Nouveauté

Un fromage pour dessert !

3,19 $

pour 2 pots de 120 g

Riviera lance deux petits pots de fromage frais pour déguster un dessert sans trop de culpabilité. L’un est garni de caramel, l’autre, de chocolat noir. Le fromage blanc, qui s’apparente à du yogourt grec, est quant à lui légèrement vanillé. Les produits Riviera sont fabriqués par la laiterie indépendante Chalifoux, à Sorel-Tracy. 

— Émilie Bilodeau, La Presse

L'avis du nutritionniste

Des aliments,

pas des nutriments

Depuis un moment déjà, pour préparer le terrain aux nouveaux épisodes qui seront diffusés le mois prochain, je suis en période de blitz pour terminer une des séries cultes de mon adolescence, Gilmore Girls.

Alerte au divulgâcheur ! Dans un des épisodes de la dernière saison, Richard, le grand-père de Rory, un des personnages principaux, subit une crise cardiaque. L’épisode, qui se déroule à l’hôpital, dépeint la réaction de chacun des membres de la famille. Dès les premières minutes, sa femme Emily, la grand-mère du clan Gilmore, déclare avoir lu un article sur les bienfaits du poisson. Ils sont riches en oméga-3, des gras bons pour la santé du cœur. Elle se sent coupable de ne pas avoir fait manger plus de poisson à son mari et parle des oméga-3 à maintes reprises. Considérant désormais ces bons gras comme la solution aux problèmes de santé de son conjoint, elle commande assez de poisson pour remplir ses nombreux congélateurs en prévision de son retour à la maison.

Richard et Emily, les grands-parents, sont des épicuriens. C’est le plaisir procuré par les aliments qui les motive principalement à manger, et ce, depuis le tout début de la série. Cet intérêt quasi obsessionnel pour les oméga-3 ne cadre pas avec le personnage. Il pourrait être perçu comme une simple façon d’obtenir un sentiment de contrôle lors d’une situation incontrôlable, mais cet épisode diffusé il y a près de 10 ans illustre bien le changement de paradigme nutritionnel auquel nous avons fait face au tournant des années 2000.

C’est ce que Gyorgy Scrinis, qui enseigne la politique alimentaire à l’Université de Melbourne, appelle le « nutritionnisme ». C’est cette propension que nous avons à parler des aliments comme n’étant rien de plus que les nutriments qu’ils contiennent.

Le nutritionnisme n’est pas un phénomène nouveau. Dès le milieu du XIXe siècle, des scientifiques s’attaquaient à découvrir et à quantifier les nutriments présents dans les aliments. Cent ans plus tard, dans les années 60, le chercheur Ancel Keys mettait en garde contre les « mauvais » gras saturés. C’était l’époque des « bons » et des « mauvais » nutriments. Dans les années 2000, toutefois, comme consommateurs, nous nous sommes mis à avoir accès à des nutriments qui pourraient non seulement prévenir les maladies, mais qui pourraient même améliorer la santé. Un courant de pensée qui fait croire que plus on consomme de ces bonnes choses, mieux on se portera.

On ne mange pas des bleuets, on mange des anthocyanes pour prévenir le cancer. On ne boit pas un bon bordeaux, on boit du resvératrol. On ne mange pas du yogourt, on colonise sa flore bactérienne de probiotiques. On ne mange pas du poisson, on mange des oméga-3 pour prévenir les crises cardiaques…

Comme Emily, nous tentons de contrôler l’incontrôlable.

***

Le nutritionnisme s’est tellement infiltré dans toutes les sphères de nos vies que les gens en viennent à croire que nous en savons suffisamment pour sauter l’étape des aliments et qu’il est possible de se nourrir de nutriments. C’est ce paradigme qui a donné naissance au Soylent de l’Américain Rob Rhinehart, un substitut de repas qui permet d’éliminer les aliments de sa vie.

Pour lui, l’important réside dans les nutriments. Que les protéines proviennent de soya, que l’huile soit extraite d’algues ou de canola et que les glucides viennent du maïs ou du blé, ce n’est pas grave. C’est équivalent à une alimentation constituée d’aliments variés.

Or, nous en savons si peu sur la nutrition, mais je peux vous garantir une chose : les aliments sont bien plus que la somme de leurs nutriments.

Et alors que les antioxydants, les oméga-3 et le calcium font les manchettes, il existe des centaines, voire des milliers de molécules dans chacun des aliments que vous mangez. Quelles sont-elles ? Quels rôles jouent-elles sur notre corps ? Interagissent-elles entre elles ? Autant de questions auxquelles nous ne connaissons pas les réponses.

La dernière vitamine a été découverte en 1948. À l’époque, l’Université Oxford a fermé le département de nutrition puisqu’on croyait qu’il ne restait plus rien à découvrir dans ce domaine. Encore aujourd’hui, on agit comme si on savait tout. Mais que seront les « vitamines » du XXIe siècle ? Impossible de le prévoir.

En attendant, la solution pour bien manger est devant nous, mais elle est masquée par des mots comme « vitamine D », « probiotiques » et « polyphénols ».

On doit manger des aliments, pas des nutriments. Et les aliments ne se trouvent pas sous forme de poudres, de pilules ou de liquides concentrés. Ils ont été vivants. Ils ont poussé dans des champs ou ont été élevés dans des fermes. Ils existaient il y a plus de 100 ans. Ils peuvent pourrir.

Si on recommençait à manger ces vrais aliments pour le plaisir qu’ils procurent et non pour leurs potentiels bienfaits, on n’aurait même plus à prononcer le mot « antioxydant ». Et on s’en porterait probablement mieux ainsi.

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