TAXE SUR L’HÉBERGEMENT AIRBNB

Des recettes deux fois plus élevées que prévu

L’entente survenue entre le gouvernement du Québec et la plate-forme de location à court terme Airbnb a rapporté 7,4 millions aux associations touristiques régionales (ATR) en un an, soit deux fois plus que prévu initialement. La donnée a été rendue publique hier par la société américaine.

L’entente prévoit qu’à partir du 1er octobre 2017, Airbnb perçoit automatiquement, au nom de ses hôtes, la taxe de 3,5 % sur l’hébergement sur les réservations effectuées par le truchement de sa plate-forme. Airbnb remet les sommes quatre fois l’an à Québec qui, ensuite, les redistribue aux 22 ATR en fonction du lieu de la réservation. Les estimations initiales établissaient à 3,7 millions le montant potentiel des taxes perçues sur une base annuelle.

Au moment de la signature, l’entente constituait une première canadienne. Depuis, un accord semblable a été conclu avec la Colombie-Britannique et des villes ontariennes comme Ottawa, Cornwall et Sudbury.

Pour la période allant du 1er octobre 2017 au 1er octobre 2018, Airbnb a perçu et remis 7,4 millions à Québec. Le gros de cette somme, 3,8 millions, est allé à Tourisme Montréal, organisme chargé de la promotion du tourisme sur l’île de Montréal. La métropole québécoise est le premier marché d’Airbnb au Canada avec 13 000 hôtes. Le nombre moyen de nuitées par hôte s’établit à 41 sur l’île.

« Il s’agit d’un montant très significatif pour une première année de mise en application, fait remarquer Alex Dagg, gestionnaire de la politique publique pour Airbnb au Canada, ravie des résultats. Nous pensons que la somme est suffisamment considérable pour créer un impact positif sur la promotion de la région montréalaise comme destination touristique. »

En 2017, Tourisme Montréal a reçu 32 millions en provenance de la taxe d’hébergement qui lui sert à promouvoir la ville comme destination touristique. Cette somme représente environ 65 % de ses revenus totaux. Selon les chiffres dévoilés par Airbnb, Tourisme Montréal va toucher 12 % de plus en taxes d’hébergement en 2018.

Les revenus en provenance de la taxe d’hébergement ont logiquement augmenté en deuxième partie d’année, qui couvre la période estivale, propice au tourisme. Pour les six premiers mois, d’octobre 2017 au 1er avril 2018, la somme collectée s’élevait à 2,8 millions pour le Québec en entier, dont 1,6 million pour Montréal.

« Ces chiffres démontrent qu’Airbnb continue de croître à Montréal et au Québec, a répondu Mme Dagg à une question qui portait sur l’impact des interventions de Revenu Québec dans les tours de condos du centre-ville, l’été dernier, dans le but de limiter l’hébergement touristique illégal qui y sévissait. Selon elle, le service n’a souffert d’aucune perte de popularité dans les dernières semaines.

Gestion de l’offre

Trop d’ouverture peut faire mal, selon Pierre Marc Jonhson

L’effet cumulé des accords de libre-échange conclus récemment par le Canada sur le secteur agricole est « préoccupant », estime Pierre Marc Johnson.

« Le régime de gestion de l’offre, pour autant qu’on s’en tienne à 10 % ou moins du marché qui est accessible aux autres, le système tient le coup », dit-il.

« Au-delà de 10 %, c’est un peu plus fatigant. »

Celui qui a représenté le Québec durant les négociations de libre-échange avec l’Union européenne rappelle que cette dernière a doublé à 7 % son accès au marché du fromage canadien. L’Accord de partenariat transpacifique, puis la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) ont par la suite accordé une autre part de 6,75 % aux producteurs étrangers.

« On est rendu à presque 14 % du marché qui ne sera pas sujet à la gestion de l’offre et que vont pénétrer les Européens, les Néo-Zélandais, les Australiens et les Américains », dit-il.

« Il faut que le gouvernement canadien accorde au monde agricole, surtout du Québec et de l’Ontario, une compensation qui tient compte de cette fragilité. »

Pierre Marc Johnson a tenu ces propos hier dans le cadre d’un débat sur le commerce extérieur avec le délégué du Québec à la renégociation de l’ALENA, Raymond Bachand, organisé par la Chambre de commerce et d’industrie française au Canada.

La question du lait était la véritable préoccupation du président Donald Trump envers le Canada, dit Raymond Bachand, alors que le Canada tenait à protéger le système de gestion de l’offre.

