Opinion : Industrie techno-créative

Les crédits d’impôt, la pénurie de main-d’œuvre et Ubisoft

Nous célébrons cette année nos 20 ans à Montréal et au Québec. Nous sommes très fiers de ce que nous avons accompli depuis 1997. Cette fierté, c’est avant tout celle de milliers de créateurs, d’artistes, de programmeurs, de designers, d’animateurs et de producteurs qui, depuis 20 ans, repoussent les limites de la création et font leur marque partout dans le monde.

En 1997, l’industrie du jeu vidéo n’existait à peu près pas à Montréal. Il y avait les Discreet et les Softimage. Behaviour aussi commençait son aventure.

En 2017, le chemin parcouru est impressionnant.

L’industrie du jeu vidéo au Québec emploie aujourd’hui plus de 10 000 experts créatifs et technologiques, reconnus à travers le monde pour leur capacité d’innover, leur intuition artistique, leur intelligence technique et leur ingéniosité.

Cette expertise n’existait tout simplement pas il y a 20 ans. Les nombreux métiers du jeu vidéo et les possibilités de carrière qui se sont multipliés au fil des ans ont inspiré la naissance de dizaines de programmes de formation qui répondent aussi aux besoins de plusieurs autres industries.

Ce que nous avons vu depuis 20 ans, et ce à quoi nous avons humblement mais significativement contribué, c’est le développement et la croissance d’une nouvelle main-d’œuvre.

Pourquoi Google et Microsoft viennent-elles s’installer ici ? Pourquoi EA, Warner et Eidos sont-elles ici ? Pourquoi la scène indépendante québécoise du jeu vidéo excelle-t-elle et grandit-elle autant ? Parce qu’il y a au Québec une main-d’œuvre hautement qualifiée reconnue internationalement et un environnement d’affaires compétitif.

La difficulté d’accès à la main-d’œuvre est un enjeu mondial. Notre réponse : investir de façon continue dans le développement de l’expertise en amont par l’entremise du système d’éducation et continuer de positionner Montréal et le Québec comme un lieu de vie professionnelle et personnelle attrayant pour la matière grise étrangère.

Ubisoft travaille depuis de nombreuses années sur ces deux aspects. Le Campus Ubisoft (de 2005 à 2010), l’actuel programme CODEX (8 millions de dollars investis sur 5 ans) et l’embauche de plus de 500 experts internationaux en 4 ans sont des exemples concrets de notre investissement pour faire grandir le bassin de talents local.

Prenons le temps de compter les anciens d’Ubisoft qui occupent des postes clés dans les studios de Montréal et de Québec ou ceux qui ont démarré leur propre entreprise. Nous sommes probablement la plus grande porte d’entrée de toute l’industrie techno-créative du Québec et nous continuerons sur cette voie.

Pourquoi ne pas unir nos forces pour accélérer cet effort qui est bénéfique pour l’ensemble de notre écosystème ? Ensemble, répondons à la vraie question : comment s’organiser pour stimuler l’éducation et l’intérêt d’un nombre croissant de jeunes gens pour les métiers de l’avenir ?

Un sommet d'inscriptions

Il n’y a jamais eu autant d’inscriptions au département de génie logiciel de Polytechnique Montréal que pour septembre 2017. C’est une excellente nouvelle. C’est la même chose à l’Université McGill, à l’Université de Sherbrooke et au NAD.

L’engouement, le rêve et les opportunités sont là. Nourrissons-les.

Attirer des investissements étrangers et stimuler les nouveaux secteurs de pointe ont toujours été et sont toujours l’ambition du Québec.

Le programme du Crédit d’impôt pour la production de titres multimédias (CTMM) dans le secteur du jeu vidéo permet le maintien d’un écosystème stable dans lequel la prise de risques et les investissements sont encouragés.

Au sein d’une compétition internationale féroce, c’est un facteur déterminant qui génère des investissements d’envergure.

Plusieurs États, pays et municipalités se disputent les investissements en innovation à l’international. Tous veulent se positionner pour l’avenir.

La bonne nouvelle, c’est que le Québec est déjà bien positionné. Mais il doit continuer de se battre, à l’échelle mondiale, et demeurer compétitif.

La commission Godbout a reconnu la rentabilité du programme. Les emplois et la profondeur de l’expertise sont au rendez-vous et le Québec rayonne à l’international. Le CTMM permet encore au Québec de se démarquer, 20 ans après sa création.

De plus, le CTMM ne s’adresse pas uniquement aux entreprises étrangères. Le programme, comme plusieurs autres incitatifs en tous genres, est disponible pour TOUTES les entreprises en fonction des secteurs auxquels ils s’appliquent.

Après 20 ans, Ubisoft s’est engagée et a pris racine au Québec. Une grande partie de notre succès international est québécois et nous en sommes très fiers. Nous allons poursuivre cet engagement en créant de la valeur, ici, par la création d’emplois, l’octroi de contrats aux centaines de fournisseurs locaux avec lesquels nous faisons affaire, mais aussi par nos investissements dans le développement du bassin de main-d’œuvre.

Le succès du Québec nous est cher et nous y travaillons.

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