Monarque

Restaurant modèle en chantier

Il devait ouvrir ses portes l’année dernière, mais un retard a mené à un autre dans cet immense chantier. Le Monarque va finalement déployer ses ailes avant l’arrivée du printemps. Ce restaurant de plus de 150 places, aménagé dans un ancien hôtel de 1820 du Vieux-Montréal, est la propriété du chef Richard Bastien et de son fils Jérémie. Ils nous ont fait visiter leur futur restaurant où rien n’a été laissé au hasard.

Investissements 

Au restaurant Monarque, tout a été réfléchi avant le début du chantier qui a officiellement commencé en janvier 2017. « Jérémie a un souci du détail très poussé », dit Olivier Fontaine, le sommelier du futur restaurant. De la gestion du compost au double système de filtration des eaux, en passant par les aires de réfrigération, incluant celle pour les déchets. Tout a été couché sur papier avant le début des travaux, incluant les menus détails des cuisines qui permettront des déplacements plus fluides et un espace fantasmagorique pour le plongeur. Construire un restaurant modèle a un coût : 3 millions de dollars pour l’achat du local et une somme imposante pour l’aménagement, investissement que le duo de chefs préfère ne pas dévoiler publiquement, mais qui vient essentiellement d’économies personnelles. « J’ai ramassé toutes mes billes pour pouvoir réaliser ce projet », confie Richard Bastien, propriétaire du Mitoyen à Laval depuis 40 ans et copropriétaire du Leméac à Outremont depuis 2001. « Notre investissement est amorti sur 25 ans. Ça représente le loyer », confie-t-il, ajoutant du coup que le Monarque est là pour rester, dans ce milieu ultra-compétitif. 

« Il s’est ouvert beaucoup de restaurants dans les dernières années, concède le chef Bastien père. Avec de belles étincelles, mais dans des lieux souvent mal aménagés. […] On se demande comment ils vont faire pour durer. Ce sont des gens qui ont une pulsion créative. Il y en aura toujours, de ça. Mais quand tu veux établir un restaurant sur des années et rester, tu dois t’asseoir, réfléchir et y mettre une ossature. »

Aménagement 

Dans les plans initiaux, le Monarque devait être un restaurant de cuisine classique, ouvert cinq soirs par semaine. Il devait occuper seulement une partie du local acquis par les Bastien. « Au départ, on ne pensait pas tout prendre l’espace, explique Jérémie Bastien. On pensait faire 80 places en salle à manger. » Une fois sur place, le duo père-fils a repensé son concept : au restaurant s’ajoute maintenant une brasserie française, avec un menu et une ambiance complètement différents de la salle à manger. Le restaurant sera ouvert midis et soirs, cinq jours au départ. Ce changement de plan a mené à une révision complète de l’aménagement. Chacun des espaces resto a maintenant sa cuisine et son équipe. Tout cela demande du temps, pas mal plus de temps que prévu… « On ne regrette pas notre choix, on l’assume », confie Richard Bastien, confiant. 

Personnel 

Avant même l’ouverture, le restaurant doit engager 55 personnes, dont 4 sous-chefs. Le jour J, il devrait y avoir plus de 80 employés, un exercice particulièrement difficile en cette ère de pénurie de personnel en restauration. Jérémie Bastien fait des entrevues toutes les semaines depuis des mois, et les titulaires des postes-clés sont choisis, dont celui de pâtissière. C’est Lisa Yu, conjointe du jeune chef propriétaire, qui fera les desserts, classiques, au Monarque. Les autres se joindront au dernier moment. L’équipe admet le défi, mais est optimiste. « On trouve toujours des gens qui cherchent à travailler dans des établissements sérieux », précise le sommelier Olivier Fontaine. 

« Au Québec, beaucoup de propriétaires de restaurant ne sont pas des cuisiniers, dit Richard Bastien. Ils viennent d’autres sphères. Ils ont des compétences administratives. C’est une gang à part. Je suis propriétaire de mon restaurant depuis que j’ai 25 ans. J’ai acheté une maison, j’en ai fait un restaurant. Je voulais que, pour mon fils, ça soit la même chose. Ça donne du sérieux à la maison et ça établit des critères d’embauche et de compétence. »

Prix 

L’équilibre entre le coût de l’assiette et le prix affiché sur le menu n’est pas un exercice aussi simple qu’il y paraît. Le Monarque côté brasserie va afficher ses entrées entre 12 et 18 $, avec des plats entre 18 et 22 $. « En ajoutant le côté brasserie, on démocratise le lieu, dit Richard Bastien. Tu peux t’asseoir au bar et prendre une ou deux entrées. Les tables ne sont pas nappées. Ça vient oxygéner notre concept. » 

Pour aller souper côté restaurant, il faudra débourser autour de 75 $ par personne, avant la boisson. « Il est hors de question qu’on fasse des prix qui ne soient pas conformes à la réalité, lance Richard Bastien. Ça ne sera pas un restaurant pas cher. Ça ne serait pas possible. » 

L’inventaire nourriture et alcool sera rigoureusement monitoré tous les mois ; Jérémie Bastien conçoit son menu afin qu’il n’y ait aucune perte. 

« À un moment donné, peut-être que ton poisson, tu dois le vendre 36 $. Tu ne peux plus le vendre 32 $. Ou tu le changes. Mais c’est comme ça, sinon tu mets en péril tes employés », dit Richard Bastien, qui ne cuisinera pas au Monarque, mais promet d’y être souvent. 

Cuisine 

Et que mangera-t-on au Monarque ? 

« C’est ancré sur une cuisine française que l’on décrit comme étant gourmande et inspirée, répond Jérémie Bastien. C’est un menu très saisonnier, en évolution, fait avec des produits locaux bien choisis, réfléchis et écoresponsables. On se tient loin du saumon d’élevage. » Des tartares, steak frites avec différentes coupes, des fromages québécois cuisinés seront offerts en brasserie. Pour la salle à manger, le menu a été pensé sur quatre services : entrées froides, entrées chaudes, plats et desserts, en formule à la carte.

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