Qu’est-ce que la fête du Mouton ?

La fête du Mouton, appelée « Aïd el-Kébir », commémore le sacrifice d’Ismaël, fils d’Abraham. Symboliquement, les musulmans soulignent cette journée en tuant un mouton. La fête est déterminée par observation de la Lune et, un peu partout dans le monde, ce n’est que quelques jours à l’avance que la date exacte de la fête est arrêtée par les autorités religieuses musulmanes. Aux États-Unis, le maire de New York, Bill de Blasio, a décidé de fermer les écoles lors de cette fête. En France, cette journée n’est pas fériée.

— Louise Leduc, La Presse

Commission scolaire de Montréal

Un congé accordé pour coïncider avec une fête musulmane

Deux écoles secondaires du nord de Montréal de la Commission scolaire de Montréal (CSDM), les écoles La Dauversière et Évangéline, ont eu une journée pédagogique, hier. Parents et élèves ont su à la dernière minute la date exacte du congé, fixée par la communauté musulmane pour coïncider avec la fête du Mouton.

La fête du Mouton, aussi appelée fête du Sacrifice, est la plus grande fête musulmane, l’équivalent pour les chrétiens de Noël et pour les juifs de la fête Hanoukkah.

Alain Perron, porte-parole de la CSDM, explique qu’il était prévu au calendrier scolaire, élaboré au printemps, qu’il y aurait un congé pendant la semaine du 12 au 16 septembre.

Il précise que ce congé pédagogique est donné depuis quelques années à la demande des enseignants et entériné par les parents du conseil d’établissement « afin d’éviter un taux d’absentéisme trop élevé ».

« Comme ce congé est déterminé par les membres de la communauté musulmane quelques jours avant la fête, selon les phases de la Lune, ce n’est que ces derniers jours que les parents ont pu être informés que la journée de congé mobile se tiendrait le 12 septembre. »

— Alain Perron, porte-parole de la CSDM

M. Perron ajoute que dans ces mêmes écoles, à l’époque où elles étaient davantage fréquentées par des élèves grecs, une journée pédagogique était aussi au calendrier pour la fête de Pâques orthodoxe.

En réponse à notre question, M. Perron a noté que comme c’était une journée pédagogique, les enseignants, musulmans ou pas, étaient attendus au travail, hier.

Une enseignante qui travaille dans une autre école de la CSDM où il n’y avait pas de congé pédagogique, hier, soutient que dans son établissement, plusieurs enseignants musulmans étaient absents. « Ça occasionne de gros frais de suppléance, dit-elle. Dans un contexte de coupes dans les écoles publiques, ça se vit mal. »

Elle ajoute que ses collègues musulmans avaient droit à un congé supplémentaire payé, hier, ce qui fait sourciller les autres membres du personnel.

La CSDM ne nous a pas précisé, hier, de quelle ampleur est le taux d’absentéisme habituel des enseignants lors de la fête du Mouton.

ACCOMMODEMENTS ET CONGÉS RELIGIEUX

Dans leur rapport sur les accommodements raisonnables publié en 2008, les commissaires Gérard Bouchard et Charles Taylor notaient à l’époque qu’il existait plusieurs cas de figure.

Le régime le plus répandu, dans les entreprises, est de n’accorder aucun jour de congé rémunéré supplémentaire aux personnes réclamant des congés religieux.

Dans le secteur privé, certains employeurs, écrivaient-ils, offrent des congés sans traitement.

Dans les commissions scolaires, notaient-ils enfin, les employés réclamant des jours de congé pour fêtes religieuses bénéficiaient annuellement de un à quatre jours de congé additionnels payés.

Bouchard et Taylor, eux, préféraient l’idée que la personne qui souhaite se prévaloir d’un congé religieux, en plus de ses congés statutaires, remette ce temps de travail selon une formule quelconque. « Cette approche présente deux avantages : elle permet de respecter les droits des croyants, sans porter atteinte aux droits des autres travailleurs », écrivaient-ils.

Tout en nous disant que les enseignants en journée pédagogique devaient être au travail, hier, la CSDM nous a fait parvenir un document des ressources humaines précisant les balises en la matière, qui s’appuient, peut-on lire, sur la Charte des droits et libertés et sur des jugements des tribunaux.

Selon ce document, « un employeur doit chercher à accommoder raisonnablement un employé dont les conditions de travail sont incompatibles avec sa pratique religieuse ».

« Il est possible que l’employeur soit tenu non seulement d’accorder une permission d’absence ou une modification à l’horaire de travail pour permettre d’observer un rite religieux, mais également de rémunérer cette permission d’absence au même titre qu’une journée de travail. »

— Extrait d’un document de la CSDM

Pour que ces permissions soient consenties, peut-on encore lire, « six conditions essentielles doivent être remplies ».

L’employé doit notamment présenter une demande formelle, à l’avance. La pratique du rite doit être reconnue, voire obligatoire, pour l’ensemble des pratiquants. La personne qui présente une demande d’accommodement doit être pratiquante, « et le degré de pratique doit justifier la demande d’accommodement ».

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