Campagne électorale

Une longue liste d’attentes

Le prochain gouvernement devrait disposer d’une marge de manœuvre financière confortable. Heureusement, parce que la liste des attentes est longue.

Immigration

La Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) veut que le prochain gouvernement assure un environnement d’affaires propice à l’investissement et au maintien de la compétitivité des entreprises par des mesures fiscales attrayantes et une politique gouvernementale qui allège la réglementation et les mesures administratives. Ses membres voudraient que le seuil d’immigration soit relevé de 10 000 personnes par année pour contrer les pénuries de main-d’œuvre. Le déploiement de l’internet à haute vitesse est aussi considéré comme une priorité pour le développement régional et l’utilisation des services en ligne. 

Fiscalité

Donner davantage de marge de manœuvre fiscale à toutes les entreprises, petites et grandes, est une priorité récurrente pour le Conseil du patronat du Québec (CPQ). Il souligne que le cadre fiscal, législatif et réglementaire est beaucoup plus lourd que dans les autres territoires en Amérique. Selon le CPQ, il faut des budgets stables et prévisibles pour l’éducation et la formation continue. L’organisation patronale demande aussi au prochain gouvernement de mieux accompagner les entreprises dans leur virage numérique et leur transition énergétique. 

Salaire minimum

La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) demande aux élus de ne pas hausser le salaire minimum à 15 $ l’heure et de limiter les augmentations à l’inflation. Elle souhaite aussi que les réductions annoncées du taux d’imposition des PME (de 8 % à 4 %) soient accélérées et que les petites entreprises, celles qui cumulent moins de 5500 heures travaillées, aient accès au taux d’imposition des PME. Tant la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) que la Confédération des syndicats nationaux (CSN) estiment que la récente hausse de 0,75 $ du salaire horaire minimum est insuffisante et demandent aux partis d’atteindre les 15 $ de l’heure. Dans le même esprit, la FTQ veut un encadrement « plus ferme » des agences de placement temporaire. Quant à la CSN, une partie importante de sa plateforme concerne la promotion d’« emplois de qualité », avec par exemple la mise sur pied d’une politique en ce sens dans le secteur manufacturier dans toutes les régions du Québec.

Pénurie

Pour l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés, l’enjeu prioritaire sur lequel doivent se pencher les partis politiques est la pénurie de main-d’œuvre. On annonce d’ailleurs un « grand débat » le 12 septembre, pendant lequel des candidats issus des divers partis, notamment Dominique Anglade pour les libéraux et Jean-Martin Aussant pour le Parti québécois, échangeront sur la question. La pénurie, explique-t-on à l’Ordre, est indissociable de la transformation technologique accélérée qui exige des travailleurs qu’ils développent des compétences d’avenir. Sans mettre de l’avant des solutions précises – un questionnaire a été envoyé à ce sujet à tous les partis –, l’organisme évoque notamment des « actions concrètes pour favoriser la participation de tous » et une législation du travail « équitable et compétitive ».

Travail-famille

Les listes d’épicerie des organisations syndicales en matière de normes de travail sont longues mais concordent sur plusieurs demandes traditionnelles. Tant la FTQ que la CSN plaident pour de meilleures politiques de conciliation travail-famille, cette dernière proposant par exemple l’octroi de 10 jours de congés payés pour maladie et responsabilités familiales. Les appels aux partis politiques pour ne pas diminuer, mais plutôt augmenter le financement des centres de la petite enfance, qui ont « contribué à la hausse de l’activité des femmes sur le marché du travail », note la FTQ, illustrent cette préoccupation.

Formation

Pour « assurer la survie de l’aérospatiale au Québec », l’Association internationale des machinistes et travailleurs de l’aérospatiale a déposé 12 demandes, dont plusieurs visent à assurer la formation de la main-d’œuvre. On estime qu’il faudra pourvoir 16 800 postes d’ici 2025 pour remplacer les départs à la retraite. L’organisation, qui représente notamment des dizaines de milliers de travailleurs chez Bombardier, Héroux-Devtek, Air Canada et Siemens, estime que les écoles nationales en aérospatiale doivent être mieux soutenues, et qu’il faut s’assurer de la qualité et de la complémentarité des formations. On suggère d’impliquer davantage les travailleurs expérimentés dans le mentorat et de favoriser l’accessibilité au réseau d’éducation.

Aide juridique

Le Barreau du Québec a fait valoir, cette semaine, que l’amélioration du régime d’aide juridique devrait être considérée comme prioritaire. Un des volets les plus cruciaux, ce sont les honoraires consentis aux avocats de pratique privée qui peuvent être engagés par un citoyen. Or, « les faibles tarifs consentis par le régime de l’aide juridique découragent les avocats de pratique privée d’accepter des mandats d’aide juridique », indique le Barreau, qui note que le pourcentage de ses membres qui ont accepté un mandat dans ce cadre est passé de 14 % à 8 % de 2001 à 2016. On estime qu’une somme additionnelle de 48 millions constituerait un ajustement « adéquat ».

Jeunes

La FTQ et la CSN demandent la disparition complète, pour toutes les conditions de travail, des clauses de disparité de traitement qui touchent en premier lieu les jeunes travailleurs. À l’Union des producteurs agricoles (UPA), on a par ailleurs consacré un des cinq grands thèmes de la plateforme électorale à l’aide aux jeunes. L’organisation syndicale professionnelle veut venir en aide à la relève avec des congés de paiement les premières années et des prêts sur 25 ans avec intérêt minimal. On demande ainsi la mise sur pied par Québec d’un fonds de « capital patient », rappelant que le prix moyen des terres a explosé de 350 % de 2005 à 2017.

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