André Arthur blâmé deux fois pour incitation à la violence
QUÉBEC — André Arthur n’a plus de micro depuis la fin janvier, mais ses propos continuent de faire réagir. L’ancien animateur vient d’être blâmé coup sur coup par deux organismes pour une déclaration dans laquelle il invitait ses auditeurs à frapper des cyclistes.
Le Conseil de presse du Québec et le Conseil canadien des normes de la radiotélévision viennent chacun de rendre une décision très critique quant aux propos du 27 mars 2017.
Ce jour-là, sur les ondes de la station BLVD de Québec, M. Arthur s’en prenait au vélo d’hiver en ces termes : « Aujourd’hui, quelqu’un en bicycle là, frappez-le, soulagez-le, faites quelque chose », avait dit M. Arthur au micro.
Pour le Conseil de presse du Québec, ces propos incitent à la haine et à la violence. « Encourager les automobilistes à frapper des cyclistes peut mettre des vies en danger. Il s’agit d’un manque flagrant aux principes de déontologie journalistique », explique le Conseil dans sa décision datée du 19 janvier mais rendue publique hier.
« Bien que le Conseil reconnaisse une grande latitude aux journalistes d’opinion, il considère que dans le cas présent, M. Arthur a largement outrepassé les limites permises à ce genre. »
— Extrait de la décision des commissaires
Au lendemain de sa sortie qui avait soulevé un tollé, André Arthur s’était excusé, prétextant une « crampe au cerveau ». Pour le Conseil de presse, « ces excuses n’étaient pas proportionnelles à la gravité des propos tenus ».
Le Conseil avait reçu quatre plaintes à la suite des déclarations de M. Arthur. L’une des plaignantes est une élue de Projet Montréal dans l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal.
« Comme citoyenne, comme personne qui fait du vélo d’hiver, mais aussi dans mon rôle d’élue qui fait la promotion du vélo quatre saisons, je n’ai pas voulu laisser passer ça, explique Marianne Giguère, conseillère municipale du district De Lorimier. J’ai fait une plainte en bonne et due forme pour qu’on en parle, pour que ce soit su partout que ce genre de propos n’est pas acceptable. »
Selon les règles du Conseil de presse, la station BLVD a 30 jours pour rapporter la décision en ondes. La Presse a écrit à Jean-François Leclerc, copropriétaire de la station, pour lui demander s’il s’engageait à le faire. Nous n’avions pas reçu de réponse hier au moment de publier.
Pour les mêmes propos, André Arthur a aussi été blâmé cette semaine par le Conseil canadien des normes de la radiotélévision (CCNR). L’organisme fédéral a reçu 1112 plaintes à la suite des propos de l’ancien animateur contre les cyclistes.
Selon la décision, M. Arthur a enfreint le code de déontologie de l’Association canadienne des radiodiffuseurs. Ce code interdit les propos marqués « de violence gratuite […] ou de contenu qui endosse, encourage ou glorifie la violence ».
« Je suis contente qu’il ait été blâmé parce que c’était odieux comme propos. Ç’avait vraiment soulevé un tollé. Ses excuses le lendemain, je ne les avais pas trouvées très, très sincères. »
— Suzanne Lareau, PDG de Vélo Québec
Le 28 juillet, BLVD répondait par lettre aux 1112 plaignants, comme le prévoit le processus du CCNR. « Cet incident malheureux nous a rappelé notre rôle et notre impact dans la communauté et [a] raffermi notre désir d’offrir une radio de qualité. Nous avons saisi l’occasion pour sensibiliser les animateurs de la station à l’importance de faire preuve de prudence et de modération dans leurs propos », écrivait BLVD.
La « prudence et la modération » ont paru manquer à André Arthur le 24 janvier dernier. Ce jour-là, parlant de la rue Saint-Jean, qui se trouve « au cœur du quartier gai » de Québec, il la rebaptisait « boulevard sida ».
BLVD l’a congédié cinq jours plus tard. L’homme n’a pas retrouvé de micro pour l’instant.