Opinion Sylvain Charlebois

La pizza à l’épreuve du temps

Polyvalente et à l’épreuve du temps, la formule de la pizza s’adapte autant aux ingrédients d’une région qu’à une demande de plus en plus exigeante. Avec le nouveau guide alimentaire que Santé Canada dévoilera en novembre, la pizza continuera d’occuper une place de choix dans nos vies. D’autres mets n’auront pas ce privilège.

La pizza est sans conteste la reine des repas et elle gagne toujours en popularité. Selon le média spécialisé RestoBiz, plus de 40 % des Canadiens consomment au moins une pizza par semaine, comparativement à 26 % il y a seulement deux ans. La popularité de la pizza fait de ce mets napolitain un incontournable. 

Toujours perçue comme une solution de dernière minute qui plaît à peu près à tout le monde, la pizza devient de plus en plus chère. Malgré cela, contrairement au hamburger qui subit les foudres des consommateurs qui boudent la protéine animale, la pizza restera parmi nous pour encore bien longtemps. 

L’art de créer une pizza napolitaine remonte à il y a plus de 600 ans, et est même inscrit au registre du patrimoine mondial de l’UNESCO. Elle est consommée partout dans le monde, aussi bien à la maison, au resto que sur le pouce. 

Il semblerait que les Norvégiens sont les plus grands amateurs de pizzas, avec une consommation annuelle de 14 kg par personne, selon ce que rapportent certains sites. Les Américains arrivent en deuxième place. L’Italie, le bastion du plat, se retrouve derrière la France, qui se classe en troisième position. L’Allemagne termine ce peloton de tête. Des résultats surprenants ! Mais le montant dépensé par personne pour de la pizza brosse un portrait fort différent. 

Selon Morgan Stanley, sans être les plus grands consommateurs de pizza, les Canadiens dépensent en moyenne près de 160 $ par année pour en déguster. Le prix de la pizza livrée a d’ailleurs augmenté d’environ 25 % depuis cinq ans. Seuls les Américains dépensent davantage.

Les Canadiens dépensent plus que les Italiens, les Français et les Allemands. Ceci veut donc dire que nous payons cher pour notre pizza, très cher. 

Notre système de la gestion de l’offre maintient le prix du fromage élevé, ce qui constitue un facteur déterminant pour le prix des pizzas d’ici. Mais tout n’est pas plus coûteux. Pendant que le prix des pizzas en restauration augmente, le prix des pizzas surgelées stagne, ainsi que la demande. Le secteur de la restauration profite certes de la popularité du plat. Lorsque l’on décortique la demande canadienne de pizzas, notre marché s’avère intéressant. Le Canada – inventeur de la pizza hawaïenne, soit dit en passant – forme un marché particulier. L’Ouest canadien consomme plus de pizzas que l’Est, pour une raison ou une autre. 

Sans surprise, la consommation de pizzas diminue avec l’âge puisque les étudiants sont de véritables adeptes de la pizza et font grimper les statistiques. Le génie de la pizza réside dans les mille et une possibilités de l’adapter, et ce, de brillante façon. On peut y ajouter toutes sortes d’ingrédients, selon les goûts, les saisons, les cultures et, surtout, selon la disponibilité des ingrédients. 

Une pizza se façonne selon ce qu’une région est en mesure de produire. La conception d’une pizza peut prendre la forme que l’on veut, autant pour un repas santé ou au dessert. Ce concept n’a pas de limites. Certains pays ont leurs ingrédients favoris : le Costa Rica, par exemple, aime bien ajouter de la noix de coco, au Brésil, on opte pour les pois, tandis qu’en Chine, l’anguille vole la vedette. 

La liste des ingrédients choisis continue d’étonner puisque les consommateurs profitent des possibilités infinies de la composition d’une pizza. Poisson cru, macaroni, patate, chocolat, crocodile, kangourou, émeu, cornichon, chou, et, pourquoi pas, pieuvre. La créativité permet de satisfaire un marché de plus en plus exigeant.

Les consommateurs réclament des produits novateurs qui défoncent les limites de l’imaginaire. 

La pizza continuera toujours de jouer un rôle important sur le menu en restauration. Peu importe ce qui arrive avec le guide alimentaire qui sortira cet automne, la pizza est bien en selle, n’ayez crainte. Et si vous voulez acheter canadien en raison des tensions canado-américaines, faites-vous plaisir en dégustant une pizza hawaïenne !

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