sondage sur la diversité sexuelle

« On a un gros travail à faire »

L’intimidation et la discrimination envers les lesbiennes, gais, bisexuels et transgenres (LGBT) à l’école et au travail demeurent un problème de taille au pays. Les mentalités au sein de la population évoluent toutefois rapidement, alors que les plus jeunes s’affirment de plus en plus. C’est ce que révèle une volumineuse étude dévoilée hier par la Fondation Jasmin Roy, qui dresse un portrait sans précédent de la réalité LGBT au Canada.

Diversité sexuelle

Un portrait inédit

13 % des membres de la population adulte canadienne se disent LGBT, pansexuels, asexuels, queers, trans binaires ou trans non binaires

Un sondage pancanadien sur la diversité sexuelle de cette envergure n’avait jamais été réalisé, soutient Jasmin Roy, fondateur de la Fondation du même nom. « Il y avait quelques sondages sur certaines problématiques, mais on voulait avoir un portrait plus large. C’est un exercice majeur. Ça nous donne un bon portrait de la situation. Il va falloir le faire aux cinq ans pour voir l’évolution dans le dossier », dit-il. Ce sondage non probabiliste a été mené de janvier à juin partout au pays par la firme CROP auprès de 1897 personnes LGBT et de 800 hétérosexuels cisgenres. Un second sondage auprès de 800 personnes a aussi été mené.

Diversité sexuelle

Des phénomènes « infiniment plus ouverts »

54 % des répondants LGBT ont l’impression que leur vie sera ou aura été plus difficile que celle des hétérosexuels cisgenres

Les LGBT de 35 ans et moins sont plus nombreux à se dire bisexuels, pansexuels ou asexuels, en particulier les plus jeunes. À peine 22 % des répondants LGBT de 18 à 24 ans se sont ainsi déclarés homosexuels, contre plus de 60 % de leurs aînés. Un jeune LGBT sur dix se dit même asexuel. Chez les 15 à 17 ans, 29 % des répondants LGBT affirment être pansexuels, c’est-à-dire qu’ils peuvent être attirés par une personne quel que soit son sexe. Ce virage chez les jeunes LGBT représente le fait saillant du sondage, selon Alain Giguère, président de CROP. « Tous ces phénomènes d’acceptabilité sexuelle et d’acceptabilité de genre sont infiniment plus ouverts, plus les gens sont jeunes. C’est un phénomène de société unique ! », s’enthousiasme-t-il.

Diversité sexuelle

Intimidation et menaces

Les trois quarts des personnes LGBT ont rapporté avoir déjà été victimes d’intimidation ou de menaces, en particulier les moins de 35 ans, contre environ la moitié des répondants hétérosexuels, révèle le sondage. Les LGBT ont subi cette intimidation principalement en milieu scolaire (60 %) et en milieu de travail (33 %). « Je trouve ça extrêmement préoccupant. On a un gros travail à faire, parce que c’est de la violence, et que cette violence peut causer des problèmes de santé mentale importants », a expliqué Jasmin Roy, en marge de la présentation des résultats du sondage hier matin à Montréal. Fait surprenant, une personne sur cinq a dit avoir été intimidée par un membre de la communauté LGBT. « C’est inquiétant. Ça veut dire qu’on manque de bienveillance au sein des groupes LGBT », a déploré Jasmin Roy.

Diversité sexuelle

« Coming-out »

Auprès de qui les LGBT ont-ils déjà réalisé leur  « coming-out » ?

Amis 

81 %

Famille immédiate 

76 %

Famille élargie 

65 %

Conjoint et enfants

62 %

Collègues de classe 

55 %

Collègues de travail

46 %

Diversité sexuelle

« Les gens veulent des services de proximité »

78 % des répondants LGBT estiment que certains groupes LGBT entretiennent des stéréotypes à l’égard d’autres groupes de la communauté

Plus de la moitié des gais, lesbiennes, bisexuels, transgenres et autres soutiennent ne pas avoir eu accès à suffisamment de ressources pour les aider. Cette perception s’observe principalement chez les 45 ans et moins et dans les provinces atlantiques. Seulement 9 % des Québécois jugent que les ressources d’aide sont inexistantes au Québec, contre 35 % dans les Maritimes. « Tout a été très centralisé dans les grandes villes à travers le Canada. Ce qu’on sent, c’est que les gens veulent des services de proximité. Les lignes d’écoute, 7 % des LGBT disent les utiliser. Les jeunes veulent des services de proximité dans les milieux scolaires et les adultes veulent des services de proximité dans leurs communautés », explique Jasmin Roy.

Diversité sexuelle

Quelles mesures le gouvernement doit-il mettre en place ?

7 personnes LGBT sur 10 souhaiteraient une représentation moins stéréotypée de leur communauté à la télévision

« Il faut avoir une stratégie au niveau des communautés culturelles. C’est eux qui ont le moins de support en milieu familial. Avoir des modèles, des mentors dans les communautés autochtones et au niveau des écoles, revenir à l’éducation à la sexualité le plus rapidement possible. Insister sur la diversité sexuelle. On parle beaucoup des gais et des trans, mais j’ai été surpris : les asexuels ressortent beaucoup dans le sondage. »

— Jasmin Roy

Rafles contre la communauté gaie

Montréal et le SPVM invités à s’excuser

Montréal et son service de police doivent présenter leurs excuses publiques à la communauté gaie pour les rafles policières dont elle a été la cible durant des décennies, estime Projet Montréal. Le parti de l’opposition croit que la métropole devrait profiter de l’événement Fierté Montréal, qui s’ouvre aujourd’hui, pour présenter ses excuses publiques. Des établissements gais ont longtemps été la cible de rafles policières, par exemple le Truxx en 1977, le Buds en 1984, le Sex Garage en 1990 et les Katacombes en 1994. Ces quatre raids ont mené à l’arrestation d’au moins 800 personnes. Lors du défilé de la Fierté de 2016, le maire Denis Coderre avait évoqué au quotidien 24 heures la possibilité de présenter de telles excuses publiques en 2017. Il n’a pas été possible de savoir si le maire comptait bel et bien présenter de telles excuses cette année.

— Pierre-André Normandin, La Presse

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