OPINION

Les cinq chantiers du Parti libéral du Québec

Le temps est venu pour le Parti libéral du Québec de se rénover de fond en comble. Cette rénovation doit d’abord passer par un retour aux valeurs qui, depuis la Révolution tranquille, font de ce parti une institution politique incontournable.

Commençons par faire le constat suivant : une majorité de Québécois a délaissé le PLQ. Hormis quelques circonscriptions, sa base est aujourd’hui montréalaise. S’il veut reconquérir les Québécois, le PLQ doit retourner aux valeurs qui définissent son identité. Celles-ci constituent cinq chantiers prioritaires. 

Les libertés individuelles 

Les libéraux devront veiller à ce que la CAQ n’empiète pas sur les libertés individuelles. Ils devront exiger qu’elle justifie légalement et moralement les raisons pour lesquelles elle veut restreindre les libertés des Québécois. 

Ils devront laisser de côté la stratégie qui consiste à accuser la CAQ d’intolérance, car cela n’améliore pas la sérénité du débat identitaire.

Ils devront faire des propositions en matière d’immigration et d’aménagement de la diversité, ce qui passe par une loi sur l’interculturalisme. 

L’interculturalisme devrait être un des projets phares des libéraux : il permettrait de clarifier les conditions d’intégration des nouveaux arrivants et les contours de la culture publique commune à laquelle tout un chacun doit s’intégrer. 

L’identification au Québec et au Canada 

Les libéraux devront veiller à ce que la CAQ n’isole pas le Québec au sein de la fédération canadienne. Ils devront rappeler que le PLQ demeure le seul parti politique fédéraliste. 

Ils pourraient reprendre à leur compte le projet de Constitution du Québec, dans laquelle on énoncerait clairement l’identité, les valeurs québécoises et l’interculturalisme. 

Une Constitution du Québec aurait deux mérites : non seulement elle rassemblerait les Québécois autour d’un projet commun, mais elle n’impliquerait ni la séparation ni l’affrontement avec le reste du Canada. Soulignons que la Constitution du Canada permet aux provinces de se doter d’une Constitution écrite. 

Le développement économique 

Les libéraux devront atténuer les instincts interventionnistes de la CAQ en matière économique. Ils devront faire en sorte qu’elle ne nuise pas aux finances publiques. 

Ils pourraient réactualiser le Plan Nord en réfléchissant à la meilleure façon d’inclure toutes les régions du Québec et d’exploiter les ressources naturelles du Nord québécois. Une telle exploitation devra être responsable et respectueuse de l’environnement. Elle devra se faire en partenariat avec les Premières Nations et les Inuits. 

Ils pourraient réfléchir au meilleur moyen de conjuguer économie et environnement.

Cela devrait passer par des instruments de marché susceptibles de réduire l’empreinte de carbone tout en ayant un impact positif sur l’économie. Le projet de train à haute vitesse reliant Québec, Montréal et New York pourrait s’ajouter à une telle démarche. 

La justice sociale 

Les libéraux devront s’assurer que la CAQ n’est pas tentée de puiser à même le Fonds des générations. C’est une question de justice intergénérationnelle. Ils devront s’assurer qu’elle ne néglige pas les politiques en matière de logement social et de pauvreté. 

Ils pourraient réfléchir à l’idée d’un revenu minimum garanti qui regrouperait l’ensemble des aides de soutien au revenu. Celui-ci pourrait s’appliquer à toute personne vivant sous le seuil de la pauvreté. 

La société civile et la démocratie 

Les libéraux devront veiller à ce que la CAQ respecte les institutions démocratiques. Ils devront défendre les commissions scolaires, en particulier celles qui desservent les communautés anglophones. 

Ils pourraient proposer une série de réformes parlementaires et institutionnelles, comme le renforcement des commissions parlementaires, du Conseil des ministres et de la fonction publique.

En matière de réforme démocratique, il ne devrait y avoir qu’un seul principe directeur : celui de renforcer les institutions démocratiques existantes. 

Les libéraux ont quatre ans pour entreprendre ces chantiers. Ils ont quatre ans pour démontrer qu’ils sont une solution de rechange crédible à la CAQ. Ils ont quatre ans pour proposer un projet politique qui sera fidèle à leurs valeurs et qui saura regagner la confiance des Québécois.

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