groupe.

Parmi les principaux atouts dont bénéficiait déjà Neopharm, M. Fortin souligne les importantes sommes qui avaient été investies pour moderniser les laboratoires. Les équipements et procédés étaient déjà à l’avant-garde de l’industrie, dit-il, mais le marché de Neopharm était essentiellement limité à des clients québécois ou à des filiales étrangères établies au Québec.

« Je trouvais ça dommage d’être pris sous le plafond de verre du secteur pharmaceutique québécois. »

— Nicolas Fortin, PDG de Neopharm

La vision du nouveau PDG concordait avec celle de l’actionnaire de Neopharm, Morris Adler, un homme d’affaires montréalais très actif dans le secteur immobilier. Il fallait investir dans le développement hors Québec, et vite. Nicolas Fortin a rapidement embauché un vice-président aux finances et une vice-présidente aux opérations – deux postes qui n’existaient pas – en vue d’établir une vision claire à présenter aux clients potentiels.

« Pour développer cette vision-là, on a embauché des gens de l’industrie pharmaceutique qui ont mis sur pied une proposition de valeur et une stratégie d’acquisition aux États-Unis », souligne Nicolas Fortin, qui a travaillé pendant cinq ans chez le géant Valeant avant de faire son e-MBA en 2014.

Acquisition stratégique

En parallèle, l’entreprise a embauché une représentante et un consultant qui ont sillonné sans relâche le corridor Washington-Boston pendant la dernière année. L’entreprise a conquis quelques nouveaux clients, mais elle a surtout réussi à mettre la main sur une entreprise de recherche contractuelle de la région de Boston, Averica Discovery. L’acquisition a été annoncée au début du mois.

Le rachat de ce groupe – pour une somme qui n’a pas été divulguée – devrait permettre à Neopharm de pénétrer un tout nouveau segment de marché, soit l’analyse et la recherche précédant la mise en marché de nouvelles molécules. Le groupe de Blainville se concentre pour sa part dans l’analyse de produits déjà commercialisés, allant des médicaments à la crème solaire en passant par les vitamines.

Nicolas Fortin voit une excellente complémentarité entre les deux sociétés. « Eux travaillent avec des produits qui, une fois commercialisés, auraient été envoyés dans une autre entreprise [pour être analysés], explique-t-il. Ils ont également un représentant, qui va pouvoir vendre notre offre de service en plus de celle d’Averica. »

Autre avantage majeur de la transaction : Neopharm bénéficie maintenant d’un établissement sur le sol américain. Un facteur rassurant pour bon nombre de clients potentiels, estime M. Fortin.

Neopharm a gardé en poste le Dr Jeffrey Kiplinger, président et fondateur d’Averica, qui devient vice-président de la nouvelle entité fusionnée. Le scientifique a passé 25 ans dans la multinationale Pfizer et bénéficie de nombreux contacts précieux dans l’industrie pharmaceutique au sud de la frontière, souligne Nicolas Fortin.

L’acquisition d’Averica porte à 150 les effectifs totaux de Neopharm. Le groupe espère mettre la main sur d’autres cibles dans le triangle Blainville-Toronto-Boston au cours de la prochaine année, souligne le PDG. L’entreprise, qui dégage des profits selon son dirigeant, vise une croissance dans les deux chiffres de son chiffre d’affaires.

Forces

– Offre de service globale, de type guichet unique

– Nouvel établissement aux États-Unis, qui facilitera le démarchage

– Fort accent mis sur « l’expérience client »

Faiblesses

– Difficulté d’attirer les talents qualifiés pour soutenir la croissance

– Présence de gros concurrents dotés de ressources importantes

– Consolidation rapide dans l’industrie, qui pousse le prix des cibles d’acquisition à la hausse

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