Éducation

« Ça n’a pas de bon sens », dit Camil Bouchard

« C’est détestable. » Voilà comment Camil Bouchard, l’auteur du rapport Un Québec fou de ses enfants, a réagi quand La Presse lui a parlé de journées pédagogiques à deux tarifs : 7,30 $ pour ceux qui restent à l’école et jusqu’à 40 $ pour ceux qui font des activités spéciales. « C’est à deux vitesses », a-t-il dénoncé. Le professeur retraité de l’UQAM a répondu à nos questions.

Que pensez-vous des écoles publiques qui offrent des journées pédagogiques à deux tarifs : 7,30 $ pour le service de base, plus cher pour des activités et sorties ?

C’est tomber dans le panneau de la facilité, de dire : « Les parents qui pourront payer l’activité à leurs enfants, tant mieux, et sinon, tant pis ». C’est détestable, parce que vous avez à l’intérieur des murs d’une même école un traitement discriminatoire sur la base du revenu des parents. On module les activités qu’on offre aux enfants à partir du revenu des parents. Ça n’a pas de bon sens.

Ce qui est le plus choquant, le plus frustrant, c’est que ce sont les enfants qui auraient le plus besoin de ces activités qui n’y ont pas droit. C’est navrant.

Comment les services de garde peuvent-ils financer les sorties ?

Actuellement, il y a deux façons de faire : vous demandez aux parents de contribuer ou vous faites appel à une fondation que vous créez ou à laquelle vous êtes allié et vous payez les activités en faisant des quêtes, des collectes, la vente de chocolat et toute la patente.

Le deuxième choix est moins choquant du point de vue de l’égalité des chances et de l’égalité de traitement, puisque vous pouvez offrir l’activité à tout le monde, en la finançant par la fondation. Mais ça demande des efforts incroyables de la part des écoles et des services de garde, qui ne savent plus où donner de la tête avec toutes les questions de financement.

Quelle est la solution ?

Le statut des journées pédagogiques devrait être revu, de telle sorte qu’on décrète que ce sont des journées scolaires éducatives au même titre que les autres, donc gratuites. Un financement doit être offert par le ministère de l’Éducation pour permettre d’offrir des activités enrichies à tous les enfants, lors des journées pédagogiques.

L’idée, ce n’est pas d’appauvrir tout le monde. Au contraire, c’est de profiter de ces activités pour faire éclater le cadre d’apprentissage des enfants. Leur faire découvrir d’autres perspectives, d’autres horizons. C’est une belle occasion d’innover dans le programme scolaire.

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