Personnalité de la semaine

Odette Roy

Infirmière depuis 35 ans, chercheuse et fondatrice du Centre d’excellence en soins infirmiers de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, Odette Roy a reçu cette semaine l’Insigne du mérite 2015 de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ). Elle est notre personnalité de la semaine.

L’Insigne du mérite est la plus haute distinction décernée par l’OIIQ afin de souligner la carrière remarquable de l’un de ses membres. Quand on regarde le parcours exceptionnel d’Odette Roy, on comprend vite pourquoi elle l’a reçu. Toute sa vie, elle a mené de front sa carrière et des études pour mieux comprendre et améliorer l’exercice de sa profession, et ses réalisations sont importantes.

Originaire de Sainte-Flavie, dans le Bas-Saint-Laurent, Mme Roy a grandi au sein d’une famille de neuf enfants.

« Dans une famille nombreuse, on intègre vite des valeurs d’entraide et de partage, dit-elle. Mes parents étaient très soucieux de nous apporter le meilleur. Très jeunes, nous avons été encouragés dans nos études et poussés à apporter une contribution comme citoyens. Dès l’enfance, je voulais devenir infirmière. »

Tout en continuant à travailler à temps plein comme infirmière dans différents hôpitaux, elle a poursuivi ses études après avoir obtenu son DEC en soins infirmiers au cégep de Rimouski en 1978. Cela lui a permis d’acquérir toute une collection de diplômes : baccalauréat et maîtrise en sciences infirmières de l’Université de Montréal, maîtrise en administration de la santé publique à l’ENAP et doctorat en sciences de l’éducation à l’Université de Montréal, où elle demeure professeure associée.

« J’ai toujours eu la volonté de faire avancer la pratique. Dès la fin de mes études, j’étais animée par le souci du soin de qualité, avec la conviction qu’une infirmière fait une différence au sein d’une équipe. »

— Odette Roy

« J’ai continué mes études en étant toujours motivée par la volonté de mieux comprendre mon domaine, poursuit-elle. Mais, par choix, j’ai toujours continué ma pratique, car c’est important, pour moi, d’être sur le terrain et de demeurer proche de la clientèle. Même avec un doctorat en poche. »

RÉDUCTION DE LA CONTENTION ET DE L’ISOLEMENT

Elle s’est spécialisée dans les soins aux personnes âgées. En 2005, elle participait à un projet qu’elle considère comme l’une de ses plus grandes réalisations et qui a entraîné des changements majeurs dans les soins infirmiers au Québec.

« J’ai présidé les travaux d’un grand chantier sur l’élaboration du programme de réduction de la contention et de l’isolement, mis en branle par le gouvernement. Il s’agissait de réduire le recours à la contention physique pour les patients présentant, par exemple, des risques de chute. Ça ne touche pas seulement les personnes âgées, mais toutes les clientèles. C’est bien documenté par la recherche : la contention physique doit être une mesure d’exception, utilisée uniquement dans des cas de grand danger et sur de courtes périodes. Mais ce n’était pas la pratique en 2005. On considérait alors que la contention était souvent le meilleur moyen d’éviter une chute. On attachait une personne pour l’empêcher de se blesser. Mais cette personne perdait de ses capacités, et sa dignité. »

Résultat de ce programme, qu’elle a contribué à créer et à diffuser à travers tous les établissements de santé : pour la seule région de Québec, le recours à la contention des personnes âgées était de 30 % en 2005. Il est passé à 5 % en 2015.

Son autre bébé, c’est le Centre d’excellence en soins infirmiers de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, qu’elle a fondé en 2003. L’organisme se voue au soutien du développement des connaissances des infirmières ainsi qu’au transfert des connaissances scientifiques et à la promotion des meilleures pratiques cliniques. On y mène notamment des activités de recherche sur le terrain et des conférences scientifiques.

« Nous avons voulu créer un carrefour du savoir où la remise en question des pratiques est favorisée, en confrontant ces pratiques à la recherche scientifique pour favoriser des changements. Les infirmières examinent leur pratique et se demandent comment elles pourraient l’améliorer. Elles deviennent des leaders pour faire avancer les soins. »

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