À BIEN Y PENSER

Payons

Vivez selon vos moyens et commencez par payer vos dettes. Moi, je profiterai du budget présenté mardi. Après avoir fini de payer ma maison et les études de mes deux filles, je mettrai un peu d’argent de côté, tout en continuant à payer les études de vos enfants et les frais de garderie de personnes qui gagnent en un an ce que je gagnais en trois ans.

— Alain Giguère, Gatineau

Opinion

Santé à la soviétique

Lorsqu’un modèle ne fonctionne pas, faut-il le perpétuer obstinément ?

Il y a quelques années, pendant que nous étions en vacances à Puerto Plata en République dominicaine, ma conjointe a éprouvé des difficultés respiratoires. À la deuxième visite chez le médecin de l’hôtel, le diagnostic est tombé : broncho-pneumonie.

Le médecin nous a alors indiqué qu’un taxi nous attendrait à la porte dans dix minutes ; celui-ci nous conduirait dans un hôpital de Puerto Plata où une infirmière et un spécialiste nous attendraient. Ce fut effectivement le cas. Deux heures et demie plus tard, nous étions de retour à notre hôtel. Ma conjointe avait été examinée, une radiographie des poumons avait été prise, les médicaments prescrits, achetés, etc. Nos vacances se sont bien terminées. Coût total de l’opération pour ce service cinq étoiles : 254 $US remboursés en grande partie par nos assurances.

J’ose à peine me demander ce que nous aurions vécu dans la situation inverse, c’est-à-dire si un Dominicain en visite au Québec tombait malade. Pourtant, nous sommes en principe le pays développé !

Manifestement, depuis plusieurs décennies, notre système public de santé se révèle incapable de livrer les services attendus. Les statistiques démontrent que, loin de s’améliorer, la situation empire. Et le problème perdurera, car la demande ira croissante à cause du vieillissement de la population et des sources de revenus qui diminueront.

UNE APPROCHE VICIÉE

J’ai été pendant plus de 30 ans gestionnaire en éducation et, en principe, je suis favorable au système public. Mais lorsqu’un modèle ne fonctionne pas, faut-il le perpétuer obstinément ? En éducation, il n’y a pas de file aux portes. Une des raisons est que lorsqu’un étudiant est admis, il génère une certaine somme d’argent qui permet de payer son professeur et les autres frais. Il est dans l’intérêt des institutions d’être « accueillantes ».

En santé, sauf pour quelques chirurgies financées selon le volume, chaque institution reçoit un budget fermé en début d’année. Quoiqu’il arrive, celle-ci doit vivre avec et éviter tout déficit. Donc, financièrement, moins une institution traite de clients, mieux elle se porte… Le premier critère dans l’organisation n’est pas le besoin du patient, c’est de fonctionner à l’intérieur du budget alloué par Québec. Ça explique en partie ces heures d’attente aux urgences, des files à moins vingt degrés, tôt le matin, aux portes d’un CLSC, etc. Zéro approche client ! 

En de tels endroits, on a l’impression de se présenter à une soupe populaire et de demander la charité. Pourtant, nous avons déjà payé pour le service dont nous avons besoin.

Si nous avions encore notre argent en main, sûrement que nous serions mieux accueillis ! C’est ce qui fait toute la différence avec le privé.

Autre preuve que le patient n’est pas au cœur du système, le dossier des bains en CHSLD : le milieu politique s’est surtout ému du travail au noir et des conflits d’intérêts possibles. Ils ont peu parlé du fait que lorsque tu es grabataire, un deuxième bain par semaine, financé par le patient, n’est peut-être pas inacceptable. Notre régime à la soviétique ne permet pas cela.

Faute d’obtenir les services dont ils ont besoin dans un délai raisonnable, de plus en plus de gens se tourneront vers le privé et se résigneront à payer en double.

Mourir dans la dignité, c’est bien. Vivre dignement, c’est encore mieux !

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