« En négociation, il faut toujours écouter les silences, a dit Raymond Bachand. Vers la fin des négociations, le président ne parlait plus des autres chapitres de l’ALENA, il ne parlait que du lait. On a compris qu’il n’y aurait jamais d’entente s’il n’y avait pas eu un peu de lait. »

« Économiquement, c’est un peu absurde, poursuit-il. Cent pour cent de la production laitière canadienne, c’est 8 % du marché américain. Vous donneriez 10 % du marché canadien, ça leur ferait moins de 1 % de marché de plus. »

Le Québec exporte toutefois pour 6 milliards de dollars de produits agricoles aux États-Unis, alors qu’il n’en importe que pour 1 milliard, rappelle M. Bachand. Il juge donc qu’il était primordial de maintenir l’accès à ce marché.

« Les producteurs laitiers et les transformateurs sont affectés, reconnaît-il. Mais ce n’est pas tant l’Accord États-Unis – Mexique – Canada [l’AEUMC, qui remplace l’ALENA] que le cumul des trois traités qui commence à être beaucoup.

« Comme nous serons en année électorale à Ottawa, je pense qu’on peut s’attendre à un programme de compensation “correct” de la part du gouvernement. »

Négocié durant huit ans, l’Accord économique et commercial global (AECG) signifie que 99 % des biens et services échangés entre le Canada et l’Europe sont maintenant libres de droits de douane. S’il est déjà appliqué depuis plus d’un an, l’accord doit toujours être ratifié par les Parlements de nations importantes comme la France, l’Allemagne et l’Italie.

L’AEUMC doit quant à lui être ratifié le 30 novembre par le Congrès des États-Unis.

« On verra toutefois ce que les élections de mardi aux États-Unis vont apporter, dit Raymond Bachand. Beaucoup d’éléments dans le projet de loi plaisent aux démocrates parce qu’au chapitre du travail, de l’environnement, de l’automobile, c’est assez costaud.

« Mais prédire la politique américaine, c’est devenu un métier impossible. »

Immobilier

Le promoteur du projet Le Bourbon expose ses ambitions

Labid Aljundi, citoyen canadien d’origine syrienne, n’a pas choisi la voie facile pour son premier projet en territoire montréalais. Un changement de zonage, une consultation devant l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM), des groupes communautaires déçus, des politiciens qui le dénoncent... Loin de se décourager, il ambitionne de bâtir jusqu’à 1000 logements à Montréal dans les prochaines années.

M. Aljundi, par l’entremise de son entreprise Investissements MSC Canada, a acquis l’immeuble du Bourbon, au 1550, rue Sainte-Catherine Est, au prix de 3 millions en 2014. De style Nouvelle-Orléans, le complexe festif est emblématique du Village des années 90 et 2000.

La Presse a rencontré l’homme d’affaires de 46 ans au bureau des ventes du Bourbon mardi.

Laissée à l’abandon, la propriété a été démolie au début de l’année pour faire place prochainement à une construction de neuf étages, au coût de 45 millions. Le promoteur a en effet obtenu la permission de construire jusqu’à 35 mètres de hauteur au lieu de 16 mètres.

Le rez-de-chaussée abritera des commerces. Le premier étage sera loué au secteur communautaire sous forme de locaux partagés. Les sept autres étages proposeront une centaine de copropriétés résidentielles. À l’origine, le nouveau Bourbon promettait des logements locatifs.

En cours de processus, le promoteur a décidé de construire des condos à la place. M. Aljundi explique que les conditions exigées par la Ville pour le changement de zonage, comme le fait de consacrer un étage aux groupes communautaires et l’utilisation de matériaux nobles pour l’enveloppe extérieure du bâtiment, ont rendu la vocation locative impossible à réaliser pour cause de non-rentabilité.

L’équipe de la mairesse Valérie Plante a d’abord critiqué l’administration précédente qui avait omis d’exiger des engagements par écrit de la part du promoteur à l’égard du secteur communautaire. Depuis, les parties se sont parlé.

« Il est important pour nous que l’engagement du promoteur à l’égard du secteur communautaire soit respecté, dit Robert Beaudry, conseiller de district Saint-Jacques et membre du comité exécutif, dans un entretien. Le promoteur travaille en ce sens. » En ce qui concerne le changement de vocation des logements, d’appartements locatifs à condos, M. Beaudry reconnaît que la Ville n’a rien à redire puisque sa compétence ne porte que sur les usages permis.

