VÊTEMENTS DE MATERNITÉ

La petite histoire de Kokoala

Nous rencontrons la fondatrice de Kokoala, Jocelyne Bastien, dans son atelier du Mile End. C’est là qu’elle fabrique ses extensions de manteau, qui servent autant pour la grossesse que pour porter un bébé. À l’aube de sa quatrième saison, la réputation de l’entreprise n’est plus à faire dans le petit monde de la maternité.

Un conte de fées ? En apparence, peut-être ; mais en réalité, la vie n’a pas toujours été aussi facile pour Jocelyne Bastien. En 2010, elle s’est retrouvée dans une situation précaire : avec un bébé de tout juste 7 mois, elle est devenue mère seule. On était en plein mois de décembre et elle devait trimballer son enfant partout. Avec les moyens du bord, la jeune maman a conçu un panneau pour élargir son manteau, ce qui lui a permis de porter son bébé contre elle tout en le maintenant au chaud. Elle ne le savait pas encore, mais l’histoire de Kokoala venait de commencer.

« Depuis quelques années, j’avais envie de créer une entreprise, mais je ne savais pas quoi », explique Jocelyne Bastien. C’est alors que quelqu’un lui a suggéré d’aller plus loin avec son « panneau improvisé », puisqu’il suscitait déjà beaucoup d’intérêt. N’ayant pas vraiment de perspectives d’emploi après son congé de maternité, elle s’est dit qu’elle n’avait rien à perdre.

Elle s’est donc retroussé les manches et a obtenu une bourse du SAJE, l’organisme qui aide les nouveaux entrepreneurs à se lancer en affaires. Pendant un an, elle a suivi des cours pour monter son entreprise, tout en recevant un soutien financier.

« Il s’agissait d’un salaire de base, mais c’était suffisant pour me consacrer à mon projet à temps plein. »

— Jocelyne Bastien, fondatrice de Kokoala

POUR TOUS LES MANTEAUX

Pendant cette année-là, l’entrepreneure en herbe a fait beaucoup de recherches, car un casse-tête semblait insoluble : trouver des fermetures éclair compatibles avec tous les manteaux. « J’avais mon petit laboratoire à la maison et je faisais des tests, dit-elle. Je me promenais dans les magasins et j’étudiais toutes les fermetures éclair. J’avais un délai d’environ 15 minutes avant qu’on me regarde bizarrement ! »

« J’ai rencontré des spécialistes dans le domaine qui m’ont dit : oublie ça, c’est impossible, reprend-elle. Mais je voulais essayer quand même. » 

Son obstination a été récompensée, car malgré le pronostic des experts, elle a trouvé une solution. Les fermetures éclair sont amovibles, et un questionnaire sur le site internet permet de déterminer facilement celle qui convient à notre manteau. « On peut donc choisir la fermeture éclair qu’on veut et venir la poser à l’aide d’un velcro sur l’extension », explique Jocelyne Bastien.

Ajustable en longueur pour s’adapter à chaque manteau, l’extension se porte pendant la grossesse, mais aussi après ; une fois que le bébé est là, on la met de l’autre côté, tout simplement.

Le résultat est un produit passe-partout que tout le monde peut utiliser : la maman, mais aussi le papa et même les grands-parents.

UNE ENTREPRENEURE PRUDENTE

Kokoala a été officiellement lancé au salon Maternité Paternité Enfants en mars 2012. La petite entreprise a alors vécu une véritable explosion : de la première à la deuxième année, la production a quadruplé ; depuis, elle double chaque année.

Dès la première saison, Jocelyne Bastien a dû se résoudre à engager des employés, qui travaillaient chez elle. « Passer de travailleur autonome à employeur, c’est quelque chose. J’étais toute seule avec mon bébé, aussi, qui n’était pas très vieux ! »

Mais même si les choses vont rondement pour Kokoala, Jocelyne Bastien se fait un point d’honneur de ne pas brûler d’étapes.

« Au début, surtout à cause de ma situation, j’étais une entrepreneure très prudente, je mesurais chaque risque. Parce que c’était mon bébé et moi. »

— Jocelyne Bastien

Étant seule avec son enfant, elle a réussi à mettre sur pied Kokoala en travaillant… pendant les heures de garderie seulement. « Je m’en suis fait un défi personnel. Oui, c’est possible de bâtir une entreprise en travaillant 40 heures par semaine. Mais on s’entend, ça m’est déjà arrivé de faire de la comptabilité jusqu’à 3 h du matin ! »

Bien loin semble le jour où Jocelyne a commencé, seule dans son salon, à faire des tests de fermetures éclair. Aujourd’hui, son fils Maël a 5 ans, et son conjoint, aussi papa d’une petite fille, est impliqué dans l’entreprise. Avec Kokoala, elle a donc fondé une famille, dans tous les sens du terme.

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