Marcy et John McCall MacBain en quelques choix

Un livre

Marcy : Cent ans de solitude, de Gabriel García Márquez

John : Don Quichotte, de Miguel de Cervantès. « Pour tout ce que ça dit sur l’importance de rêver. »

Un film

Marcy : BlacKkKlansman, de Spike Lee

John : Le magicien d’Oz

Un personnage historique

Marcy : Florence Nightingale et Marie Curie

John : Muhammad Ali. « Parce qu’il est objecteur de conscience. »

Un personnage contemporain

John : Angela Merkel, pour son attitude face à Donald Trump et son ouverture aux réfugiés syriens.

Marcy : « Puisque John a déjà pris Angela Merkel, je dirai Oprah. Elle est très inspirante. Michelle Obama aussi. »

Une phrase

John : « On ne sait jamais quand on a une bonne journée. »

Marcy : Primum non nocere  (« D’abord, ne pas nuire »), le premier principe énoncé par Hippocrate, auteur du serment prêté par les médecins.

PERSONNALITÉS DE LA SEMAINE

Marcy et John McCall MacBain

Ils ont tous les deux suivi un parcours parsemé d’embûches, des dettes d’études aux nombreux refus de demandes de bourse. Aujourd’hui, avec leur aide substantielle offerte à l’Université McGill, ils sont devenus les plus grands donateurs de ce type de l’histoire du pays. Marcy et John McCall MacBain sont nos personnalités de la semaine.

Dans une autre vie, lui s’appelait John MacBain et elle Marcy McCall. Aujourd’hui, ils s’appellent Marcy et John McCall MacBain, ils dirigent une fondation, ils habitent Genève, ils ont une famille qui compte cinq enfants et ils seront bientôt grands-parents, et ils viennent de faire un don de 200 millions à l’Université McGill, le plus important cadeau de cette nature jamais fait au Canada. 

Leur but : accorder des bourses pour attirer des gens de partout, de toutes origines, afin qu’ils puissent faire des études universitaires de deuxième cycle dans l’université montréalaise. Des gens qui n’auraient peut-être pas la chance, sinon, de réaliser leur plein potentiel. Et des gens engagés dans leur collectivité, souligne Marcy McCall MacBain, « le genre de personnes qui laissent l’endroit dans un meilleur état que celui dans lequel elles l’ont trouvé ». 

Ils ont été inspirés par la fondation Rhodes, qui finance les fameux « Rhodes Scholars » pour leurs études à Oxford – ce que John a été. Ils veulent que les dirigeants des universités qu’ils ont commencé à sensibiliser, d’abord au Canada puis dans le monde entier, « aillent trouver leurs joyaux » dans toutes les disciplines, afin de mettre ces personnes de l’avant. Les bourses permettront aux étudiants de mener à bien un diplôme de deuxième cycle à McGill, que ce soit en musique, en droit, en médecine ou dans toute autre discipline. 

« On veut chercher ceux, explique John, qui ne sont pas dans la salle. »

John et Marcy McCall MacBain se sont mariés en 2004, après s’être connus à Vancouver, les deux seuls à se pointer, un matin, pour une activité de course dans le cadre d’activités de financement de la fondation Make a Wish pour les enfants malades. 

Lui, originaire de Niagara Falls, avocat, formé à Harvard en gestion, ancien Rhodes Scholar, père de trois enfants, avait déjà une entreprise, Trader Classified Media, géant international établi tant en Europe qu’en Asie en Amérique, construit à partir d’une société de petites annonces pour voitures, Auto Hebdo, achetée en 1987 avec sa première femme. 

Elle, originaire de Walton, en Ontario, formée en kinésiologie à McMasters, puis plus tard à la London School of Economics, aujourd’hui titulaire d’un doctorat d’Oxford en sciences de la santé, rêvait, toute jeune, de devenir médecin. « Mes parents étaient agriculteurs. J’ai passé une enfance typiquement canadienne dans la neige », raconte-t-elle. Si elle a fait des études universitaires, c’est parce que des professeurs le long de son parcours ont reconnu son potentiel. Mais elle n’est pas allée en médecine tout de suite après son diplôme de premier cycle, comme elle l’aurait souhaité, ses études l’ayant trop endettée. C’est plus tard qu’elle a fait ses études supérieures, obtenant un doctorat d’Oxford en 2015, alors qu’elle venait d’avoir son deuxième enfant.

Aujourd’hui, c’est précisément ce type de parcours que le couple veut soutenir. L’élève qui a du talent qu’il faut repérer, puis aider à aller aussi loin que possible. « On veut chercher les Marcy des petites villes », dit John.

De nombreux refus

John McCall MacBain a aussi eu un parcours parsemé d’embûches, souligne Marcy. Beaucoup de refus, ici et là, quand il était jeune, dont 36 demandes de bourse. Il raconte qu’après avoir étudié pendant 17 ans pour devenir enseignant de natation, quand il était jeune, il a finalement décroché un emploi à la Ville de Niagara, dont il a été congédié quasiment illico parce qu’il demandait congé pour aller chercher une médaille à Ottawa. « J’ai donc commencé à donner des leçons privées », dit-il, jetant ainsi les bases de ce qui est ensuite devenu une école privée de natation, faisant concurrence aux cours offerts par la municipalité. Ç’a été sa première entreprise. Et l’occasion de tirer une première leçon face à l’adversité, à l’échec. « On ne sait jamais quand on a une bonne journée », dit-il, une phrase qui résume aujourd’hui sa philosophie. Les occasions sont là où on les attend le moins.

En 2006, John MacBain a vendu Trader Classified Media, lancée en Bourse en 2000 à New York et à Paris, pour une somme colossale. Et en 2007, avec Marcy, il a établi une fondation qui s’est tout de suite donné pour mission d’encourager l’éducation. Les nouvelles bourses doivent permettre à 50 Canadiens et 25 étudiants internationaux par année de faire des études de deuxième cycle, en couvrant leurs droits de scolarité, mais aussi leurs dépenses pour vivre à Montréal.

Pourquoi ont-ils choisi la métropole québécoise pour y faire ce don, alors que leur fortune leur permet d’agir partout dans le monde ? Parce que Montréal réunit beaucoup de qualités, explique le couple. Ils aiment son bilinguisme – ils parlent tous les deux français –, sa richesse culturelle, le fait que le coût de la vie est raisonnable et qu’on s’y sente en sécurité. « Les gens, disent-ils, vont vouloir venir ici. »

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