Propriétaire du Fides

Investissements MSC Canada appartient à M. Aljundi et à son frère. Labid Aljundi a immigré au Canada en 2003 avec un diplôme d’ingénieur en poche. Il a suivi un MBA à HEC Montréal. Quand la crise a frappé en 2008, il est parti travailler au Qatar. Il y a fait fortune en devenant actionnaire, puis en revendant ses participations dans l’entreprise Multi Services Company Qatar.

L’entrepreneur est revenu pour de bon à Montréal avec sa femme et ses deux enfants l’an dernier, soutient-il.

M. Aljundi détient également l’Édifice Fides, au 235, boulevard René-Lévesque Est, près du Centre hospitalier de l’Université de Montréal, ainsi que deux lots adjacents. « Je regarde toutes les options », dit-il. Il est aussi partenaire financier du projet locatif Loggia, à Saint-Lambert.

Les nouveaux abonnés aux services de télécommunications donnent des ailes à BCE

BCE a affiché hier un bénéfice et des revenus plus importants que prévu, la société mère de Bell Canada ayant profité de plusieurs années de lourdes dépenses consacrées à la consolidation de ses activités de télécommunications et de médias.

« La société a bénéficié d’une excellente croissance trimestrielle de son nombre d’abonnés pour la télévision, internet et le sans-fil », a indiqué aux analystes le chef de la direction de BCE, George Cope, lors d'une conférence téléphonique suivant la publication de ses plus récents résultats.

La société montréalaise, qui exploite Virgin Mobile et Lucky Mobile en plus de Bell Mobilité, a ajouté 178 000 abonnés à ses services de téléphonie sans fil, un record pour un troisième trimestre.

Cette croissance inclut 135 323 nouveaux abonnés aux services postpayés, ce qui est conforme aux prévisions de 136 000 nouveaux abonnés. BCE a aussi ajouté 42 511 abonnés à son service prépayé, l'arrivée de la marque Lucky Mobile ayant renversé les baisses de BCE dans ce segment.

« Pour la première fois en de nombreuses années, nous nous attendons à ce que la croissance de nos revenus tirés des services prépayés soit désormais positive en 2019 », a indiqué M. Cope.

BCE a affiché jeudi un bénéfice net attribuable aux actionnaires de 814 millions, soit 90 cents par action, pour le trimestre clos le 30 septembre, comparativement à celui de 803 millions, ou 90 cents par action, engrangé au troisième trimestre de 2017.

Les revenus d'exploitation ont atteint près de 5,88 milliards, en hausse de 1,4 % par rapport à ceux de près de 5,70 milliards au même trimestre l'an dernier.

Les activités d'internet à haute vitesse et de télévision internet de BCE, qui comprennent la marque Bell Fibe, ont enregistré 88 000 ajouts nets d'abonnés, dont 77 000 clients dotés de réseaux de fibre optique à leur domicile, que Bell considère comme importants du point de vue stratégique.

Les ajouts comprennent 47 749 nouveaux clients du service internet haute vitesse et 40 091 nouveaux clients pour la télévision internet, y compris ceux des sociétés affiliées Bell Aliant les provinces atlantiques et Bell MTS au Manitoba.

Le CRTC aimerait imposer des amendes aux diffuseurs télé et radio

Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes demande au gouvernement Trudeau de lui permettre d’imposer des amendes aux diffuseurs télé et radio s’ils ne respectent pas leurs conditions de licences. Actuellement, le CRTC, qui gère les licences télé et radio, a uniquement le pouvoir de les révoquer ou de donner des licences plus courtes si une entreprise ne respecte pas les conditions qui y sont liées. Le président du CRTC, Ian Scott, estime que les pénalités « seraient un instrument facile à mettre en œuvre qui pourrait régler les cas de non-conformité plus rapidement et plus efficacement ». Le CRTC impose déjà des amendes en matière de télémarketing, qui ont un « véritable effet dissuasif », selon M. Scott. Le Conseil ne révoque que très rarement une licence radio ou télé.

— Vincent Brousseau-Pouliot, La Presse

Agropur

Contrairement à ce que pouvaient laisser entendre les titres associés à notre nouvelle sur Agropur, dans le numéro du 31 octobre, la coopérative affiche déjà sur plusieurs produits le logo avec la petite vache bleue certifiant l’utilisation de lait 100 % canadien. Toutefois, l’entreprise s’engage à ce que tous ses produits laitiers – y compris le yogourt Iögo – l’affichent d’ici six mois. Nos excuses.

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